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jeudi 5 juillet 2018

Cycle Fernandel: L'assassin est dans l'annuaire de Leo Joannon (1962)



A Rouen, Albert Rimoldi, petit employé timide et naïf de la banque Crédit Central est la proie des moqueries de ses collègues de travail. Un jour, alors que la secrétaire de direction le prévient que le directeur de l'établissement veut le voir dans son bureau, Albert apprend de la bouche de ce dernier qu'il mérite l'augmentation qui lui avait été promise un an auparavant et qu'il n'avait jamais réclamée. Célibataire sans enfants, celui que tout le monde estime être un imbécile reçoit pourtant un jour une lettre écrite par une jeune femme qui désire le rencontrer. De plus, son employeur estime qu'il a droit à une promotion. Le voici donc désormais convoyeur. Mais lors de sa toute première sortie en compagnie de son véritable ami et collègue, Bertrand, il reçoit un coup de téléphone dans lequel son interlocuteur lui apprend que Jenny, la jeune qu'il a rencontré quelques jours plus tôt, a eu un accident.

Après avoir longuement insisté auprès de Bertrand pour qu'il accepte de faire un détour par la rue où a eu lieu le drame et où il est attendu, Albert constate que Jenny n'y est pas. Pire ! Lorsqu'il retourne au véhicule, il assiste effaré au vol des deux-cents millions de francs qu'il avait la charge de convoyer. Très vite, la police soupçonne Albert de faire partie de la bande qui a volé l'argent. Seul un certain Levasseur semble croire au récit invraisemblable qu'Albert a raconté au juge d'instruction chargé de l'affaire...

L'assassin est dans l'annuaire est le vingt et unième long-métrage du cinéaste Leo Joannon. Le film est une adaptation du roman éponyme écrit par Charles Exbrayat, publié par la Librairie des Champs-Élysées pour la collection « Le Masque ». Fernandel y endosse le rôle d'un personnage un peu gauche mais fondamentalement honnête qui se retrouve dans une spirale meurtrière malgré lui. S'il est surtout connu pour avoir joué dans de nombreuses comédies, il a su faire preuve de ses qualités d'interprétation dans des œuvres parfois beaucoup plus sombres telles que L'Armoire Volante de Carlo Rim ou La Table aux crevés de Henri Verneuil.

Si L'assassin est dans l'annuaire n'est ni tout à fait une comédie ni totalement un policier, l'intrigue mélange un peu ces deux genres pour un résultat fort appréciable. Fernandel est au cœur d'une machination particulièrement élaborée. Autour de lui, d'excellents acteurs tels que Marie Déa dans le rôle d’Édith Levasseur, Édith Scob dans celui de Jenny, Georges Chamarat en directeur de banque, Maurice Teynac en assureur, ou encore Robert Dalban en commissaire de police. Si Albert, le commissaire ou encore le juge demeurent interdits devant cette affaire qu'ils n'arrivent pas à résoudre, le spectateur lui-même est trompé par un scénario ingénieux qui nous trompe sur les apparences.

Contrairement à ce que certains prétendent, L'assassin est dans l'annuaire n'étant pas une pure comédie, il ne faut surtout pas s'attendre à y rire aux éclats. Bien au contraire, le sort s'acharnant sur le pauvre Albert le rend touchant et parfois même émouvant. Belle interprétation générale pour un film qui vaut vraiment le détour. Vieux de cinquante-quatre ans déjà, le film de Leo Joannon n'a pas pris la moindre ride...

vendredi 11 mai 2018

L'Homme à l'Imperméable de Julien Duvivier (1956) - ★★★★★★★☆☆☆



Abordons dans ce nouvel article, l'excellent L'Homme à l'Imperméable du cinéaste français Julien Duvivier qui outre sa spécialisation dans le domaine du thriller et du policier entre les années 30 et 60, rendit populaire le duo incarné par l'acteur et son alter ego italien Gino Cervi, célèbre Peppone dans la série des Don Camillo. Bien que Fernandel soit le principal interprète de L'Homme à l'Imperméable, il ne s'agit plus ici pour l'acteur français de donner dans le burlesque mais davantage dans le drame avec ce récit tournant autour du meurtre d'une comédienne aux mœurs légères rencontrée par notre héros clarinettiste Albert Constantin qui, un soir d'abattement, et sur les conseils de son proche ami Émile Blondeau, choisit d'aller faire connaissance avec Eva. La jeune femme ayant pour habitude de boucler ses fins de mois en se prostituant accueille avec plaisir Albert dans son appartement. Mais alors qu'elle lui demande de bien vouloir patienter tandis qu'elle se met à l'aise, la jeune femme est poignardée dans le dos. Face à cet imprévu, Émile panique, croisé dans l'escalier par un certain Monsieur Raphaël, l'un des habitants de l'immeuble. Innocent, tout semble pourtant accuser le clarinettiste. Le pantalon tâché de sang de la victime, son étrange comportement laisse penser son ami Albert qu'il pourrait être l'assassin. De plus, Eva ayant assisté aux répétitions d'une pièce musicale à laquelle participe Émile, la police enquête sur les lieux, au théâtre du Châtelet. Pire : Monsieur Raphaël se révèle être un véritable maître-chanteur qui va tout mettre en œuvre pour soutirer de l'argent au pauvre Émile qui tentera de tout faire pour éviter que les soupçons pèsent sur lui...

Julien Duvivier réalise avec L'Homme à l'Imperméable, un excellent thriller mâtiné d'une pointe d'humour non négligeable rendant son œuvre un peu moins noire qu'à l'accoutumée. Le scénario qu'il écrivit en compagnie du journaliste et écrivain René Barjavel (La Nuit des Temps, Une Rose au Paradis, etc...) sur la base du roman Tyger by the Tail de l'anglais James Hadley Chase donne lieu à une succession d'imbroglio mettant face à un sympathique clarinettiste dont l'épouse est partie pour une semaine au chevet d'un oncle malade, un maître-chanteur, un gigolo, l'assassin d'Eva (l'amante de Maurice Langlois, le gigolo en question), des tueurs professionnels, ainsi, bien évidemment, que la police enquêtant sur le meurtre de la jeune prostituée incarnée à l'écran par Judith Magre.

Monsieur Raphaël, c'est l'excellent Bernard Blier qui campe ainsi le maître-chanteur. Un salaud de service étonnamment crapuleux qui se jouera de l'innocente implication du musicien et de plusieurs autres personnages pour tenter de leur soutirer à tous, un maximum d'argent. Affublé d'une barbe mal taillée, d'une robe de chambre trop serrée ou d'un imperméable trop grand pour lui, l'acteur se fond merveilleusement bien dans ce rôle de parasite, engluant un Fernandel contraint de faire profil bas et d'accepter le chantage du bonhomme s'il ne veut pas terminer ses jours en prison pour un meurtre dont il demeure innocent. Si les événements se précipitent durant la seconde moitié d'un long-métrage qui dure tout de même plus d'une heure quarante-cinq, surtout lorsque sont impliqués l'américain O'Brien (l'acteur John McGiver) et ses hommes de main, on pourra ou pas, préférer la première partie durant laquelle le personnage interprété par Fernandel se démène afin d'éloigner tout ce qui pourrait lui faire porter le chapeau, le long passage durant lequel Émile tente de se débarrasser de son encombrant colis demeurant fort sympathique.

Contrairement aux propos d'un certain François Truffaut qui à l'époque de la sortie de L'Homme à l'Imperméable se révéla dédaigneux en affirmant que Fernandel était 'faux' dans tous les rôles qu'il interpréta depuis le film concerné ici, l'acteur y dévoile au contraire toutes les facettes de son talent puisque capable de jouer dans un registre radicalement différent de celui auquel il nous avait habitué. On peut alors se demander quelle mouche a piqué le cinéaste et critique François Truffaut en ce jour du 13 mars 1957 où il écrivit de telles horreurs à l'encontre de l'un de nos plus sympathiques acteurs français. L'Homme à l'Imperméable est une très belle surprise. Un polar relativement moins sombre que les autres longs-métrages de Julien Duvivier, un chantage à l'argent, un jeu de massacre, doté d'excellents dialogues et d'une partition musicale signée par le compositeur français Georges van Parys, auteur de musiques de films et d'opérettes. A voir ou à revoir absolument. Pour Fernandel, Bernard Blier, et pour l'intrigue également...

jeudi 13 juin 2013

Cycle Fernandel: L'Armoire Volante de Carlo Rim (1948)




C'est l'hiver et dehors, il fait moins de vingt degrés en dessous de zéro. Léa Lobligeois vit à Paris en compagnie de son neveu Alfred Puc, percepteur. Alors qu'elle s'apprête à partir pour Clermont-Ferrand avec deux déménageurs afin de récupérer de vieux meubles dont elle est la propriétaire, Alfred lui conseille de rester à cause du froid intense qu'il fait dehors. Ne voulant rien savoir, la vieille femme décide de partir dès le lendemain matin. Lorsqu'elle s'apprête à quitter l'appartement, elle tombe sur Alfred qui s'est assoupi alors qu'il a travaillé sur des documents toute une partie de la nuit. Le percepteur a beau insister, Léa part dans un camion de déménagement avec à ses cotés les deux déménageurs. Le voyage se déroule pour le mieux même si dans la cabine il fait terriblement froid. Léa ne cesse de tousser. Une fois arrivés à Clermont-Ferrand, les deux hommes chargent le camion et reprennent la route, toujours accompagnés de Léa.

Mais sur la route du retour, la vieille femme fait un arrêt cardiaque et meurt. Ne sachant que faire du corps, les déménageurs l'enferment dans l'armoire qu'ils ont embarquée. De retour à Paris, ils abandonnent un instant le camion au bas de l'immeuble où vit la vieille femme et son neveu et montent prévenir ce dernier du décès de Léa. Abasourdi, Alfred se précipité au rez de chaussée, accompagné des deux hommes, mais durant leur absence, le camion à été volé par une bande de voyous qui a profité de leur absence pour prendre la poudre d'escampette afin de revendre leur tribu à un receleur.

Dès lors, Alfred n'a plus qu'un but : Remettre la main sur l'armoire et sur Léa qui y est enfermée...

L'Armoire Volante est le premier long-métrage de Carlo Rim (réalisateur d'une dizaine de films seulement entre 1948 et 1976). Derrière ce titre un brin poétique se cache une œuvre qui détonne dans le cinéma de l'époque puisqu'elle touche à un aspect de la comédie que l'on n'a alors pas l'habitude de voir : l'humour noir.

En effet, le film mélange avec subtilité et onirisme, la comédie et la tragédie. Fernandel y est stupéfiant et très différent de celui que l'on a l'habitude de voir. Plus posé, moins exubérant, il joue la carte de la modestie avec un savoir-faire impressionnant. Le premier quart d'heure du film est par ailleurs tout à fait saisissant. Se posant comme un percepteur assez sinistre, vêtu de noir, le ton de la voix presque imperceptible, et frôlant les murs, il dégage alors une très forte impression de solitude. Pourtant, passé cette première mise en bouche, et même si le reste de l’œuvre parvient à maintenir un intérêt certain, une petite baisse de régime est à noter sur le reste du film. Ce qui pousse véritablement vouloir visualiser le film jusqu'à la fin est cette folie et cet onirisme qui parsèment L'Armoire Volante de bout en bout. On n'est jamais au bout de nos surprises malgré la redondance de certaines scènes.

Le film possède parfois une magie dans l'image qui le confine à la poésie et au rêve. Comme la superbe danse des déménageurs qui montent les étages menant jusqu'à l'appartement d'Alfred avec, chacun sur le dos, une armoire. Un ballet majestueux qui se clôt sur le dit appartement, envahit d'armoires à glace, le transformant ainsi en palais des glaces presque visuellement vertigineux.

Certaines scènes apparaissent logiques, quand d'autres se révèlent surréalistes. L'aura quelque peu fantastique que dégage le film gagnera fort heureusement en crédibilité lors de la conclusion. L'Armoire Volante est donc un excellent film qui lorgne du côté de l'humour anglais avec en plus, tout le savoir-faire de Fernandel...

vendredi 7 juin 2013

Cycle Fernandel: Le Chômeur De Clochermerle (1957)



Baptiste Lachaud est un oisif. Un contemplatif. Il n'exerce pas d'activités, passe son temps allongé sur les bancs ou dans les champs pendant que les hommes du village travaillent. Bref, c'est un fainéant. Un propre à rien, comme le surnomment certaines des habitantes de Clochemerle qui voient d'un mauvais œil le fait qu'il attire leur mari au "Cabaret", le bistrot du village. Parce qu'il se croie lésé, Baptiste se rend à la mairie afin d'obtenir une carte de chômeur. Lors d'une réunion avec ses administrés, le maire, Monsieur Piechut, décide d'accepter la demande de Baptiste malgré l'avis divergent de certains des hommes présents dans la salle. Et le voilà donc qui se pavane avec en main sa carte de chômeur. Désormais, Baptiste touche des indemnités. Un "salaire" qui n'est pas au goût de tout le monde, et surtout pas à celui des femmes du village qui acceptent mal l'idée de cotiser pour ce fainéant.

Mais le nouveau curé du village, Patard, s'est fait un ami de Baptiste. C'est l'un des rares personnages du village avec Zozotte, fille aux mœurs légères, à s'entendre avec le chômeur. Sur les conseils du prêtre, et après qu'il ait fait scandale lors de la fête du village au bras de Zozotte, Baptiste accepte de faire des efforts afin de s'attirer la sympathie des femmes de Clochemerle. C'est ainsi qu’inconsciemment, Baptiste leur rend de menus services. Il répare la gazinière de l'une. Porte le linge au lavoir d'une seconde et fait un peu de plomberie pour une troisième. Il va même jusqu'à aider le père Patard en réparant le micro de l'église. Malheureusement pour le pauvre homme, les troncs de la maison de Dieu sont pillés. Les femmes du village accusent Baptiste qui, justement, détient une somme d'argent importante...

Entre le cinéaste Jean Boyer et Fernandel, ce fut grande histoire d'amour. Ils tournèrent ensemble une dizaine d’œuvres (L'Acrobate, Les Vignes Du Seigneur, Relaxe-Toi Chérie, Coiffeur Pour Dames). Le Chômeur De Clochemerle fut leur sixième collaboration. Le film de Jean Boyer est une ode à la flânerie où pointe un intérêt certain pour l'anarchie et le "je-m'en-foutisme". Fernandel, trè à l'aise dans son rôle de sympathique parasite s'amuse à virevolter au beau milieu d'un parterre de villageoises mécontentes.

Au delà de la légèreté même du propos surnagent des implications politiques et religieuses sous-jacentes. L'autorité y est malmenée à travers le portrait du garde-champêtre Beausoleil. A croire que l'astre solaire est tombé sous le képi de cet homme jugé indirectement d'imbécile par un Baptiste braconnier qui supporte mal qu'on lui mette des bâtons dans les roues. Certains visages qui apparaissent au premier abord sympathiques (le sacristain Coiffenave et la très légère Zozotte) révèlent à la première contrariété une âme beaucoup plus sombre. La présomption d'innocence n'a pas droit de cité dans un petit village comme celui de Clochemerle pour un chômeur puisque Baptiste est jeté en prison sans ménagement. Le statut d'un homme est donc déjà à l'époque d'une importance fondamentale et dessine les contours de la réputation qu'en font ses concitoyens. La trahison est elle aussi au centre de cette histoire. Elle est liée à l'amour inassouvi d'un homme qui trahira celui en qui il croit pour l'amour d'une femme à la réputation sulfureuse.

Jean Boyer développe autant de thèmes qu'il en faut pour assurer le spectacle. Mais le show, c'est Fernandel qui l'assure avec tout le talent qu'on lui connaît. Le Chômeur De Clochemerle est aussi l'histoire d'une rédemption. Celle d'un homme que l'on aurait pu croire à jamais perdu, tellement engoncé dans sa flemmardise. Le film est donc une petite merveille. Un régal pour les yeux et les oreilles. Rafraichissant, vivifiant, Le Chômeur De Clochemerle est une excellente œuvre. Parmi les meilleurs interprétées par l'immense Fernandel...

samedi 1 juin 2013

Cycle Fernandel: Relaxe-Toi Chérie (1964)



François est un homme comblé. Heureux dans sa vie prie et dans sa vie professionnelle, il file le parfait amour avec Hélène, son épouse. Lorsque celle-ci fait la connaissance d'un psychanalyste, le professeur David Kouglow, elle commence à entrevoir certaines failles dans le comportement de François. Stimulée par le psychanalyste qui la pousse à tester son mari, elle s'aide de plusieurs de ses amies afin de découvrir ce que cache la fidélité et l'humeur toujours positive de François. Kouglow apprend que François a perdu son père très jeune dans un accident et persuade Hélène que son époux a peut-être quelque chose à voir dans ce décès.

Hélène rend visite à François au travail alors qu'il se trouve en pleines négociations avec un groupe hollandais. Un discussion embarrassante a lieu entre les époux et notamment Hélène qui croit se souvenir que la sœur de François était absente lors de leur mariage douze ans plus tôt. Parce qu'elle veut en savoir davantage sur les raisons de l'absence de sa belle-sœur, Hélène téléphone à celle-i et passe la communication à François, embarrassé par la présence des hollandais. Christiane, la sœur, confirme pourtant qu'elle était présente au mariage, détail dont se souviennent finalement Hélène et François. Convaincue que son mari adorait son père et que par conséquent il n'a rien à voir avec sa mort, Hélène retourne voir le professeur Kouglow qui, alors, parvient à mettre un autre nom sur le mal dont il affirme François être touché. Mais derrière son allure de spécialiste aimable, Kouglow cache en réalité un petit escroc ayant trouvé la poule au œufs d'or et dont l'intention et de plumer la naïve Hélène...

Relaxe-toi chérie est la toute dernière œuvre de Jean Boyer dont la filmographie compte plus d'une cinquantaine de films. Réalisé en 1964, Relaxe-toi chérie n'est clairement pas inoubliable et fait partie de ces œuvres qui ont assez mal vieillies. On notera malgré tout quelques moment assez drôles dues à des situations burlesques où les quiproquos s’enchaînent les unes derrière les autres. Fernandel est égal à lui-même et campe un homme heureux trompé par un psychanalyste véreux par l'entremise d'une épouse qui ne veut que le bonheur de son couple. Une Hélène (Sandra Milo) bien trop naïve pour se rendre compte qu'elle est tombée sur un très malicieux charlatan (Jean-Pierre Marielle) qui n'en veut qu'à son compte en banque.

L'un des principaux atouts du film est la présence d'un panel de personnages à l'humanité rare. Jamais de médisances ou de coups fourrés. Le sens du mot amitié possède ici une véritable saveur et ne cache jamais en contrepartie l'avarice ou la jalousie. Le personnage du psychanalyste lui-même revêt une apparence séduisante malgré l'image plutôt négative qu'il est censé renvoyer. Derrière l'apparente nonchalance de François se cache un homme qui sait où il va même lorsque une tierce personne vient mettre la zizanie dans le parfait équilibre de son couple. Quand à Hélène, si elle a tendance à énerver de part sa trop grande inconscience et les enjeux qui découlent de la confiance qu'elle fait à ce spécialiste qui reste malgré tout un étranger, elle reste cependant touchante.

Pourtant, malgré toute la positivité que dégage Relaxe-toi chérie, le film manque de nervosité et un bon nombre de répliques paraissent désormais éculées. Il faudra donc remettre cette œuvre dans le contexte de son époque pour vraiment jouir du contenu. Un bon petit film donc, mais qui au regard d'un bon nombre d’œuvres dans lesquelles l'on a pu profiter de la présence de Fernandel, reste tout de même en deçà.

dimanche 26 mai 2013

Cycle Fernandel: La Table Aux Crevés de Henri Verneuil (1951)



Dans le petit village de Cantagrel vivent deux clans. D'un côté, celui des républicains et de l'autre, celui des chrétiens. Le seul villageois à faire exception est Capucet, le garde-champêtre, qui passe le plus clair de son temps à boire et qui vote pour le vin qu'il a bu. Proche de Cantagrel, le petit port de Cessigney abrite une quinzaine de familles. Vivant de contrebande, elles restent fidèles à chacun de leurs membres. Quand un jour le conseiller municipal de Cantagrel, Urbain Coindet, retrouve sa femme Aurélie pendue dans la grange de leur propriété, tous les soupçons se tournent vers lui. Et tant qu'à l'accuser de meurtre, le contrebandier Frédéric, qui vient d'être arrêté par le brigadier Jantet, est assuré par son entourage que Urbain l'a de plus dénoncé pour trafic de tabac.

Frédéric est condamné à trois mois de prison ferme. Il aurait pu pardonner à celui qu'il croit être coupable de dénonciation. Malheureusement pour Urbain, celui-ci est amoureux de Jeanne, la sœur de Frédéric, que ce dernier a promis à Rambarde. Mais Jeanne elle aussi est amoureuse de Urbain. Et malgré les menaces proférées à l'égard du conseiller municipal par Frédéric dès sa sortie de prison, Jeanne et Urbain décident de s'installer ensemble. Et parce que vivre dans la région est devenue risquée pour le couple, ils choisissent de quitter Cantagrel. Mais alors qu'il croise la route de Jentet, Urbain apprend de la bouche même du brigadier que Frédéric à été involontairement dénoncé par Capucet trois mois plus tôt alors qu'il était ivre. C'est ainsi que le couple décide de retourner vivre à Cantagrel dans la ferme de Urbain, malgré les menaces qui pèsent sur lui...

La Table Aux Crevés est le premier long-métrage de Henri Verneuil, surtout connu pour avoir été l'un des grands réalisateurs français spécialisés dans le film policier. Jean-Paul Belmondo reste l'acteur auquel il a confié le plus grand nombre de rôles avec des titres aussi célèbres que Cent Mille Dollars Au Soleil ou encore le pseudo-giallo à la française Peur Sur La ville. Pour son premier long-métrage, il fait confiance à Fernandel et lui confie le rôle de Urbain Coindet. L'acteur comique fait preuve ici d'un talent étonnant dans un registre radicalement différent de celui auquel nous sommes habitués. Car en effet, La Table Aux Crevés est un drame et permet à l'acteur de donner libre court à un panel d'expressions tout à fait saisissant.

Son personnage, cynique, fait face à la population d'un village scindé en deux. On y découvre avec effroi les rancœurs enfouies depuis des lustres et qu'un événement va faire resurgir. L'amour est au centre de cette intrigue paysanne aux dialogues bluffants. Car bien au delà de l'excellente interprétation, ce sont bien ceux-ci qui marquent durablement les esprits. L'humour, très noir dont fait preuve le personnage de Fernandel parait presque anachronique et il faudra sans doute attendre le talent d'un cinéaste de la trempe de Bertrand Blier pour retrouver cette verve cinglante assénée ici par un Fernandel magistral. Il faut assister au désespoir d'Urbain, le regard rivé au dessous du corps suspendu à une corde de son épouse Aurélie, et l'entendre asséner un "J'aurai jamais cru que le piton de la suspension soit aussi solide" pour comprendre. Et des répliques telles que celle-ci, le film en compte quelque-unes aussi savoureuses. La Table Aux Crevés ne fait donc pas partie des œuvres les plus connues du cinéaste et de l'acteur mais il offre un vrai moment de détente, entre humour caustique, drame en milieu rural et histoire d'amour contrariée. Un bien beau film...

mardi 21 mai 2013

Cycle Fernandel: Le Mystère Saint-Val de René Le Hénaff (1945)



Désiré vient de remporter un concours de détective amateur. Il s'en vante auprès de son entourage et fait part de son indéfectible sens de l'observation et de son incroyable flair. Son seul défaut finalement, étant de ne pas supporter la vue d'un cadavre. Travaillant dans les assurances, et précisément contre le vol, il arrive au bureau avec trois quart d'heure de retard. Son patron, qui n'est autre que son oncle, Henri, ne sachant pas comment se débarrasser de son neveu du fait de sa parenté, apprend que Désiré a gagné au concours de détective amateur. C'est ainsi qu'il l'envoi résoudre un étrange mystère survenu dans l'immense demeure des Saint-Val dans laquelle le propriétaire des lieux a été retrouvé mort. Désiré accepte avec engouement et part donc enquêter.

Lorsque le jeune assureur arrive sur les lieux, l'ambiance est sinistre. Il est accueilli par les inquiétants Antoine, le maitre d'hôtel et Suzy, la gouvernante. Assise dans le salon, Madame de Saint-Val présente à Désiré les quelques amis qui sont venus la soutenir : la jeune actrice Suzy Delcourt, le Docteur Dartignac, Max Roberthal, un ami du défunt. Antoine et Rose montent les bagages de Désiré qui commence à investir la demeure afin de trouver pour quelle raison on aurait voulu assassiner Monsieur de Saint-Val.

Mais ce qui n'était encore qu'une vague supposition finit par devenir une certitude pour le jeune enquêteur lorsque est retrouvée morte la propriétaire des lieux. Le Docteur Dartignac diagnostique une mort fulgurante due à une piqûre derrière l'oreille. Désiré découvre plus tard qu'elle a été faite à l'aide d'une sarbacane, celle-là même qui a disparue de la pièce où elle était exposée...

Réalisé en 1945, Le Mystère Saint-Val est la première des deux collaborations entre le cinéaste René Le Hénaff et le prolifique acteur Fernandel (les deux hommes tourneront ensemble cinq ans plus tard Uniformes Et Grandes Manœuvres). Dès lors que le personnage de Désiré pénètre la demeure des Saint-Val, une ambiance lugubre est instaurée. Entre les inquiétants serviteurs, le mutisme dont semblent être victimes les invités de la propriétaire, et l'orgue qui anime la soirée, le spectateur est directement plongé dans une ambiance qui rappelle de part ses décors, certaines œuvres de la Hammer. Certains visages (notamment ceux d'Antoine et Suzy) et la manière dont sont filmés les décors (idée ingénieuse mais très vite abandonnée en cours de route) rappellent l'expressionnisme allemand. Quand au déroulement de l'intrigue, nous ne sommes pas loin de l’œuvre d'Agatha Christie et tout particulièrement de son célèbrissime Dix Petits Nègres (Le roman policier le plus vendu dans le monde). La supercherie, elle, par contre, ressemble à celle d'une œuvre horrifique qui verra le jour trente-six ans plus tard, Happy Birthday To Me.

Fernandel devient donc le bouc émissaire d'une plaisanterie de mauvais goût. Une manière de le mettre face à cette prétention qu'il aime étaler au grand jour. On appréciera l'ambiance générale. Cette petite note d'humour que l'on retrouve dans le comportement de Fernandel et qui désamorce l'angoisse qui pourrait naître des étouffants décors, du comportement curieux des serviteurs et de la série de meurtres dont est témoin le pseudo-détective. Dune aura fantastique et d'une enquête intéressante à suivre, on passe alors à un déluge d'événements dont Désiré, finalement, sortira vainqueur.

Le Mystère Saint-Val s'éloigne donc grandement des œuvres comiques auxquelles Fernandel nous a si souvent habitués. Et si l'humour est omniprésent, on nage surtout en pleine intrigue policière. Une très bonne surprise...
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