Que s'est-il donc passé
entre 2002, année de sortie du premier The Ring
américain et cette suite datant de 2005 ? Et même depuis 1998
puisque Hideo Nakata, le papa de Ringu,
a repris le flambeau qu'il avait abandonné au profit de l'américain
Gore Verbinski qui avait signé un remake tout à fait honorable de
son chef-d’œuvre horrifique. Je ne comprends absolument pas
l'engouement de la presse pour ce The Ring 2 qui
à aucun moment ne m'a emporté comme a su le faire le premier.
On
comprendra que le public ait été partagé. Entre les fans absolus
et aveuglés qui ne jurent que par cette saga et ceux, selon moi les
vrais, qui justement n'ont jamais adhéré qu'aux œuvres originales
venues du Japon, on ne sait plus trop à qui se fier. A la presse
peut-être, pour laquelle le film de Hideo Nakata fait l'unanimité.
La
première question que l'on peut se poser concerne l'utilité pour le
cinéaste d'avoir réalisé un remake de son propre long-métrage.
S'il ne l'a évidemment fait que pour satisfaire le public américain
mais également son égo qui, au vu des qualités du remake de Ringu
premier du nom, se devait de prouver qu'il pouvait, sinon faire
mieux, du moins s'aligner sur l’œuvre signée par Gore Verbinski.
Il peut y avoir plusieurs critères importants à prendre en ligne de
compte. Soit l'on découvre chacun des remakes au moment de sa sortie
au cinéma et les trois années qui les séparent peuvent alors
justifier un certain engouement du fait que l'impact laissé par le
premier se soit peu à peu dilué avec le temps. Soit l'on regarde
les deux épisodes coup sur coup, et là, ça fait mal. Et pour
plusieurs raisons. D'abord, l'intrigue en elle-même. Si The
Ring
avait la bonne idée de nous proposer une œuvre
horrifico-fantastique mêlée à une enquête journalistique
sacrément bien fichue et entourant une mystérieuse affaire
remontant à de longues années, out ceci étant dorénavant accompli, que
reste-t-il désormais à Hideo Nakata ? En fait, de l'intrigue
originelle, pas grand chose. A part reprendre les grandes lignes du
scénario orignal et nous montrer davantage son effrayante créature,
le fait même que l'on connaisse déjà l'identité, l'apparence, et
une grande partie de son histoire nous rendent celle-ci beaucoup
moins attrayante.
Surtout,
Hideo Nakata prouve avec cette suite-remake qu'il n'est pas aussi à
l'aise lorsqu'il s'agit de reprendre un thème qui lui est personnel
pour le compte du marché américain. Le cinéaste japonais a dû
forcément faire quelques sacrifices afin de satisfaire un public
différent de celui rencontré dans son pays d'origine. La tristesse
de sa mise en scène a trouvé son écho dans l'interprétation de
Naomi Watts qui jadis, lors de sa première incursion dans l'univers
de Nakata, avait fait de jolie prouesses et était parvenue à se
hisser au moins au niveau de son homologue japonaise, l'actrice
Nanako Matsushima. Désormais, elle semble guidée par un scénario
déchirant d'inefficacité. Il n'y a d'ailleurs guère que dans les
rapports entre son personnage de Rachel et celui de son fils Aïdan
(l'excellent David Dorfman) que le film tient la route.
Car
même si certains visuels nous ramènent au meilleur du premier opus
(l'attaque des cerfs, la salle de bain immergée), contrairement à
ce que certains critiques affirment, les moments d'effrois son
quasiment inexistants. Le film demeure en effet stérile en matière
d'épouvante, ce qui peut sembler un comble si l'on tient compte du
fait qu'il s'agit tout de même de l'un des effets recherchés par le
scénario. Hideo Nakata manque également le coche lorsqu'il s'agit
de donner du corps à l'un de ses personnages. Maintenant que Noah
Clay (Martin Henderson), le père de Aïdan, n'est plus, il fallait
lui trouver un remplaçant. Et pourquoi pas un certain Max Rourke,
que l'acteur Simon Baker ne parviendra jamais à hisser au niveau du
personnage de Noah. Sans doute n'est-il en rien responsable des
quelques navrantes apparitions de son personnage, mais sa présence à
l'écran demeure inutile tant Nakata a gâché les quelques passages
qui lui sont consacrés. Si le père de Aïdan était lui aussi
immature, on pouvait deviner chez lui une capacité à s'adapter à
la situation tragique dans laquelle s'étaient mis son fils et son
ex-compagne tandis que Max, lui, demeure le genre de personnage peu
attachant, auquel on ne confierait même pas son animal.
Bref,
The Ring 2, dans la chronologie des événements demeure inutile et
surtout décevant sachant que son réalisateur n'est autre que celui
qui donna naissance en 1998 à la légende de Sadako Yamamura,
l'alter ego japonaise de Samara Morgan. A noter la présence de l'actrice américaine Sissy Spacek dans le rôle de la mère de samara et qui, en son temps, fut l'admirable adolescente pourvue de pouvoirs télé-kinésiques de Carrie au Bal du Diable de Brian de Palma...
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