Wouaw ! Un synopsis
d'enfer, Noomi Rapace en vedette ! Et Steven Soderbergh à la
réalisation. Ah non, merde. Erreur de ma part. En fait, si le
coupable de cette tragédie (dans tous les sens du terme) se prénomme
bien Steven lui aussi, son nom à lui est Shainberg, pas Soderbergh.
Si le lapsus a fait effet durant une poignée de secondes, découvrir
Rupture fut à n'en point douter une manière assez
violente de constater que les deux cinéastes n'ont aucun, mais
alors, vraiment aucun point commun si ce n'est leurs origines
américaines. Je brosse me direz-vous ? Je vous répondrai :
MIEUX ! Je brasse... de l'air. Pour mieux faire durer le
suspens. Sinon, pour avoir quelques chose à écrire sur une œuvre
qui ne mérite certainement pas que l'on se penche trop sur son
contenu. Car le film de Shainberg est une navrante copie. De tout un
tas de longs-métrages. De Body Snatchers d'Abel
Ferrara tout en passant en revue tous les cas d'abductions présentés
aux cinéma. Voilà, l'info est lâchée. Les spoilers se sont enfuis
et parcourent désormais librement cet article qui, je l'espère,
saura vous raisonner bien avant que vous ayez eu la malchance
d'obtenir une copie numérique de ce petit film aux prétentions
surévaluées.
Noomi Rapace a beau être
une excellente actrice, son interprétation ne nous aura pas épargné
le désagrément d'assister à une œuvre dont l'accroche ne demeure
finalement que de la poudre aux yeux. Car sur l'écran, le résultat
de l'adaptation de ce qui était à l'origine un scénario inspiré
par le cinéaste lui-même et écrit par Brian Nelson laisse le
spectateur indécis. Comme il n'est pas coutume de le faire dans ce
genre d'intervention, je commencerai par la fin, qui pour moi laisse
une large place à l'interrogation. L'amour plus fort que...
l'instinct primitif du gène ? Ou bien erreur flagrante commise
par un cinéaste qui s'est endormi sur son propre script ? La
question étant posée, j'ai presque envie d'y répondre alors même
que j'ai la certitude qu'elle mêle en une seule réponse, les deux
interrogations. En bref, Steven Shainberg semble avoir fait le pari
de conserver les émotions chez une femme qui pourtant devrait en
être dénuée. N'en avons-nous d'ailleurs pas eu la preuve lors
d'une scène prodigieusement ratée durant laquelle sa transformation
physique prouvait définitivement son asservissement à l'espèce
responsable de son abduction ?
A part cela, le film
dresse en accéléré le portrait d'une famille éclatée. Quelques
minutes seulement et donc insuffisantes pour s'attacher aux
personnages. Noomi rapace en mère de famille désabusée lorsqu'elle
est enlevée par une étrange organisation qui la bâillonne et
l'enferme à l'arrière d'un semi-remorque. De longues heures de
route sans qu'elle ne sache à aucun moment où ses kidnappeurs
l'emportent. Résultat : la belle échoue dans un étrange
bâtiment plongé dans une lumière perpétuellement glauque. Un
univers très 'hostelien' où l'on s'attend à voir défiler
de vieux pervers ivres de pouvoir exercer sur la jeune femme leurs
fantasmes de bouchers ou de chirurgiens déchus. Pourtant, rien de
cela. Ou pas vraiment, en tout cas. Non, rien que des individus
louches que l'héroïne comprend être en mesure de la faire passer
vers un état supérieur de conscience. Elle n'est pas seule à
souffrir de l'absence d'information. Mais en mère courageuse
désirant revoir son enfant, elle va user de son savoir-faire ( et du
cutter qu'elle cache dans l'une de ses chaussettes) pour fuir le
cauchemar dans lequel elle est tombée...
Voilà pour l'histoire.
Passionnante, me direz-vous ? Et bien non. Car le film s'enferme
dans un huis-clos (genre au demeurant excellent) beaucoup trop lent
et pesant. On finit par bailler au cornet devant le calvaire (c'est
un comble) du personnage incarné par Noomi Rapace. Sa solitude nous
renvoie à la notre et génère un sentiment d'abandon excessif (la
jeune femme ne pouvant compter sur personne pour s'en sortir) et
parfaitement insupportable. C'est bien simple : j'ai eu, à
plusieurs reprises, l'impression de me retrouver enfermé dans la
chambre d'un ancien camarade qui un jour avait tenté d'explorer mon
intimité... si vous voyez ce que je veux dire. Le genre de sentiment
qui vous donne le tournis et vous laisse à penser que la situation
est inextricable. Rupture provoque
lui-même ce genre de sentiment. Mais alors que l'on rêve à du
spectacle, on se retrouve devant une œuvre portée sur la torpeur de
son personnage et rien d'autre. Un film, au final, terriblement
triste. A ne conseiller qu'aux dépressifs qui ne voudraient surtout
pas manquer leur suicide... !!!
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