Il ne vole pas au dessus
des buildings, ne tisse pas de toiles géantes, il ne perçoit pas
les sons à des centaines de mètres de distance et ne contrôle pas
les éléments. Et pourtant, Ben est bien un super-héros. Un super
Papa qui a préféré préserver la santé physique et mentale de sa
progéniture en l'éloignant le plus possible de la civilisation. Son
épouse et lui ont eu six enfants. Auxquels ils ont donné un prénom
unique, que personne d'autre au monde ne partage avec eux. Bo, le
plus âgé, puis viennent Kielyr, Vespyr, Rellian, Zaja et le petit
dernier, Nai. Ils vivent tous ensemble dans une forêt du nord-ouest
des États-Unis. Leur mère est à l’hôpital et souffre d'une très
grave dépression. Après son suicide, Ben et leurs six enfants sont
désemparés. Mais alors que leurs grands-parents ont décidé que
Ben n'était pas le bienvenu à l'enterrement de leur fille, Bo et
ses cinq frères et sœurs ont décidé de se lancer dans une
mission : honorer les dernières volontés de leur mère qui
désire être incinérée. Ce qui n'est pas du goût de son père,
Jack. Après que Ben ait été refoulé par sa belle-famille, il
hésite à prendre le bus familial afin de rouler jusqu'en Californie
où aura lieu la cérémonie. Mais devant l'instance des six enfants,
il craque. Désormais, Ben, Bo, Kielyr et les autres font route vers
la civilisation. Ce qui ne se fera pas sans heurts pour Ben et les
siens...
On aurait pu craindre une
œuvre moralisatrice, axée sur un excédent de bons sentiments.
Pourtant, le cinéaste Matt Ross évite tous les écueils que l'on
pouvait redouter. A aucun moment il ne donne de leçons. Bien au
contraire, chaque clan, qu'il s'agisse de cette famille prônant le
retour à une vie plus saine et proche de la nature ou ceux qui
vivent dans cette société que Ben et son épouse ont choisi de
bannir, marque des points et donne à réfléchir sur les avantages
et les inconvénients de l'un et de l'autre.
Et c'est d'autant plus
vrai que Matt Ross nous donne l'occasion de nous le démontrer. L'une
des scènes les plus marquantes et les plus touchantes allant dans ce
sens est celle qui confronte Ben et Bo lorsque celui-ci confit à son
père qu'il est accepté dans de nombreuses universités. Ben
découvre alors que son épouse et leur fils lui ont caché
l'intention de Bo d'entrer à l'université. Et alors que le jeune
homme est fier de pouvoir exhiber les courriers de Yale, Stanford,
Princeton ou Harvard, Ben réagit de manière particulièrement
violente, Bo lui rétorquant alors : « Sauf si ça
vient d'un foutu livre, je ne sais rien du tout ! »
La
visée paradisiaque du sujet développé par Captain Fantastic
s'en voit alors quelque peu malmenée. Et même si l'on sourit devant
ces deux cousins abrutis par les jeux vidéos et que l'on trouve
pathétique les mensonges de leurs parents lorsqu'il s'agit de cacher
que leur tente s'est suicidée, on constate qu'il demeure également des failles
dans le mode de vie qu'ont choisi Ben et son épouse pour eux et leurs
enfants.
Captain
Fantastic est une véritable leçon de vie. Entre nature et
civilisation. Entre choix définitifs et remises en question. Entre
illusion et réalité. Extraordinairement interprétés par Viggo
Mortensen, George MacKay, Samantha Isler, Frank langella, Nicholas
Hamilton, Annalise Basso et les autres, le film de Matt Ross est un
petit bijou. Une œuvre émouvante, drôle, qui donne à réfléchir
sur un choix de vie pas si évident que ça à mettre en œuvre. Une
famille émouvante dans un road-movie écolo utopique qui nous change
des clones qui pullulent sur les écrans de cinéma. A voir, encore
et encore...
Captain Fantastic a reçu le Prix de la mise en scène dans la catégorie Un Certain Regard au Festival de Cannes, le Golden Space Needle du meilleur film au Festival international du film de Seattle, ou encore les Prix du jury et du public au Festival du cinéma américain de Deauville 2016...
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