Chefs-d’œuvre,
classiques ou films cultes. Navets, nanars ou séries Z. Cinéma de
genre, bis, ou d'exploitation. Tels sont les avantages du septième
art. Permettre à un public des plus large de trouver de quoi
contenter son appétit en matière de courts, moyens, et
longs-métrages. De la plus petite production jusqu'au dernier
blockbuster. Du scénario le plus simpliste du monde jusqu'à celui
qui nous triturera les méninges durant de longues semaines. The
Brain,
lui, n'aura malheureusement pas la prétention de nous les faire
travailler. Pas même durant les quatre-vingt quatorze minutes qu'il
dure. Traduit chez nous sous le titre
Manipulations,
le film d'Ed Hunt développe des idées intéressantes mais en les
employant sous une forme décevante. Comme si le magma de chairs
informes du Society
de Brian Yuzna avait copulé avec les cosses de Invasion
of the Body Snatchers pour
donner naissance à une entité carnassière qu'aurait accouché un
David Cronenberg fauché, dévorant par la suite hommes et femmes
après d'avoir pris le contrôle de leur esprit. Une créature-cerveau
gigantesque prenant de l'ampleur à chaque fin de repas comme le Blob
d'Irvin S. Yeaworth Jr. Certaines comparaisons (toutes?) sont bien
évidemment grossières mais il fallait bien lui trouver une histoire
à cette petite production datant de 1988. Un long-métrage ambitieux
qui n'arbore malheureusement que les atours du nanar.
Le
récit tourne autour du personnage de Jim Majelewski, un adolescent à
problèmes contraint de passer du collège où il perturbe le bon
fonctionnement de l'établissement (c'est pas moi qui le dit mais son
directeur), à une sorte de clinique expérimentale dans laquelle ont
lieu des tests psychologiques qui s'apparentent surtout à des
manipulations visant à prendre le contrôle du cerveau humain. The
Brain
commence par une très bonne surprise : on y retrouve en effet
l'acteur David Gale, celui-là même qui prêta son inquiétant
faciès dans le Re Animator
de Stuart Gordon trois ans auparavant. Toujours prompt à manipuler
ses semblables, il endosse donc à nouveau la blouse de médecin et
s'attaque directement à leur cerveau en s'imaginant pouvoir en
prendre le contrôle. Des ambitions qui ne demeurent pas à l'échelle
de la petite ville dans laquelle se situe l'intrigue mais bien à
celle de notre planète.
Il
ne faut pas se leurrer. Le film d'Ed Hunt n'ayant pas les moyens de
ses ambitions, le résultat à l'écran s'avère généralement
décevant. Un petit film d'horreur « puant »
littéralement les années quatre-vingt. Mais alors que d'autres ont
bien mieux vieilli et demeurent toujours un plaisir à voir et à
nous replonger dans cette décennie de légende, The
Brain
est aussi laid qu'un téléfilm de petite catégorie diffusé un
dimanche après-midi. L'univers y est donc ainsi tristement dépeint.
Comme si les scénaristes de la série Beverly
Hills 90210
avaient décidé pour une fois de se lâcher et de proposer une
version adulte et fauchée de cette manne financière à l'attention
des adolescents. Le héros, confronté à des adultes ignorants (ses
parents sont des légumes, inertes, apathiques, léthargiques,
amorphes, et les flics, de vrais cons), doit faire face à une
situation dramatique dont les enjeux dépassent très largement les
frontières de cette petite localité où habituellement, rien n'a
l'air de bouger. L'une des meilleures idées qu'ait eu le cinéaste
demeure dans l'approche fantastique du sujet. Non pas que le cerveau
monstrueux ait un quelconque intérêt (loin de là, tant il est
kitsch) mais ses exactions génèrent un état de transe inquiétante
chez tous ceux qui regardent à la télé les messages prodigués par
le médecin fou qui aurait pu, ou dû, créer un état d'angoisse
chez le spectateur si seulement Ed Hunt s'en était donné les
moyens. On se prendrait presque à imaginer David Cronenberg revenir
à ses premières amours et signer un remake honorablement financé
de The Brain.
On peut toujours rêver...
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