Chacun à sa manière,
avec leurs propres visions, avec leurs propres moyens,
Thomas Salvadore, Douglas Attal et les frères Boukherma ont choisi
de nous proposer autre chose. Des œuvres dont les différentes
saveurs gagnent en intensité avec le temps. Et puis, il y a ceux qui
choisissent de faire comme là-bas, en outre atlantique. De copier
les champions du monde du blockbuster, les spécialistes du cinéma
d'horreur et d'épouvante. Résultat, on frise régulièrement
l'indigestion. Parce qu'en France, on pense pouvoir rivaliser avec
les américains. Et d'une certaine manière, c'est vrai. Mais alors
avec une sensibilité et une économie de moyens qui rendent ces
films de super-héros que sont Vincent
n'a pas d'écailles
et
Comment je suis devenu super-héros
ou ce film fantastique qu'est Teddy,
éminemment plus intéressants. Mieux, plus touchants. Débarrassés
de ce désir de vouloir coller au plus près à ce qui se fait à des
milliers de kilomètres de là quitte à nous servir un plat sans
saveur, Salvadore, Attal et les frères Boukherma ont tout compris.
Et même si aux ''States'' ou chez nous une partie du public fera
sûrement la gueule en découvrant ces O.F.N.I.s, soyons fier d'avoir
dans nos rangs des artistes avec une vraie personnalité. Concernant
Ludovic et Zoran Boukherma et leur excellent Teddy,
j'oserais rapprocher cette petite merveille du chef-d’œuvre Morse
de Tomas Alfredson, de The Transfiguration
de Michael O'Shea, et pour son sujet, de When
Animals Dream du
danois Jonas Alexander Arnby. Mais plus sûrement, leur second
long-métrage ressemble à du Bruno Dumont.
Et
plus précisément à sa mini-série en deux saisons que forment
P'tit Quinquin
et Coincoin et les Z'inhumains
puisque les jeunes Alane Delhaye et Anthony Bajon semblent avoir été
forgés dans le même moule. Celui de l'amateurisme. Mais ce qui
s'avère être d'ordre naturel chez l'un est beaucoup plus complexe à
définir chez le second, lequel révèle en réalité un véritable
talent d'acteur en incarnant le héros de ce film fantastique pas
vraiment comme les autres... Le jaune rutilant du
rideau qui orne l'affiche du film semble directement renvoyer aux
manches du blouson ou du maillot de basket que portait sur les
épaules l'acteur Michael J. Fox dans Teen Wolf
réalisé en 1985 par Rod Daniel. Une comédie fantastique plutôt
sympathique avec la jeune star de la trilogie Retour
vers le futur.
Anthony Bajon n'en est pas une, lui, de star. Mais il le mériterait
tant il excelle dans le rôle de Teddy, ce jeune garçon originaire
des Pyrénées-Orientales peu instruit, qui n'a pas l'air très
intelligent (genre, idiot du village comme tenteraient à le
démontrer certaines séquences au départ du film), qui travaille
dans un salon de massage (sa patronne est la talentueuse réalisatrice
et actrice Noémie Lvovsky) et qui s'occupe très bien de sa tante,
qu'il nourrit alors qu'elle demeure prostrée dans son fauteuil à
longueur de journée, ainsi que de son oncle Pépin Lebref (ça ne
s'invente pas !) qu'interprète l'acteur Ludovic Torrent dont
il s'agit là pour le moment, du premier rôle dans un film.
Il
ne faut surtout pas oublier de citer Christine Gautier qui interprète
le rôle de Rebecca, la fiancée de Teddy, ainsi qu'Alain Boitel et
Jean-Michel Ricart (ce dernier étant restaurateur dans la vie
quotidienne), deux types de la région qui sans doute on dû s'amuser
autant qu'ils nous régalent dans les rôles de deux représentants
de la gendarmerie nationale. Ludovic et Zoran Boukherma signent un
vrai grand moment de bonheur cinématographique. Entre social,
fantastique, épouvante et comédie, Teddy
est un classique instantané. Pas prétentieux pour un sou mais
mêlant le réalisme à une légende dont les premiers signes
remonteraient à l'antiquité, le long-métrage des frères Boukherma
est à partager en famille. Un petit bijou devant lequel on ne
s'ennuie pas un seul instant et qui entre rires et frissons apportera
son lot d'émotions. Déjà culte... ! Autant dire que l'on
attend avec une totale absence de patience leur prochain long-métrage
qu'ils sont actuellement en train de tourner et dont le titre est
L'année du requin...
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