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dimanche 18 novembre 2018

Sobibor de Konstantin Khabenskiy (2018) - ★★★★★★☆☆☆☆



S'il faut distinguer les camps de concentrations des camps de la mort (les premiers furent des centres de détention tandis que les seconds servaient de centres d'extermination de grande ampleur), tous ont inspiré nombre de cinéastes, qui sous la forme de fictions, qui sous celle du documentaire ont apporté un témoignage poignant sur l'un des faits les plus marquants de l'histoire de l'humanité. Les camps d'extermination furent très officiellement considérés au nombre de six : Belzec, dans le département de Lublin en Pologne, puis un peu plus au nord, celui de Madjanek, et encore au dessus, celui de Treblinka. Vient ensuite celui de Chelmno, situé dans le village de Chelmno nad Nerem. À environs cinquante kilomètres à l'ouest de Cracovie fut construit le plus grand, et malheureusement, le plus célèbre d'entre eux : Auschwitz. Quand au Camp d'extermination de Sobibor, il fut construit dans la région du Gouvernement général de Pologne, proche des frontières de l'Ukraine et de la Biélorussie. C'est en 2018 que le cinéaste russe Konstantin Khabenskiy se penche sur l'histoire de ces hommes et de ces femmes qui tentèrent de fuir l'un des camps dans lesquels hommes, femmes, et enfants, sans distinction d'âges, et par centaines de milliers, furent gazés simplement parce qu'ils étaient juifs.

Sobrement intitulé Sobibor, ce long-métrage d'un peu moins de deux heures ne fut cependant pas la première tentative de témoignage puisque le cinéaste français Claude Lanzmann réalisa en 2001 le documentaire Sobibor, 14 Octobre 1943, 16 Heures. Bien avant lui, la télévision nous offrit également le téléfilm fleuve de Jack Gold Les Rescapés de Sobibor. Une excellente fiction de près de trois heures relatant les conditions de vies des prisonniers du camp d'extermination de Sobibor, quelques semaines avant leur évasion. Une réelle réussite magistralement interprétée par des actrices et des acteurs se fondant littéralement dans leur personnage, que ces derniers aient appartenu à l'occupant ou aux prisonniers. Difficile donc d'imaginer retourner dans ce sinistre camp un peu plus de trente ans après le téléfilm de Jack Gold inspiré par l'ouvrage de Thomas Blatt (survivant du camp de Sobibor) et d'y espérer ressentir la même émotion. Un projet ambitieux et périlleux que le cinéaste russe tente pourtant de mener à bien.

Plutôt efficace, Sobibor souffre malgré tout de défauts rédhibitoires qui le condamnent à n'être qu'une pâle copie des Rescapés de Sobibor. Bien que Konstantin Khabenskiy parvienne à créer une œuvre crépusculaire qui joue essentiellement sur l'obscurité, la brume et des teintes désaturées, son film souffre d'un manque de caractérisation sans doute dû à sa durée revue à la baisse en comparaison du téléfilm de Jack Gold qui lui, prenait le temps qu'il fallait pour rendre ses personnages formidablement attachants. Des personnages ayant véritablement existé, le cinéaste reprend à son tour ceux des prisonniers russes Luka (ici incarnée par Felice Jankel), et surtout Alexander « Sasha » Pechersky, véritable héros de cette histoire. Un homme déchiré, qui débarque à Sobibor après la tentative d'évasion échouée du camp de travail de Minsk qui a fait de nombreux morts. Intellectuellement affaibli, lui et ses hommes se retrouvent face à des prisonniers résignés qui craignent tant pour leur existence qu'ils ont du mal à accepter l'idée d'une évasion, doutant ainsi de la sincérité des nouveaux venus.

Incarné par le réalisateur lui-même, ce personnage est l'un des rares à être véritablement attachant. Du côtés des allemands, le cinéaste n'est logiquement pas tendre avec des officiers monstrueusement sadiques à la tête desquels nous retrouvons un Christophe Lambert inhabituel dans le rôle de Karl Frenzel. Un monstre de froideur tandis que ses subordonnés tuent et humilient les prisonniers sans raison. Juste pour le plaisir. Contrairement à Jack Gold qui avait choisi avec pudeur de ne pas nous montrer directement le sort accordé aux prisonniers lors de la fameuse scène de douche pourtant terriblement évocatrice, Konstantin Khabenskiy, lui, choisit au contraire de ne rien nous épargner lors du gazage de dizaines de femmes dont la mort assure le spectacle d'un officier allemand derrière le regard glauque et borgne d'une lucarne. Atteignant son paroxysme lors d'un banquet d'un genre très particulier la veille de l'évasion du camp, l'horreur arrive à son point culminant où le prisonnier n'est guère plus mal traîté qu'un cheval de course lors d'une simulation de course de chars dont plusieurs juifs, pas suffisamment rapides, sont froidement abattus par des officiers allemands enivrés.

Esthétiquement, Sobibor se révèle intéressant, son auteur ayant choisi une lumière et des couleurs qui évitent tout sentiment d'apaisement. Même lorsque les prisonniers bénéficient de quelques heures de repos, le climat demeure sinistre et le danger immédiat, révélé par une présence allemande terriblement hostile. Mais n'est pas Gold, Polanski, Klimov ou Spielberg qui veut : car quoi que la présence du film de Konstantin Khabenskiy soit honorable, celui-ci est mineur, surtout si on le compare aux Rescapés de Sobibor, au Pianiste, à Requiem pour un Massacre ou à La Liste de Schindler...

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