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mardi 20 novembre 2018

Mosura tai Gojira de Ishirō Honda (1964) - ★★★★★★★☆☆☆



Petit détour vers le Japon (où j'installerai sans doute Cinémart prochainement pour un cycle consacré aux Kaijū eiga, ou, films de monstres japonais, avec ses plus illustres représentants). Si je ne m'abuse, j'avais déjà abordé le sujet à travers le long-métrage Kingu Kongu tai Gojira l'année passée sans pour autant aller plus loin. Pour cette entrée en matière qui débouchera peut-être (très certainement, même, je l'espère) sur un cycle, j'ai décidé de commencer par ce que l'on a coutume de nommer désormais un crossover, avec Mosura tai Gojira du grand spécialiste en la matière, le cinéaste japonais Ishirō Honda, celui qui par conséquent donna vie à deux des plus célèbres pourvoyeurs de Tokusatsu du type Kaijū eiga sur grand écran dès le milieu des années 1950 : d'un côté, Godzilla, un immense reptile préhistorique endormi s'éveillant au contact de radiations nucléaires provoquées par des essais militaires (l'ombre d'Hiroshima et de Nagasaki plane très fortement sur l’œuvre du cinéaste) et capable d'utiliser un souffle atomique dévastant tout sur son passage, et dont l'utilisation est consécutive au scintillement de son épine dorsale. De l'autre, Mothra, un papillon gigantesque (sic!) dont l'arme la plus efficace est la dispersion dans l'air d'un pollen empoisonné. Contrairement à la majorité des monstres géants créés par la maison de production japonaise Toho, Mothra est l'une des rares figures bienfaitrices du genre Kaijū eiga, à part en de très rares occasions.

Nés sur grand écran à quelques années d'intervalles (Godzilla en 1954 et Mothra en 1961), ces deux monuments du cinéma asiatique, véritables portes-drapeaux de la culture japonaise, s'affrontent donc pour la première fois au cinéma en 1964. Le grand méchant y étant bien entendu le premier, quand le second, épaulé par les fées Shobijin (apparues pour la première fois dans la première mouture incarnée par Mothra et dans le rôles desquelles jouèrent déjà les sœurs jumelles Emi et Yumi Itō du groupe pop japonais The Peanuts), servira l'humanité malgré l'attitude de hauts financiers ayant choisi d'ignorer les suppliques des deux fées leur demandant de bien vouloir leur restituer l’œuf de Mothra échoué en mer au début du film afin de l'exploiter dans un parc d'attraction.

Mosura tai Gojira, c'est encore et toujours l'occasion d'exhiber les travers de l'humanité. L'exploitation du nucléaire au détriment de la nature, celle des espèces animales (ici, en l’occurrence, l'oeuf de Mothra, et plus tard, l'immense papillon lui-même). L’œuvre de Ishirō Honda est également l'occasion d'y déployer la force stratégique d'une armée japonaise contrainte de participer à une bataille aux côtés d'une créature parvenue jusqu'au crépuscule de son existence et ce, seulement dès sa seconde apparition sur grand écran. Un Mothra dont l'attitude pacifiste est donc contrecarrée, se muant en une force monstrueuse déclinante face à celle d'un Godzilla ne cessant de croître. A noter que la dite armée se prendra un revers d'anthologie, Mosura tai Gojira ne pouvant, alors, pas être taxé de propagande pro-militaire.

Des points de vue aidés en cela par des effets-spéciaux désuets mais qui à l'époque firent sans aucun doute leur petit effet chez les spectateurs japonais (chez nous, le film ne sortira qu'à l'occasion d'un festival consacré aux longs-métrages de la Toho, et ce, plus de trente ans après en 1995). Ishirō Honda n'y va pas avec le dos de la cuillère, de la technique la plus simple et par conséquent, la moins « gracieuse » (un acteur est planqué sous le costume plutôt rigide de Godzilla), jusqu'à la conception de nombreuses maquettes (d'immenses meubles pour l'appartement dans lequel apparaissent les fées Shobijin pour la première fois, et une ville entièrement reconstituée pour des destructions de masse), en passant par des techniques d'incrustation éprouvées, même si en comparaison, on est encore très loin d'atteindre la perfection d'un The Incredible Shrinking Man signé pourtant sept ans auparavant par le cinéaste américain Jack Arnold. Pour autant, Mosura tai Gojira assure le spectacle de bout en bout. Une confrontation anthologique entre deux monuments de la culture japonaise dont la mort de l'un n'est finalement qu'une étape vers la renaissance...

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