William Friedkin semble
décidément obsédé par la question de l'individu et de sa
possession par une entité diabolique. En 1973, il réalise
L'exorciste
après avoir entendu parler de deux cas avérés de possessions
démoniaques dont l'un sera à l'origine du roman éponyme écrit
par William Peter Blatty en 1971. En 2019, le réalisateur américain
reviendra à travers le documentaire du suisse Alexandre O. Philippe
sur le tournage de son fameux long-métrage en nous gratifiant de
nombreuses anecdotes. Mais deux ans auparavant, il fut lui-même
l'auteur d'un documentaire intitulé The Devil and Father
Amorth.
L'occasion pour William Friedkin de revenir une fois supplémentaire
sur les différents lieux de tournage situés aux États-Unis, et
plus précisément dans le quartier de Georgetown à Washington où
l'on reconnaîtra malgré quelques changements, la maison qui servit
de décor principal à Chris McNell et sa fille Regan, l'escalier au
pied duquel viendra mourir le père Damien Karras depuis surnommé
L'escalier de l'exorciste (''The
Exorcist Steps'')
ou encore l'impressionnante université de Georgetown qui apparaît
pour la première fois ) l'écran lorsque la mère de Regan tourne le
nouveau film de son réalisateur et ami Burke Dennings (l'acteur
irlandais Jack McGowran). William Friedkin nous invité ensuite à
découvrir la demeure où fut pratiqué par le pasteur Luther Miles
Schulze et plusieurs autres prêtres un exorcisme sur un adolescent
de quatorze ans seulement. Intervient alors l'auteur du roman,
William Peter Blatty qui revient sur sa détermination à écrire un
ouvrage non fictionnel sur le cas de ce jeune garçon...
William
Friedkin évoque ensuite le père Gabriele Amorth, ancien résistant
de l'armée italienne auquel il propose une rencontre. Fan de
L'exorciste,
celui-ci finit par accepter avant d'avoir tout de même réfléchi à
la question. Après avoir pratiqué huit exorcismes sur la personne
de Cristina, une habitante de Venafro, une petite commune italienne
située dans la province d'Isernia, le père Amorth accède à la
demande William Friedkin qui aimerait filmer le prochain exorcisme de
Cristina qui est prévu dans les jours prochains. Mais si le père
Amorth accepte la présence du réalisateur américain, ce sera sous
deux conditions : aucune équipe de tournage et aucun système
d'éclairage ne lui seront accordés. C'est donc pour l'auteur de
Sorcerer
ou de Cruising
l'occasion de tourner armé d'une petite caméra numérique. Après
avoir reçu les témoignages de Nadia Vizzacchero, elle-même
exorcisée dix ans auparavant par le père Amorth, ainsi que celui de
son frère Paolo, William Friedkin part à la rencontre de Cristina
afin de l'interroger sur ses rapports avec celui qui bientôt va
pratiquer sur elle son neuvième exorcisme. Durant presque vingt
minutes l'on assiste alors au dit exorcisme, le père Amorth étant
entouré des membres de la famille de Cristina ainsi que de plusieurs
individus venus les soutenir dans cette épreuve et parmi lesquels se
trouve en outre le propre compagnon de sa ''patiente''... Si
l'on compare l'événement à ceux qui se produisirent
quarante-quatre ans auparavant dans L'exorciste,
ce témoignage vidéo d'un authentique exorcisme peut évidemment
sembler bien dérisoire à côté des horreurs qui furent notamment
proférées par la jeune Regan ou par rapport aux événements
surnaturels qui s'enchaînèrent à l'époque lors du récit. Ne
rêvons pas...
Comme
on s'en doute bien avant d'avoir même lancé la projection, on ne
s'attend pas à voir le visage de Cristina se transformer (même si,
semble-t-il, celle-ci pâlit à vue d’œil et arbore un visage
grimaçant) ni même à la voir s'élever comme par miracle dans les
airs dans la même position horizontale que Linda Blair dans le
long-métrage. Pourtant, il y a bien un détail intéressant que ne
semblent cependant pas avoir retenu ni les témoins de la scène, ni
William Friedkin. Car en effet, la voix de Cristina change lors de
ses phases d'hystérie et de convulsions. Non pas qu'elle change
simplement de timbre mais on a la nette impression que deux ou trois
entités s'adressent au père Amorth en simultané. Alors,
effet-spécial sonore ajouté en post-production ou cas avéré de
possession démoniaque ? Quelques spécialistes viennent ensuite
apporter leur contribution sur le sujet au titre desquels le
neurochirurgien Neil Martin du centre médical de l'université de
Californie de Los Angeles ou le professeur de neurochirurgie du
centre médical de Tel Aviv en Israël, Itzhak Fried. En mêlant
science, religion et surnaturel, William Friedkin s'offre à l'époque
l'occasion de fêter les quarante-cinq ans de son chef-d’œuvre
avec la diffusion sur Netflix
de ce documentaire plus drôle qu'effrayant. Une curiosité que les
fans du réalisateur auront l'avidité de découvrir afin de
compléter la carrière de William Friedkin. D'abord intriguant,
voire même passionnant lorsque le réalisateur revient sur les lieux
de tournage de L'exorciste,
le documentaire s'avère surtout très bavard et un peu longuet
(malgré sa courte durée n'excédant l'heure que de très peu). Une
chose est sûre: ceux qui croient en la possession démoniaque seront
confortés dans leurs convictions par les images de l'exorcisme
qu'ils découvriront tandis que les sceptiques continueront sans
doute de nier le phénomène...
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