Abordons dans ce nouvel
article, l'excellent L'Homme à l'Imperméable
du cinéaste français Julien Duvivier qui outre sa spécialisation
dans le domaine du thriller et du policier entre les années 30 et
60, rendit populaire le duo incarné par l'acteur et son alter ego
italien Gino Cervi, célèbre Peppone dans la série des Don
Camillo.
Bien que Fernandel soit le principal interprète de L'Homme
à l'Imperméable,
il ne s'agit plus ici pour l'acteur français de donner dans le
burlesque mais davantage dans le drame avec ce récit tournant autour
du meurtre d'une comédienne aux mœurs légères rencontrée par
notre héros clarinettiste Albert Constantin qui, un soir
d'abattement, et sur les conseils de son proche ami Émile Blondeau,
choisit d'aller faire connaissance avec Eva. La jeune femme ayant
pour habitude de boucler ses fins de mois en se prostituant accueille
avec plaisir Albert dans son appartement. Mais alors qu'elle lui
demande de bien vouloir patienter tandis qu'elle se met à l'aise, la
jeune femme est poignardée dans le dos. Face à cet imprévu, Émile
panique, croisé dans l'escalier par un certain Monsieur Raphaël,
l'un des habitants de l'immeuble. Innocent, tout semble pourtant
accuser le clarinettiste. Le pantalon tâché de sang de la victime,
son étrange comportement laisse penser son ami Albert qu'il pourrait
être l'assassin. De plus, Eva ayant assisté aux répétitions d'une
pièce musicale à laquelle participe Émile, la police enquête sur
les lieux, au théâtre du Châtelet. Pire : Monsieur Raphaël
se révèle être un véritable maître-chanteur qui va tout mettre
en œuvre pour soutirer de l'argent au pauvre Émile qui tentera de
tout faire pour éviter que les soupçons pèsent sur lui...
Julien
Duvivier réalise avec L'Homme à l'Imperméable,
un excellent thriller mâtiné d'une pointe d'humour non négligeable
rendant son œuvre un peu moins noire qu'à l'accoutumée. Le
scénario qu'il écrivit en compagnie du journaliste et écrivain
René Barjavel (La
Nuit des Temps,
Une Rose au
Paradis,
etc...) sur la base du roman Tyger
by the Tail de
l'anglais James Hadley Chase donne lieu à une succession d'imbroglio
mettant face à un sympathique clarinettiste dont l'épouse est
partie pour une semaine au chevet d'un oncle malade, un
maître-chanteur, un gigolo, l'assassin d'Eva (l'amante de Maurice
Langlois, le gigolo en question), des tueurs professionnels, ainsi,
bien évidemment, que la police enquêtant sur le meurtre de la jeune
prostituée incarnée à l'écran par Judith Magre.
Monsieur
Raphaël, c'est l'excellent Bernard Blier qui campe ainsi le
maître-chanteur. Un salaud de service étonnamment crapuleux qui se
jouera de l'innocente implication du musicien et de plusieurs autres
personnages pour tenter de leur soutirer à tous, un maximum
d'argent. Affublé d'une barbe mal taillée, d'une robe de chambre
trop serrée ou d'un imperméable trop grand pour lui, l'acteur se
fond merveilleusement bien dans ce rôle de parasite, engluant un
Fernandel contraint de faire profil bas et d'accepter le chantage du
bonhomme s'il ne veut pas terminer ses jours en prison pour un
meurtre dont il demeure innocent. Si les événements se précipitent
durant la seconde moitié d'un long-métrage qui dure tout de même
plus d'une heure quarante-cinq, surtout lorsque sont impliqués
l'américain O'Brien (l'acteur John McGiver) et ses hommes de main,
on pourra ou pas, préférer la première partie durant laquelle le
personnage interprété par Fernandel se démène afin d'éloigner
tout ce qui pourrait lui faire porter le chapeau, le long passage
durant lequel Émile tente de se débarrasser de son encombrant colis
demeurant fort sympathique.
Contrairement
aux propos d'un certain François Truffaut qui à l'époque de la
sortie de L'Homme à l'Imperméable
se révéla dédaigneux en affirmant que Fernandel était 'faux'
dans
tous les rôles qu'il interpréta depuis le film concerné ici,
l'acteur y dévoile au contraire toutes les facettes de son talent
puisque capable de jouer dans un registre radicalement différent de
celui auquel il nous avait habitué. On peut alors se demander quelle
mouche a piqué le cinéaste et critique François Truffaut en ce
jour du 13 mars 1957 où il écrivit de telles horreurs à l'encontre
de l'un de nos plus sympathiques acteurs français. L'Homme
à l'Imperméable est
une très belle surprise. Un polar relativement moins sombre que les
autres longs-métrages de Julien Duvivier, un chantage à l'argent,
un jeu de massacre, doté d'excellents dialogues et d'une partition
musicale signée par le compositeur français Georges van Parys,
auteur de musiques de films et d'opérettes. A voir ou à revoir
absolument. Pour Fernandel, Bernard Blier, et pour l'intrigue
également...
Merci pour ce film que je vais découvrir !
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