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jeudi 22 décembre 2016

Ringu de Hideo Nakata (1998)



Si le public américain et une majorité des spectateurs français ont sans doute entendu parler pour la première fois des « Yūrei Eiga  », ces fantômes du folklore japonais dont la principale caractéristique et de posséder une longue chevelure sombre qui leur barre le visage, c'est sans doute grâce au Remake américain The Ring réalisé par le cinéaste Gore Verbinski en 2002. il faut cependant remonter plus loin dans le temps, en 1998, et ce, à travers l’œuvre séminale du japonais Hideo Nakata qui avec Ringu a réalisé ce qui est devenu très vite un film culte. Un long-métrage qui sert depuis de référence ultime de la J-Horror. Les maniaques de la réappropriation iront même jusqu'à logiquement citer l'auteur du roman éponyme original, Kōji Suzuki. A peu de choses près, The Ring est calqué sur Ringu. Les deux films s'appropriant la trame du roman, on y trouvera donc logiquement les mêmes situations ainsi que les mêmes personnages, dont les noms ont bien sûr été modifiés, le premier étant originaire du Japon et le second des États-Unis.

L'une des plus importantes différences entre les deux œuvres est l'implication de l'ancien époux du personnage campé par Nanako Matsushima dans la version japonaise. En effet, Ryuji Takayama (l'ex de la journaliste Reiko Asakawa, interprété par l'acteur Hiroyuki Sanada) s'implique assez vite dans le drame qui se joue autour de son ex-épouse et de leur fils. Tandis que la version américaine proposait un compagnon immature travaillant dans le journalisme, Ryuji, lui, affiche dès le départ la ferme intention d'aider Reiko dans sa recherche de vérité. Une réalité qui éclate assez vite puisque dès les premiers instants, la légende entourant l'existence d'une cassette vidéo tuant au bout de sept jours ceux qui ont osé la regarder est déjà bien ancrée dans la tradition japonaise. Un fait avéré à travers l'interview de la journaliste auprès de jeunes enfants n'ayant jamais découvert le contenu de la cassette mais connaissant malgré tout son existence.
Contrairement au personnage de Noah Clay dans The Ring version 2002, Ryuji est un individu beaucoup moins cartésien du fait de sa capacité à percevoir des événements surnaturels. Tout comme Reiko d'ailleurs qui perçoit des images provenant d'événements faisant partie du passé.

Ici, rien à voir avec le surnaturel bon marché des Paranormal Activity et consorts. Hideo nakata ne construit pas son œuvre à partir du vide mais d'un scénario qui nous fait réfléchir sur l'emprise du média télévisuel et sur ses conséquences désastreuses. Des conséquences ici extrapolées à travers la mort d'individus ayant supporté la vision d'images horrifiques. Celles-là même qui nous sont assénées au quotidien et dont est généralement friand le public. Un curieux phénomène se produit lorsque l'on découvre pour la première fois Ringu. L'angoisse qui découle des visions traumatiques surnage alors même qu'il ne se passe parfois pas grand chose. L’œuvre du japonais se pare d'une ambiance parfois tellement lourde sans doute liée au dépaysement que provoque le lieu de tournage, que la simple évocation de quelques notes de musique (j'entends par là l'air se faisant entendre chaque fois qu'un jour passe) suffit à donner le frisson. Pourtant, à le comparer à la version américaine, Ringu semble parfois très discret. Le cadre étant très différent (ici, les traditionnelles demeures japonaises, là-bas le modernisme occidental) il peut arriver que l'on se détache un instant de cette histoire qui peut nous sembler ne toucher qu'un « drôle » de peuple.

Mais c'est sans compter sur la remarquable mise en scène de son auteur et l'impeccable interprétation de ses principaux acteurs et actrices. Des deux principaux jusqu'à Yoichi Asakawa (qui joue le fils de Reiko et Ruyji) qui là, demeure encore un enfant tout à fait commun alors que celui de Gore Verbinski possède très vite des dispositions psychiques et une intelligence hors du commun pour un enfant de cet âge. Hideo Nakata prend possession de l'espace et de chaque recoin. A tel point que même lorsqu'une scène n'est pas sujette à l'apparition de l'entité tant redouté, il nous semble l'apercevoir dans le reflet d'un miroir ou tapie dans l'ombre. Certain préféreront sans doute la version de 2002. Quoi qu'il en soit, jamais, sans l’œuvre de Hideo Nakata, la saga des Ring n'aurait pris une telle ampleur. Peut-être même n'aurait-elle jamais vu le jour...

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