Une ferme isolée au fin
fond des États-Unis. Un couple et leur fille y vivent paisiblement
lorsqu'un jour débarque chez eux un individu qui va chambouler leur
existence. Un désaxé qui va priver la jeune Francisca de sa mère.
Alors que le père assiste à la mort de son épouse, il parvient à
maîtriser le malade et l'enferme dans la grande, pieds et poings
liés. Pour la mère, il est trop tard. Le père l'enterre dans les
bois en compagnie de Francisca qui va se trouver alors un drôle de
compagnon de jeu : le meurtrier lui-même.
Le temps passe, mais
alors que la fillette est devenue une belle jeune femme, elle trouve
le corps de son père sans vie. L'assassin de sa mère, lui, est bien
vivant et toujours enfermé et enchaîné dans la grange. Pour ne pas
rester seul, Francisca garde auprès d'elle le cadavre de son père
et s'occupe consciencieusement du captif qu'elle nourrit et soigne.
Car Francisca a peur. Peur un jour de se retrouver seule...
The Eyes of my
Mother est une œuvre étrange. Filmée en noir et blanc.
Avare en dialogues. Économe en terme d'action. Un scénario menu
pour un film intriguant. Le cinéaste Nicolas Pesce nous conte les
ravages psychologiques faits à une gamine qui assiste impuissante à
la mort de sa mère. L'événement intervenant durant la période de
croissance de Francisca, on comprend alors les répercussions
terribles que cela va avoir sur la gamine et sur la future jeune
femme. Entre son rapport étrange avec le meurtrier et son refus de
se séparer du corps pourrissant de son père, la jeune femme vit
dans un monde de fantasmes morbides.
Malgré la lourdeur du
propos, Nicolas Pesce ne se complaît jamais dans l'horreur
graphique. On aperçoit très succinctement le meurtre de sa mère et
l'on assiste jamais au torture que semble endurer le meurtrier
lorsque le père de Francisca s'enferme avec lui dans la grange. Tout
comme les meurtres qui vont se succéder lorsque la jeune femme
tentera d'établir des liens avec des étrangers. Totalement
inconsciente des propos qu'elle tient parfois (elle avoue avoir tué
son père à une femme qu'elle a invité chez elle), elle demeure
incapable de construire une relation saine, n'ayant jamais eu
l'occasion d'être « éduquée » dans ce
sens.c'est l'actrice Kika Magalhães qui interprète le rôle de
Francisca. Un rôle sensible, jamais outrancier malgré le propos
dérangeant.
Une œuvre sur la
solitude. L'abandon parental.
Une autonomie déviante que Francisca s'est forgée par la force des
choses et par contrainte. Une ambiguïté qui aurait pu paraître
terriblement malsaine si l'on ne sentait pas toute la sincérité du
personnage campé par l'actrice américaine. Autre interprète
saisissant : le tueur. Un Will Brill vraiment, vraiment
flippant. Car avant d'être la victime d'une geôlière presque pure
et innocente, l'acteur débarque sourire aux lèvres avec l'intention
bien particulière de tuer la mère de Francisca. On sent bien toute
la folie du personnage et Will Brill a parfaitement saisit le
caractère totalement dément de Charlie.
The Eyes of my
Mother impressionne par son
traitement assez particulier. Déjà, le choix du noir et blanc.
Viennent ensuite les rares dialogues, mélange d'anglais et de
portugais. Puis vient la bande musicale, rare, nostalgique,
mélancolique et traditionnelle communément appelée Fado.Si
l'on devait rapprocher The Eyes of my Mother
d'une autre œuvre, il faudrait sans doute la comparer à l’œuvre
déviante Singapore Sling de Nikos Nikolaïdis. Une belle
surprise...
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