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mardi 20 novembre 2018

The Brain d'Ed Hunt (1988) - ★★★★★☆☆☆☆☆



Chefs-d’œuvre, classiques ou films cultes. Navets, nanars ou séries Z. Cinéma de genre, bis, ou d'exploitation. Tels sont les avantages du septième art. Permettre à un public des plus large de trouver de quoi contenter son appétit en matière de courts, moyens, et longs-métrages. De la plus petite production jusqu'au dernier blockbuster. Du scénario le plus simpliste du monde jusqu'à celui qui nous triturera les méninges durant de longues semaines. The Brain, lui, n'aura malheureusement pas la prétention de nous les faire travailler. Pas même durant les quatre-vingt quatorze minutes qu'il dure. Traduit chez nous sous le titre Manipulations, le film d'Ed Hunt développe des idées intéressantes mais en les employant sous une forme décevante. Comme si le magma de chairs informes du Society de Brian Yuzna avait copulé avec les cosses de Invasion of the Body Snatchers pour donner naissance à une entité carnassière qu'aurait accouché un David Cronenberg fauché, dévorant par la suite hommes et femmes après d'avoir pris le contrôle de leur esprit. Une créature-cerveau gigantesque prenant de l'ampleur à chaque fin de repas comme le Blob d'Irvin S. Yeaworth Jr. Certaines comparaisons (toutes?) sont bien évidemment grossières mais il fallait bien lui trouver une histoire à cette petite production datant de 1988. Un long-métrage ambitieux qui n'arbore malheureusement que les atours du nanar.

Le récit tourne autour du personnage de Jim Majelewski, un adolescent à problèmes contraint de passer du collège où il perturbe le bon fonctionnement de l'établissement (c'est pas moi qui le dit mais son directeur), à une sorte de clinique expérimentale dans laquelle ont lieu des tests psychologiques qui s'apparentent surtout à des manipulations visant à prendre le contrôle du cerveau humain. The Brain commence par une très bonne surprise : on y retrouve en effet l'acteur David Gale, celui-là même qui prêta son inquiétant faciès dans le Re Animator de Stuart Gordon trois ans auparavant. Toujours prompt à manipuler ses semblables, il endosse donc à nouveau la blouse de médecin et s'attaque directement à leur cerveau en s'imaginant pouvoir en prendre le contrôle. Des ambitions qui ne demeurent pas à l'échelle de la petite ville dans laquelle se situe l'intrigue mais bien à celle de notre planète.

Il ne faut pas se leurrer. Le film d'Ed Hunt n'ayant pas les moyens de ses ambitions, le résultat à l'écran s'avère généralement décevant. Un petit film d'horreur « puant » littéralement les années quatre-vingt. Mais alors que d'autres ont bien mieux vieilli et demeurent toujours un plaisir à voir et à nous replonger dans cette décennie de légende, The Brain est aussi laid qu'un téléfilm de petite catégorie diffusé un dimanche après-midi. L'univers y est donc ainsi tristement dépeint. Comme si les scénaristes de la série Beverly Hills 90210 avaient décidé pour une fois de se lâcher et de proposer une version adulte et fauchée de cette manne financière à l'attention des adolescents. Le héros, confronté à des adultes ignorants (ses parents sont des légumes, inertes, apathiques, léthargiques, amorphes, et les flics, de vrais cons), doit faire face à une situation dramatique dont les enjeux dépassent très largement les frontières de cette petite localité où habituellement, rien n'a l'air de bouger. L'une des meilleures idées qu'ait eu le cinéaste demeure dans l'approche fantastique du sujet. Non pas que le cerveau monstrueux ait un quelconque intérêt (loin de là, tant il est kitsch) mais ses exactions génèrent un état de transe inquiétante chez tous ceux qui regardent à la télé les messages prodigués par le médecin fou qui aurait pu, ou dû, créer un état d'angoisse chez le spectateur si seulement Ed Hunt s'en était donné les moyens. On se prendrait presque à imaginer David Cronenberg revenir à ses premières amours et signer un remake honorablement financé de The Brain. On peut toujours rêver...

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