Le dernier long-métrage
du cinéaste brésilien Guto Parente O Clube dos Canibais
est un étonnant mélange de film d'horreur, de comédie noire et de
critique sociale sous-jacente. Mais alors que l'univers bourgeois
qu'il dépeint pouvait laisser espérer un réquisitoire féroce
contre la présence au pouvoir du nouveau président de la république
Jair Bolsonaro, le long-métrage de Guto Parente fait preuve d'une
économie scénaristique proprement désarmante. Le spectateur se
retrouvant au final devant un petit film d'horreur aux ficelles
grossières et aux enjeux trop petits pour véritablement bouleverser
son auditoire. Point positif, O Clube dos
Canibais
s'éloigne du visuel façon ''telenovela'' que l'on rencontre très
fréquemment pour une image, sinon granuleuse, du moins très
largement supérieure à celle de ces soap opera ''made
in Brasil''.
Guto Parente propose une allégorie, dressant le fossé qui sépare
les nantis du reste de la population constituée selon eux de
délinquants, de pédérastes et d'ordures. Un climat de paranoïa
permanent qui pousse ces individus dénués de toute morale à
perpétrer des actes contre-nature envers les petites gens...
Découle
ici de cette observation hautement caricaturale mais en fin de
compte, particulièrement sinistre (euh... à bon?), un jeu de
massacre dont les principales victimes s'avèrent notamment être les
employés d'un couple aisé incarné à l'écran par Tavinho Teixeira
et Ana Lkuiza Rios. Otavio et Gilda ont beau être riches et être
les propriétaires d'une immense demeure et d'une très belle
piscine, ils n'en demeurent pas moins responsables d'actes criminels
que la morale ne peut que réprouver. Cette morale dont ils n'ont que
faire du haut de leur statut. Ici, donc, le cinéaste brésilien s'en
donne à cœur joie et dresse une liste de perversités dont la
crudité n'a finalement d'égal que sa stérile fatuité. Là où
Guto Parente semble vouloir repousser les limites de l'irrévérence,
O Clube dos Canibais agit
comme un placebo dont l'efficience ne dure qu'un très court instant.
Autant le spectateur pensera durant une poignée de seconde que le
réalisateur ose là où d'autres hésitent, autant cette poignée de
seconde passée, on réalise combien est absent le sentiment de
malaise que devrait générer un tel propos...
Sang,
sueur et sperme ne suffisent pas à faire de O
Clube dos Canibais la
comédie horrifique glaçante dont le spectateur rêvait sans doute.
C'est d'autant plus malheureux que le film possède à certaines
entournures, quelques passages plutôt convaincants. Comme le
dialogue entre Gilda et le sénateur Borges (l'acteur Pedro
Domingues) alors que la première surprenait la veille au soir, le
second se faire sodomiser par un domestique. Plus qu'un énième film
de cannibales, et malheureusement ici, parmi les moins convaincants,
le spectateur ne devra sans doute pas attendre derrière le titre des
séances gore à répétition tournant exclusivement autour d'actes
anthropophagiques mais plutôt une métaphore sur le pouvoir et
l'asservissement. Quoi qu'il en soit, et quoi qu'ait voulu démontrer
le réalisateur brésilien, O Clube dos Canibais
n'est
au fond qu'un petit film d'horreur sans âme et relativement
vulgaire. Si Guto Parente semble avoir réussi à faire passer son
message, il l'a fait en force et avec un manque total de finesse.
Dommage...
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