A l'heure actuelle, John
Carpenter's The Ward est le dernier
long-métrage du cinéaste américain
John Carpenter. Entre celui-ci est le très décevant
Ghosts of Mars qu'il réalisa dix ans plus tôt en
2001, le spécialiste des séries B horrifiques n'a rien tourné. Ou
presque puisqu'il a assuré la réalisation de deux courts-métrages
pour la série Masters of Horor, Cigarette Burns en
2006 et Pro-Life l'année
suivante. Entre temps, rien. Déçu lui-même par son
avant-dernier film, c'est grâce à l'anthologie télévisée pour
laquelle il a réalisé ces deux épisodes que son amour pour le
cinéma, et en particulier pour le genre qui l'a rendu célèbre que
John Carpenter s'est remis au travail en basant son nouveau film sur
un scénario écrit à quatre mains par Michael Rasmussen et Shawn
Rasmussen. Très attaché à l'idée de tourner dans un lieu unique,
ici, à l' Eastern State Hospital de Medical Lake, une ville du comté
de Spokane, à Washington, aux États-Unis. Un cadre pas si austère
que celui auquel on aurait pu s'attendre.
Le récit tourne autour
de Kristen, jeune pyromane qui après avoir brûlé une maison est
arrêtée puis transférée à l’hôpital de North Bend, dans
l'Oregon. Placée dans une section avec d'autres jeunes femmes qui
comme elle sont victimes de graves troubles psychiatriques, Kristen
récupère la chambre vacante d'une ancienne pensionnaire morte dans
d'étranges et violentes circonstances. La nouvelle venue fait la
connaissance d'Emily, Sarah, iris et Zoey, les pensionnaires de sa
section. Deux infirmiers sont chargés de surveiller le groupe.
D'abord Roy, un gars musclé faisant également office de surveillant
et l'infirmière Lundt. Suivies par le Dr Stringer, les jeunes filles
suivent une thérapie et sont contraintes de prendre des médicaments
qui les abrutissent. Mais Kristen se refuse à les prendre et fait
semblant de les prendre. Un soir, alors qu'elle est allongée sur son
lit, la couverture qui la recouvre glisse du lit et disparaît en
dessous. Dès lors, d'étranges événements se produisent. En
questionnant ses camarades, Kristen comprend qu'elles ont peur d'une
chose qui se tapit entre les murs de l’hôpital. Bientôt, l'une
d'entre elles disparaît...
Bien que John Carpenter's The Ward
réhausse le pitoyable niveau atteint par le précédent long-métrage
de son auteur, le film est loin d'atteindre les qualités de
certaines de ses oeuvres. Là où le bat blesse, c'est dans le manque
d'originalité du scénario. A mesure que le film de John Carpenter
déroule son intrigue, on pense à d'autres longs-métrages qui déjà
ont abordé la totalité des thèmes investis par le scénario de
Michael Rasmussen et Shawn Rasmussen. Le dédoublement de
personnalité (Identity,
Split ),
les hôpitaux psychiatriques (Vol
au-Dessus d'un Nid de Coucou,
Shock Corridor),
mais c'est surtout à Shutter
Island
auquel on pense car le film de Martin Scorcese et celui de John
Carpenter réunissent à eux deux plusieurs points communs.
Il
y a un point crucial qui manque malheureusement au second et qui
faisait la force du premier: l'ambiance. Ici, John Carpenter préfère
la lumière à l'obscurité. Et même si sa créature traîne son
inquiétante silhouette de nuit, le cinéma d'horreur nous a trop
souvent habitués à ce genre d'apparitions pour que le film soit
véritablement effrayant. Le cinéaste use de la méthode Jump Scare
dont l'efficacité est remise en cause depuis maintenant de
nombreuses années. C'est dommage, oui, vraiment dommage. Le film
avait du potentiel. Ne serait-ce qu'à travers son personnage
principal interprété par l'actrice Amber Heard dont le cinéaste
laisse entrevoir le passé à travers des flashbacks intriguant.
Lorsque nous est révélée la vérité concernant les événements,
nous demeurons circonspects. Une telle intrigue demande un effort
d'organisation sans faille en matière de mise en scène et de
montage. Ici, les scènes s'enchaînent sans génie. John Carpenter
semble ne pas avoir les épaules pour un projet qui aurait dû se
montrer plus ardu. Mais les vrais fans du cinéaste ne lui en
voudront certainement pas. Il est plus inquiétant de voir que cet
excellent cinéaste tourne de moins en moins. Espèrons qu'à l'âge
de soixante-neuf ans, il n'a pad décidé de raccrocher ses gants...
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