Deuxième long-métrage
abordé dans ce cycle consacré au cinéaste américain Bert I.
Gordon (mais quatrième si l'on compte les deux que j'avais déjà
évoqué il y a un certain temps), The Amazing Colossal
Man
date de 1957. Filmé en noir et blanc, il invoque la peur du
nucléaire à travers l'utilisation par l'armée américaine d'une
bombe au plutonium. Dans la science-fiction américaine des années
cinquante et soixante, trois thèmes étaient au centre des
préoccupations : la course à l'armement, la menace communiste
et comme dans le cas présent, le nucléaire. Bert I. Gordon aborde
pour la troisième fois le thème des créatures disproportionnées
après Beginning of the End
et ses sauterelles géantes et The Cyclops
et sa faune tout aussi démesurée. Plus proche du premier que du
second dans lequel une nouvelle planète abritant des créatures
monstrueusement grandes apparaissait dans notre système solaire, The
Amazing Colossal Man débute
comme bon nombre de long-métrages de science-fiction de l'époque.
L'armée américaine ayant mis au point un armement à base de
plutonium, ses dirigeants s'empressent de tester une nouvelle bombe.
Mais alors qu'elle tarde à exploser, un avion de tourisme passe au
dessus du terrain et s'écrase au sol. C'est là qu'intervient le
lieutenant-colonel Glenn Manning (l'acteur Glenn Langan). Persuadé
de pouvoir sauver la vie du pilote avant que la bombe n'explose, il
fonce tout droit sur le lieu du crash. Malheureusement pour lui,
cette dernière finit par éclater, le brûlant au troisième degré
sur quatre-vingt quinze pour cent de son corps. Vivant mais en piteux
état, les médecins estiment que Glenn Manning a peu de chance de
survivre à ses blessures. Pourtant, miraculeusement, ses brûlures
finissent par guérir. Et non seulement le lieutenant-colonel se
réveille du coma dans lequel il était plongé, mais par un
incroyable processus, le voilà qui grandit jusqu'à atteindre dix
fois sa taille initiale...
La
création de The Amazing Colossal Man
fut un peu compliquée. A l'origine, et désirant surfer sur le
succès du chef-d’œuvre de Jack Arnold sortit quelques mois
auparavant (The Incredible Shrinking Man),
Jim Nicholson voulait adapter le roman The Nth Man de l'écrivain
Homer Eon Flint dont il possédait les droits. Nicholson pense tout
de suite au cinéaste Roger Corman pour réaliser l'adaptation de ce
récit au centre duquel se trouve un personnage haut de dix mètres.
Charles B. Griffith est quant à lui embauché afin de s'occuper de
la réécriture du scénario. Mais alors que le résultat est plus
proche de la comédie que du récit à l'origine de cette adaptation,
Roger Corman abandonne le projet et c'est finalement Bert I. Gordon
qui en hérite. Reprennant avec Charles B. Griffith le scénario, ce
dernier quitte finalement le projet dès le lendemain et c'est Mark
Hanna qui est alors chargé d'apporter des modifications...
Plutôt
bien reçu lors de sa sortie, The Amazing
Colossal Man
a, depuis, malheureusement très mal vieilli. Si toute la première
partie précédent la fuite du lieutenant-colonel de l’hôpital
demeure intéressante, certains aspects de l'intrigue pêchent par
leur manque de tenue. Une fois encore, on a droit à l'habituelle
intervention de l'armée, puis de la science. Mais là où le bât
blesse, c'est au niveau des effets-spéciaux. L'incrustation de
ce ''fantastique homme colosse'' est totalement ratée. Quand on sait
les possibilités offertes en la matière à l'époque (il suffit de se faire une
piqûre de rappel des quelques long-métrages de Jack Arnold abordant
le même type d'intrigue pour s'en convaincre), voir le militaire de
dix mètres de haut déambuler en ville ou dans le désert de Mojave
(aux abords de Las Vegas) fait peine à voir et décrédibilise cette
tentative de réactualisation d'un sujet qui a déjà vu le fruit de
travaux remarquables (une fois de plus, Jack Arnold) sortir en salle
bien avant lui. Si l'intérêt demeure quelque peu, l'ensemble est
terriblement laid. Une œuvre mineure...
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