Le cinéaste espagnol
Jaume Balaguero aime les vieux immeubles. Il en fait le théâtre de
plusieurs intrigues angoissantes. De Darkness en 2002
jusqu'en 2014 avec le troisième volet de la saga [REC] (dont
il réalisa auparavant les premier et second opus), en
passant par Malveillance en 2011. Para Entrar a
Vivir (connu chez nous sous le titre A Louer)
ne dérogeant pas à cette règle, le cinéaste enferme ses
principaux protagonistes dans un étrange immeuble situé dans une
zone morte en banlieue. Mario a répondu à une petite annonce
trouvée dans leur boite aux lettres leur donnant rendez-vous ce
jour-là avec un agent immobilier du nom de Portera. Clara est n'a
pas très envie de sortir ce jour-là mais son époux parvient à la
convaincre de le suivre jusqu'au point de rendez-vous. Les choses se
compliquent lorsque la jeune femme enceinte constate le cadre peu
agréable dans lequel est implanté l'immeuble. Dehors, il n'y a pas
âme qui vive et la zone est particulièrement triste. Quant à
l'immeuble, selon les propos de Portera, des ouvriers travaillent à
sa restauration. De plus, l'agent immobilier promet au couple qu'elle
leur a réservé le plus bel appartement de l'édifice. Mais une fois
à l'intérieur, c'est la désillusion. Clara est pressée de
repartir tandis que Portera tente d'éprouver les doutes du jeune
couple en lui affirmant qu'il s'agit d'une affaire en or. Mais devant
le refus, une fois de plus, de Clara de rester en ces lieux, la
situation change radicalement. Portera qui jusqu'à maintenant se
comportait de manière fort agréable devient agressive au point de
s'en prendre à Mario qui ne l'avait pas vue venir. Assommé et
laissé pour mort, c'est désormais Clara qui est danger, poursuivie
par une Portera qui, décidément, n'est pas prête de laisser filer
ses nouveaux clients.
Une heure et six minutes,
pas une de plus. C'est le temps que dure cet autre volet de la
collection espagnole « Películas para no
dormir » . Des
téléfilms sensés empêcher ceux qui les ont regardé de dormir. Je
ne sais pas si de ce fait, le contrat est rempli, toujours est-il que
Para Entrar a Vivir
demeure très efficace. De par sa très courte durée, Jaume
Balaguero ne prend presque jamais le temps de laisser respirer ses
interprètes. Dès lors qu'Adrià Collado et Macarena Gomez sont
enfermés dans le sordide appartement, tout va très vite. Celle qui
se prétend agent immobilier change assez rapidement de visage et
montre sa vraie nature : celle d'une psychopathe anéantie par
la destruction de cet immeuble auquel elle a consacré une très
grande partie de son existence. Ayant eu du mal à accepté
l'évidence, elle a cherché, à sa manière, une façon de repeupler
cet immeuble qui dans le passé était vivant. Mais l'installation de
mannequins figurant la présence de nouveaux locataires n'ayant pas
fait illusion très longtemps, Portera (l'actrice Muria Gonzalez)
choisi de tendre un piège à tous ceux qui désirent acquérir un
appartement.
D'où
cette confrontation nerveuse entre les deux héroïnes, la présence
du mari ayant été remise à plus tard après un vif échange avec
la psychopathe. Deux interprètes qui vont aller au bout de leur
forces. Une Macarena Gomez convaincante et qui excelle dans le rôle
de la victime traquée. Une actrice qui sept ans plus tard apparaîtra
dans l'excellent Les Sorcières de Zugarramurdi
du compatriote Alex de la Iglesia. Plongés dans des décors
incroyablement glauques et prégnant, les interprètes font face à
un certain nombre d'épreuves où le sang coule parfois à flots. On
regretterait presque que ce petit téléfilm n'aie pas eu les
honneurs d'une sortie en salle (du moins chez nous et aux États-Unis
puisque dans son pays d'origine, il sortit au cinéma en mars 2006)
d'autant plus que malgré son faible budget Jaume Balaguero a réalisé
là un film d'horreur très efficace, tout à fait dans la lignée de
ses précédents longs-métrages...
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