Après une petite
demi-heure d'une lourdeur assommante et d'un ennui abyssal, on
pouvait craindre que Comme des Garçons ne
soit que l'une de ces nombreuses comédies sans saveur qui se
généralisent désormais au cinéma. D'abord d'une vacuité sans
nom, le premier long-métrage de Julien Hallard déroule ensuite
quelques bonnes idées qui permettent à Comme
des Garçons
de prendre un sentier beaucoup plus captivant. Comme si l'arrivée
sur le terrain d'Emmanuelle Bruno, fille d'un ancien grand
footballeur incarnée à l'écran par Vanessa Guide, pouvait changer
le sort d'une équipe de foot féminine et celui d'un film au
demeurant, assez mal barré ! Comédie française et football
faisant plus ou moins bon ménage depuis une petite vingtaine
d'années (Les Collègues
en 1999, 3 Zéros
en 2002, Les Seigneurs
en 2012, ou encore Le Crocodile du Botswanga
en 2014), Comme des Garçons
aligne logiquement quelques gros clichés liés au milieu, comme le
machisme. Surtout que le film de Julien Hallard situe son action à
la toute fin des années soixante. Au moment même où l'on assistait
au renouveau d'un football féminin déjà beaucoup mieux ancré dans
certains pays autre qu'en France qui aux côtés de l'Allemagne et
de la Grande-Bretagne attendra la toute fin de la décennie pour
reconnaître la légitimité du football féminin.
Paul
Coutard (l'acteur Max Boulil) est celui qui ose braver les
interdictions et les brimades alors que dans la réalité, le
journaliste qui lança l'idée d'un match de foot féminin s'appelait
Pierre Geoffroy. Comme dans la réalité, plusieurs femmes se
présentent spontanément avec, chacune, leur caractère. De la
blonde ultra-stéréotypée en passant par quelques exemplaires de
femmes à l'allure et au comportement très masculin. Et c'est ce qui
dérange justement. Trop souvent évoqués dans le cinéma comique
français, ces poncifs finissent par ne plus faire rire grand monde
(le coup de la blonde qui couche pour attirer les faveurs du coach,
tout le monde connaît cela par cœur) et laissent présager le pire.
Non, ce qui véritablement fait la force de Comme
des Garçons,
c'est le combat que va alors mener Paul Coutard (Max Boulil laissant
alors de côté la lourdeur de son personnage) auprès des
responsables afin de faire accepter que son équipe puisse enfin
profiter du terrain de foot au même titre que l'équipe masculine, et plus généralement faire de son équipe le porte-drapeau du football féminin.
Le
film de Julien Hallard marque la présence au générique du célèbre
compositeur Vladimir Cosma qui à cette occasion nous replonge au
cœur des années soixante, soixante-dix, qui virent éclore de
nombreuses bandes originales (on pense notamment aux œuvres qu'il
composa pour certains longs-métrages incarnés par Louis de Funès
et Pierre Richard), et dont la dernière création colle à merveille
avec l'époque évoquée dans Comme des Garçons.
Après, on ne peut pas dire qu'en matière de reconstitution le film
fasse preuve d'un sens artistique particulier puisqu'à part quelques
menus détails (comme la paire de lunettes que porte Vanessa
Guide/Emmanuelle Bruno), dans l'ensemble le film pourrait avoir été
envisagé comme ayant été tourné dans les années quatre-vingt, ou
quatre-vingt dix. Un détail qui selon moi n'a heureusement pas la
moindre importance puisque l'intérêt est ailleurs. Car si la
première demi-heure est totalement inintéressante, on se réjouit
ensuite de voir que les filles s'éclatent, quel que soit le terrain
ou le temps qu'il fait.
Max
Boulil en fait des caisses, Vanessa Guide joue de ses charmes
discrets (tandis que Mona Walravens incarne la blonde superficielle de
manière convaincante), Renaud Rutten incarne le ventripotent et
détestable Michel Leroux, mais celui dont on regrette qu'il soit
sous-exploité, c'est l'acteur Bruno Lochet dont bizarrement, Julien
Hallard ne fait que survoler le personnage. Comme
des Garçons réserve
quelques surprises fort amusantes, comme l'intervention d'anonymes
interviewés par la télévision française relevant de l'absurde !
Au final, le film de Julien Hallard est beaucoup plus intéressant
que ne le laissait présager un début laborieux...
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