Mince alors ! Non
pas 28 jours, 28 semaines ou 28 mois après le premier épisode mais
seulement 10 jours, nous découvrons enfin 28 Semaines Plus
tard, œuvre signée par le cinéaste espagnol Juan Carlos
Fresnadillo faisant directement suite à la bombe 28 Jours Plus
tard du talentueux cinéaste britannique Danny Boyle. Nous en
attendions beaucoup, et même, peut-être un peu trop de cette suite
trouvée dans un vide-grenier pour seulement deux petits euros. Le
film vaut ces quelques pièces de monnaies déboursées sans même
que nous ayons eu besoin de réfléchir au bien fondé de cette
action. Il nous en aurait coûté quelques euros de plus que nous
n'aurions sans doute pas été aussi cléments. Indulgents ? Oui,
parce que contrairement à la presse et une large partie des
critiques du dimanche qui comme nous pullulent sur le net, nous
n'avons pas aimé le film de l'espagnol au point de lui octroyer le
terme de chef-d’œuvre.
"Dans
sa noirceur absolue, 28 Semaines Plus Tard entraine le genre
vers des cimes visionnaires."
C'est
donc ainsi que décrit le film l'excellent magazine Mad
Movies qui, ici, s'emporte
quelque peu. Une remarque qui colle en réalité plus au film de
Danny Boyle qu'à celui de Juan Carlos Fresnadillo qui ne parvient
jamais vraiment à rendre son œuvre aussi sombre et pessimiste que
que celle de l'anglais qui œuvre dans le genre horrifique et lui
donne de belles lettres de noblesse à travers un visuel remarquable.
Fresnadillo et son 28 Semaines Plus Tard,
c'est un peu James Cameron et son Aliens.
Les deux hommes transforment en effet deux œuvres majeures du
fantastique et de la science-fiction pour en faire des films musclés
où le
"militaire" prend
l'ascendant sur tout le reste. D'une œuvre presque intimiste où
l'interprétation avait autant d'importance que le scénario, la mise
en scène ou les effets-spéciaux, Juan Carlos Fresnadillo ne
retient que la substantifique moelle, laquelle se retrouve noyée
sous un flot permanents de scènes d'actions orchestrées par une
équipe un peu trop souvent atteinte de Parkinson.
La
tension est présente, certes. L'espagnol renouvelle l'exceptionnelle
noirceur qui recouvrait déjà d'une chape de plomb le film de Danny
Boyle. Aussi, oui. Mais alors que 28
Jours Plus tard
appartient à une catégorie de films œuvrant dans un registre porté
par l'ambition d'une esthétique picturale que l'on retrouve
notamment chez certains peintres de la renaissance, 28
Semaines Plus tard est
beaucoup trop musclé, beaucoup trop nerveux pour laisser le temps au
spectateur de contempler le naufrage dont est victime l'humanité,
prise dans l'étau infectés-militaires. La fameuse scène de la
ville mise à feu et à sang par l'armée, qui balance sans la
moindre gêne des bombes au napalm, est significative de ce montage
fait dans l'urgence et qui balaie la poésie morbide de ces humains
brûlés par des souffles incendiaires. On aurait aimé que ces
vision apocalyptiques durent et qu'elles ne soient pas aussi vite
expédiées.
"Le
meilleur film de zombies depuis trente ans"
Le magazine Première définie donc ainsi le film
de Juan Carlos Fresnadillo. Soit le critique responsable de cette
monumentale bévue n'a jamais rien vu d'autre que les derniers volets
de ce qui, jusqu'à aujourd'hui, ne demeure encore "que"
l'octalogie de George Romero, soit le bonhomme est d'une clairvoyance
commune à l'auteur de l'article que vous êtes en train de lire. Car
en effet, bien que la frontière entre infectés et zombie est
parfois ambiguë dans le film de Danny Boyle, cette fois-ci,
certaines morts nous poussent à penser que la limite entre les deux
a été franchie. Des corps totalement dévastés capables de se
mouvoir, cela ne vous rappelle-t-il rien ?
On retiendra également que le film de l'espagnol ne
retient pas de véritable premier rôle. Il se débarrasse très vite
Robert Carlyle de son statut de héros pour en faire un zombie
décidément prêt à en découvre avec les siens puisqu'il
persiste à apparaître chaque fois que l'on ne s'y attend pas. Un
tel acharnement finit par devenir risible, décrédibilisant ainsi
l’œuvre dans son ensemble. 28 Semaines Plus tard n'est
définitivement pas le meilleur film de zombie des trente dernières
années. Il n'en demeure pas moins un bon film de genre. Certains
semblent même le préférer au premier, ce qui n'est pas le cas ici.
Depuis quelques années des bruits courent sur un troisième épisode.
Des propos tenus récemment par le scénariste Alex Garland laissent
donc présager un troisième volet dont, pour le moment, nous ne
détenons aucune information...
Que rajouter de plus ? Je suis en accord parfait avec ce que tu as décrit dans ta brillante analyse... !
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