Dix ans déjà... dix ans
que j'ai débuté l'écriture d'un article consacré à Rampage
de William Friedkin et auquel je m'était promis de donner une suite.
Mais à quoi bon puisque cette première partie, depuis jetées aux
ordures, était d'une confondante médiocrité. Comme lâcher dans la
nature une chose aussi péniblement écrite, sans inspiration, comme
si j'avais été l'un de ces modestes critiques nourris à l'école
Allociné.
Dix ans plus tard, j'espère avoir fait quelques progrès et c'est à
l'issue d'une nouvelle projection du long-métrage de l'auteur de
Cruising,
de Killer
Joe
et de Bug
que je me décide enfin à en parler à nouveau. Une œuvre à la
réputation sulfureuse sortie chez nous sous le titre Le
sang du châtiment
puisqu'elle est traitée ici comme s'il s'agissait d'un récit basé
sur un fait divers authentique. Vrai ou faux, qu'elle importance
puisqu'il suffit de citer nombre de serial killers américains pour
trouver de quelconques similitudes entre leurs méfaits et l'histoire
de Charles Reece, tueur en série ayant commis plusieurs meurtres
atroces avant d'être arrêté par la police et d'être condamné à
la peine de mort. À dire vrai, l'intrigue repose en partie sur le
cas de Richard Chase, auteur de six meurtres qui entre le 29 décembre
1977 et le 27 janvier 1979 tua, bu le sang et pratiqua des actes de
cannibalisme sur ses six victimes, la presse finissant ainsi par le
surnommer Le
Vampire
de Sacramento...
Rampage
a
la réputation de posséder deux fins bien distinctes. En effet, le
long-métrage abordant le thème de la peine de mort, il existe une
version dans laquelle le tueur est condamné et une seconde où il
est plus ''simplement'' condamné à la prison à vie. Mais il paraît
évident à l'époque que William Friedkin est pour même si depuis,
il semble s'être ravisé et a été jusqu'à renier le film...
Si
l'on retrouve certains gimmicks chers à William Friedkin (la poupée
de l'enfant du héros tout juste décédé tombant au sol. Un symbole
que l'on retrouve notamment dans L'exorciste
lorsque
un médaillon tombe après le décès de la mère du prêtre Damien
Karras), on a bien du mal à imaginer que ce qui ne s'apparente au
fond qu'à un téléfilm très moyen, format qui cependant parvient
parfois à donner vie à d'excellentes surprises dans un genre
similaire (on pense notamment au génial The
deliberate stranger
réalisé par Marvin J. Chomsky en 1986 et basé sur les horreurs
commises par l'un des plus célèbres tueurs en série américains,
Ted Bundy), soit l’œuvre de William Friedkin. Un film dont le
musicien Ennio Morricone n'est lui-même pas parvenu à rehausser le
niveau puisqu'à cette occasion il a produit parmi ses pires
compositions. De la soupe auditive indigne du maître italien et une
mise en scène inconcevable de la part du réalisateur américain...
Contrairement à The
Hunted
qu'il réalisera seize ans plus tard en 2003, William Friedkin ne
s'intéresse non pas majoritairement à la traque du tueur par un
district attorney fraîchement débarqué (l'acteur Michael Biehn que
l'on a pu notamment voir dans Terminator
et Abyss
de James Cameron) mais davantage au cas de conscience que suscite la
question de la peine de mort. Un sujet évoqué bien avant que le
tueur soit derrière les barreaux et plus précisément évoqué lors
de son procès. Une prise de position de la part du réalisateur ?
Peut-être, oui, mais le contraire est possible puisque l'on peut se
demander si son approche ici du sujet en font forcément un fervent
défenseur de la peine de mort...
Il
n'est pas rare, surtout à l'époque, que des œuvres
cinématographiques soient en partie ruinées par le doublage
approximatif qui résulte comme dans le cas présent d'une traduction
parfois piteuse. Et celle notamment de l'acteur Michael Biehn qui
interprète le district attorney Anthony Fraser. Le timbre de voix
français ne collant absolument pas à la physionomie du personnage,
il sera donc conseillé, comme d'une manière générale d'ailleurs,
de découvrir Rampage
dans sa version originale sous-titrée en français (pour les
anglophobes !). Inspiré par le cas Richard Chase, le tueur incarné
par l'acteur Alex McArthur rappelle en fait surtout celui de Richard
Ramirez, condamné à mort pour avoir violé et tué à de nombreuses
reprises. À l'issue de la projection, on se rend bien compte d'une
chose : que si le film entretient une telle réputation, ça
n'est pas pour ses qualités visuelles ou esthétiques (hein ?
Où ça ? Et, surtout, lesquelles ?) ou son sens de
l'imagination et de l'observation (y'a tellement d'écho dans la
boite à idées qu'elle est forcément vide!). Ni même pour ce
travail de sape que représente le doublage en français réalisé
par quoi... deux ou trois acteurs qui en changeant de timbre semblent
avoir doublé chacun à leur tour deux ou trois personnages
différents (l'épouse du héros et l'une des témoins du procès
sont très clairement doublées par la même actrice). Non... plutôt
parce que William Friedkin a choisi de faire de son personnage
principal un fervent défenseur de la peine de mort. Ce qui dans
l'esprit des gens veut forcément dire que le réalisateur lui-même
EST pour la peine capitale. Malgré la puissance évocatrice du
thème, malgré quelques séquences plutôt ''saignantes'', l'enquête
policière de Rampage
ne
vaut même pas celle d'un épisode de New
York section criminelle et
le jugement n'égale pas celui d'un procès mené par Perry
Mason.
À dire vrai, l’œuvre de William Friedkin ressemble davantage à
une entreprise d'auto-destruction comme le prouvent également la
mise en scène ''plan-plan'', la partition musicale d'Ennio Morricone
ou l'incarnation de Michael Biehn qui personnifie un Anthony Fraser
bien trop lisse ou en tout cas, bien moins charismatique qu'un Kyle
Reese ou un Hiram Coffey. Une déception...




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