Roger Corman, Ray Milland
et Edgar Allan Poe réunit tous les trois sous la bannière de
l'épouvante avec The Premature Burial,
réalisé par le premier, interprété par le second, et inspiré
d'une nouvelle éponyme écrite et publiée en 1844 par le troisième.
Alors que Roger Corman pense tout d'abord à l'acteur Vincent Price
pour interpréter le rôle de Guy Carrell (le cinéaste et l'acteur
ayant déjà collaboré ensemble sur deux adaptations de l'écrivain),
celui-ci est sous contrat avec American
International Pictures
et ne peut donc accepter de jouer le personnage qui sera alors confié
à Ray Milland, une autre icône du septième art, peut-être moins
connue des amateurs d'épouvante mais qui a cependant joué dans des
œuvres marquantes, telles L'Horrible cas du
Docteur X (signé
un an plus tard, toujours par Roger Corman), ou encore l'improbable
long-métrage de blaxploitation
The Thing with Two Heads
de Lee Frost. The Premature Burial
met en scène l'aristocrate britannique Guy Carrel à l'époque
victorienne, dont la hantise est d'être enterré vivant. Une
véritable obsession qui prendra la forme d'un mausolée construit
de ses propres mains et à l'intérieur de laquelle il a aménagé un
ensemble de systèmes lui permettant de fuir les lieux au cas où il
y serait enfermé par erreur. Car Guy Carrel est victime d'un trouble
qui touchait déjà son père : en effet, il lui arrive de
perdre conscience et de se retrouver dans un état de catalepsie
pouvant conduire les médecins à le croire mort. Il affirme
d'ailleurs à qui veut l'entendre que tout petit, il entendit son
père crier de sa tombe le jour de son enterrement. Un fait qui n'a
jamais été vérifié mais qui depuis, ne cesse de le hanter. Très
amoureuse de lui, Emily Gault désespère de ne pouvoir l'épouser.
Jusqu'au jour où Guy accepte enfin de lui mettre la bague au
doigt...
Une
très belle demeure et un cimetière nappé d'une brume permanente,
voilà le décor qui sert de cadre à The
Premature Burial.
Qui plus qu'un simple film fantastique et d'épouvante et une
machination orchestrée contre le propriétaire d'une maison où vit
également sa sœur, Kate (Heather Angel) et leur domestique. L'on y
croise le docteur Gideon Gault (Alan Napier), frère d’Émilie et
inventeur de génie travaillant sur l'électricité, le collègue de
celui-ci, un certain Miles Archer (Richard Ney), ainsi que deux
fossoyeurs qui contrairement aux habitudes du métier délogent les
cadavres de leur tombe (ces derniers évoquant sensiblement les
méfaits macabres du duo de criminels Burke et Hare ayant sévit dans
les années 1820) au bénéfice du docteur Gault qui mène ainsi sur
eux ses expériences. The Premature Burial mêle
aussi bien la thématique abordée dans Frankenstein
ou le Prométhée moderne
de Mary Shelley que celui du zombie sortant de sa tombe après y
avoir séjourné un court moment. L’œuvre de Roger Corman et aussi
et surtout le récit d'une machination orchestrée de manière si
habile qu'il faudra requérir l'explication finale pour enfin
savoir le vrai du faux.
Dans
un style très
« Hammer Films »,
Roger Corman réalise une œuvre romanesque viciée par l'avarice et
nantie d'une séquence onirique qui dénote avec l'esthétisme
général de The Premature Burial.
En effet, face au trouble de son principal personnage, le cinéaste
évoque la pire de ses craintes à travers une scène presque...
psychédélique. Si dans le meilleur des cas, le casting semble
infaillible, l'actrice Hazel Court qui campe le personnage d'Emily
Gault montre très vite ses limites. Contrairement à l'une des rares
autres représentantes de la gente féminine en la personne de
Heather Angel dont le jeu est empli d’ambiguïté. Une excellente
surprise et un vrai plaisir de retrouver Ray Milland dans le rôle
principal...
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