Le coucou est un oiseau
grimpeur grand comme une tourterelle, couleur gris cendré au ventre
blanc et dont la particularité est de vivre au sein du nid des
autres oiseaux. En effet, la mère du ou des futurs coucou(s) dépose
son ou ses œuf(s) dans un nid étranger, débarrassant les lieux de
ceux déjà présents. C'est la mère qui, à l'origine de la
fabrication du nid et de la ponte des œufs de l'autre espèce se
chargera de couver ceux de la femelle coucou, croyant ainsi se
charger des siens... C'est un peu sur ce postulat que le réalisateur
américain Aaron Jay Rome tourne son premier long-métrage en solo
après avoir mis en scène aux côtés d'Ashley Lenz la comédie
dramatique Go Crazy Go Mad.
La même année, soit en 2018, le cinéaste tourne donc un End
Trip
dont l'originalité repose autour de la méthode employée par un
tueur en série pour prendre possession non seulement de la vie de
ses proies, mais également de leur existence toute entière. Bien
que le scénario ne se résume pas à grand chose d'autre qu'un vide
absolu, son indigence est contrebalancée par une profusion de
dialogues que vont échanger un chauffeur de l'entreprise de
transport Uryde
(comparable à la célèbre application Uber
qui
permet de mettre en relation des chauffeurs avec des clients désireux
de se déplacer en voiture) et l'un des premiers clients qu'il
prendra à son bord lors de son service nocturne...
Interprété
par le réalisateur lui-même ainsi que par Dean J. West qui incarne
lui, le rôle du psychopathe en question, End
Trip est
un curieux mélange de road trip et de film horrifico-existenciel à
bord duquel deux hommes échangent en outre leur point de vue sur
leur vie de couple respective. Si le scénario écrit par Aaron Jay
Rome s'avère effectivement plutôt mince et l'intrigue identifiable
assez rapidement, le réalisateur imprime un rythme très particulier
qui laisse supposer l'emprise du passager sur le chauffeur prendre
une place de plus en plus importante et signifie surtout, la
dangerosité des réseaux sociaux et de la confiance que l'on peut à
tort ou raison, concéder à un individu que l'on n'est pas amené à
revoir. Concernant les réseaux sociaux, Aaron Jay Rome démontre
avec un certain réalisme que l'on peut très facilement identifier
un individu et s'emparer d'une foule d'informations le concernant
afin de prendre sa place dans la société. End
Trip
diffuse un lent poison, entrecoupant les échanges entre chauffeur et
passager par des séquences situées dans un proche avenir, ne
laissant aucun doute sur le sort accordé au premier.
Dommage
que le scénario n'ait pas été davantage développé car l'idée
même du psychopathe s'informant sur le chauffeur afin de s'en
débarrasser et de prendre sa place dans son existence était plutôt
séduisante. Renvoyant vaguement au cas réel de Martin Guerre, deux
fois adapté sur grand écran, End Trip
possède une ambiance très particulière du fait que le film soit en
très grande partie filmé à l'intérieur d'un véhicule, de nuit,
dans des rues désertes. Dean J. West incarne un passager tour à
tour séducteur et déséquilibré. Quant à Aaron Jay Rome, il
interprète un chauffeur un peu trop confiant envers son prochain. Le
spectateur sent peu à peu le piège se refermer sur lui jusqu'à cet
acte presque final d'une certaine violence où il meurt étranglé
par son bourreau. On pourra toujours arguer que le montage empêche
toute montée en pression puisque dès le départ ou presque le
spectateur connaît les intentions du psychopathe. On pourra
également être déçu du manque de développement autour de la
''relation'' entre celui-ci et Stef, la petit amie de Brandon. Le
cinéaste ayant choisi de se pencher davantage sur les rapports entre
le chauffeur et son passager, il semble avoir été contraint
d'écarter certains aspects, ce qui au final, s'avère quelque peu
dommageable envers son film. End Trip
est un sympathique petit long-métrage qui cependant, s'oubliera très
rapidement...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire