Dans le genre
invraisemblable mais apparemment basé sur un fait divers
authentique, un couple à la dérive s'installe dans une demeure au
passé particulièrement trouble puisqu'un meurtre et un suicide y
ont eu lieu. Voici sans doute l'idée la plus stupide qui ait pu
germer dans l'esprit d'un individu. Vouloir tout faire pour recoller
les morceaux entre lui et son épouse et pour cela, accepter
d'emménager dans une maison où un homme a tué sa femme avant de se
foutre en l'air. Quelle idée de génie... Heureusement que Aftermath
s'inspire d'une histoire vraie sinon quel scénariste aurait osé
proposer une idée aussi absurde si elle n'avait pas rempli les
colonnes des faits divers ? Le film s'inspirerait donc de la
tragédie ayant mis en scène Jerry Rice et son épouse Janice
Ruhter. Sachant qu'après quelques rapides recherches je n'ai rien
trouvé concernant cette dernière et que le seul Jerry Rice
''connu'' est un joueur de football afro-américain de cinquante-huit
ans qui n'a absolument rien à voir avec cette histoire, il a fallut
que je creuse un peu plus profondément pour trouver ceci : Un
couple semble avoir effectivement été les victimes d'événements
étranges et traumatisants. Et si le scénariste du film Dakota
Forman affirme qu'en réalité le récit sort tout droit de l'esprit
du réalisateur Peter Winther, ce dernier continue de prétendre que
le scénario repose bien sur l'histoire qu'ont vécu Jerry Rice et
son épouse Janice Ruhter... un couple qui au final existe vraiment
(comme quoi insister dans ses recherches peut porter ses fruits).
Concernant les événements dont ils furent les témoins, je n'en
dirai pas davantage. Ce qui semble par contre sortir tout droit de
l'imaginaire du réalisateur est cette histoire entourant le meurtre
d'une femme et le suicide de son mari. D'emblée, Aftermath
évoque l'un des classiques de l'épouvante que réalisa en 1979 le
réalisateur américain Stuart Rosenberg : le bien nommé
Amityville, la maison du Diable...
C'est
donc vers un récit relativement classique que nous emmène d'abord
le scénario de Aftermath.
Un meurtre puis un suicide dans une très luxueuse demeure. Un jeune
couple d'acquéreurs dont la relation s'est envenimée depuis que lui
a découvert sa femme en train de faire une gâterie à un autre
homme dans la chambre de leur ancienne maison. Des bruits suspects,
des objets qui changent de place, un chien qui aboie sans raison et
qui meurt dans d'étranges circonstances. Une fois l'ambiance
instaurée, le spectateur peut alors se laisser guider vers un récit
mêlant le thriller, l'épouvante et le drame à des éléments
d'apparence fantastique. Deux heures ou presque, cela peut paraître
un peu long pour un tel film, qu'il soit inspiré ou non d'une
histoire réelle. Mais ce terrain que l'on croyait si bien balisé de
l'épouvante façon esprits frappeurs, revenants et ectoplasmes sera
plus compliqué à revendiquer que prévu. Sur-vendu par certains
comme une œuvre terriblement effrayante, Aftermath
est une exclusivité Netflix.
J'en vois déjà faire la tête et soupirer en pensant qu'une fois de
plus le pétard sera mouillé. Et pourtant, malgré cette forte et
négative impression que laisse le long-métrage de Peter Winther
dans ses premiers instants, ce sentiment qu'il n'apportera pas de
grain à moudre à un genre déjà saturé depuis des lustres,
Aftermath
reste sans doute l'une des bonnes surprises de cette année. Comme au
final le fut l'excellent His House
de Remi Weekes que la plate-forme Netflix
proposait
déjà en exclusivité l'année dernière (on s'impatiente d'ailleurs
de découvrir ce que nous proposera à l'avenir son très prometteur
réalisateur)...
Quelque chose vit dans cette maison...
Si
Aftermath
n'est pas complètement original, il a en revanche le mérite de
proposer une aventure ponctuée de séquences fortes et relativement
nombreuses. À tel point qu'il peut parfois donner le tournis à
force d'enchaîner les événements les uns derrières les autres.
Certains y verront probablement une somme d'invraisemblances tandis
que d'autres n'en retiendront que l'efficacité. Shawn Ashmore
incarne l'époux bafoué qui a du mal à digéré la trahison de son
épouse tandis qu'Ashley Greene Khoury interprète cette dernière,
victime de tant d'événements effroyables qu'on la rapprocherais
presque un temps du petit immigré d'origine juive Trelkovsky de
l'effrayant Le Locataire
de Roman Polanski (on se demande parfois dans quelles mesures Natalie
ne serait-elle pas psychologiquement amoindrie). C'est vrai, son
époux ou l'inspecteur Richardson (Sharif Atkins, très convaincant)
ne sont pas seuls à finir par douter des dires de la jeune femme
puisque le spectateur en viendra à douter de ce qu'il a entre(vu) à
l'image. À dire vrai, plus que les faits qui parlent d'eux-mêmes,
on restera surtout troublés par l’intervention de quelques seconds
rôles. Comme celle d'Alexander Bedria qui se présente au départ
comme un individu pétri d'arrogance ou celle de Susan Walters qui
dans le rôle de Farrah, interprète une mère hautement toxique.
Mise en scène subtile, scénario classique mais à tiroirs,
bande-son efficace (signée par le compositeur Sacha Chaban) et
interprétation impeccable promettent au spectateur de passer un très
agréable moment... D'autant plus que le film se permet quelques
incartades humoristiques bienvenues (le duo formé par Jamie Kaler et
Freddie Basnight dans les rôles de nettoyeurs de scènes de crime
est effectivement irrésistible)...
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