La Presseuse
Diabolique. Tel est le nom donné en France à The
Mangler, onzième long-métrage que le cinéaste Tobe Hooper
signa en 1995. Une presseuse ? Une essoreuse, plutôt. Du moins,
les personnages de cette ignominie ont-il pris communément
l'habitude de nous suriner les tympans en l'appelant ainsi. Et quand
bien même, l'une dans l'autre, presseuse, essoreuse, ou pourquoi
pas, broyeuse, sont des traductions mensongères. On pourra toujours
supputer qu'une presseuse, ça le fait beaucoup mieux qu'une
essoreuse. Alors pourquoi avoir donné ce titre chez nous, en France,
et avoir laissé les doubleurs rectifier l'appellation de la
diabolique machine qui est au cœur de l'intrigue en la nommant
essoreuse ? J'ai tendance à me méfier, moi, de ces titres
déviants qui n'évoquent pas toujours le contenu d'une œuvre
cinématographique. Cela me rappelle un peu trop souvent ces vieilles
cassettes vidéos qui nous promettaient monts et merveilles à l'aide
d'accroches picturales qui n'avaient rien de commun avec le contenu
de l’œuvre imprimée sur bande magnétique. S'il est un fait,
pourtant, ici, c'est que le long-métrage est bien une adaptation
d'une courte nouvelle écrite par Stephen King en 1978. Faisant
partie du recueil Danse Macabre, elle a été publiée pour la
première fois aux États-Unis six ans auparavant dans le magasine de
presse masculine érotique, Cavalier.
C'est la seconde fois que
le cinéaste Tobe Hooper engage l'acteur Robert Englund(le gentil extraterrestre Willy de la série originale V et le sinistre tueur d'enfants Freddy Krugger) sur un
plateau de tournage après le nullissime Night Terrors
qu'il réalisa deux ans plus tôt. Grimé en vieillard dont les
jambes sont engoncées dans une armature métallique, son personnage,
William 'Bill' Gartley, est le propriétaire d'une blanchisserie dont
le cœur est une immense presseuse à vapeur. La nièce du
propriétaire s'y blesse un jour. Dès lors, les accidents se
multiplient. L'une des plus anciennes employées est littéralement
avalée par la machine et ressort en bout de chaîne à l'état de
viande hachée. Plus tard, ce sont trois autre employées qui sont
victimes de brûlures au troisième degré. Le plus fidèle
collaborateur de Gartley a beau lui conseiller d'arrêter la machine,
ce dernier ne veut rien entendre.
La
police enquête sur l'étrange série de meurtres. Les investigations
sont à la charge d'un certain John Hunton, inspecteur de police.
Veuf, Hunton est épaulé bien malgré lui par son beau-frère Mark
Jackson qui lui inspire une idée pour le moins curieuse : selon
lui, la machine pourrait être possédée. Mais alors que Hunton
dénigre les propos de Jackson, des événements vont lui prouver que
son beau-frère n'a peut-être pas tout à fait tort. ..
Voilà
pour l'intrigue. Concernant le reste, vous êtes priés de passer
votre chemin sous peine de ressentir quelques nausées à la vue de
cette engeance indigne de l'auteur de Massacre à la
Tronçonneuse, premier du
nom. The Mangler
est effectivement un film Z duquel il n'y a rien de positif à
extraire. Pas même Ted Levine qui, le pauvre, fait ce qu'on lui
demande. Et dire que quatre années auparavant il incarna l'effrayant
Jame « Buffalo Bill » Gumb dans Le Silence
des Agneaux de Jonathan
Demme et qu'entre 2002 et 2009 il allait consacrer en grande partie
sa carrière d'acteur à la série Monk
en interprétant le rôle du capitaine Leland Stottemeyer. The
Mangler n'a
donc rien pour lui. Les effets gore tant attendus se comptent sur les
doigts d'une seule main, la réalisation est fainéante, les décors
abominablement laids, l'interprétation tout juste acceptable, et
comme si cela ne suffisait pas, pauvre français que nous sommes, le
doublage est souvent catastrophique. L'image pique les yeux. The
Mangler
a tout du segment fantastique d'une série télé du genre Au-Delà
du Réel : L'aventure Continue.
Et dire que des américains se sont laissés piéger en allant le
voir au cinéma. Chez nous, fort heureusement, le film est
directement sorti en DVD. Pas battage médiatique, donc, et c'est
tant mieux. Et dire qu'une fausse suite a été réalisée sept ans
plus tard par le canadien Michael Hamilton-Wright. Un vrai suicide
commercial qui, pourtant, risque de générer de la curiosité.
Est-il possible de faire mieux, c'est à dire pire, que l’œuvre de
Tobe Hooper ? La réponse dans les jours qui viennent... ou
peut-être pas finalement...
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