Evan n'a plus de famille.
On père est mort depuis quelques années maintenant et sa mère
vient d'être enterrée. Alors qu'il boit un verre en compagnie de
son meilleur et seul ami Tommy, il passe à tabac un homme qui
tentait de s'en prendre à celui-ci. Cherché par la police, le jeune
homme prend la fuite et quitte le sol des États-Unis pour se rendre
en Italie où il fait la connaissance de deux anglais qui lui
proposent de les suivre dans leur pérégrinations. Dès le lendemain
de son arrivée, Evan tombe sous le charme d'une jolie italienne dont
il croie le regard et qu'il retrouve par hasard le soir même
accoudée à un bar. La jeune femme lui propose de laisser tomber ce
qu'il est en train de faire pour la suivre. Evan refuse mais propose
à cette dernière d'accepter de la retrouver le lendemain soir...
Voici donc comment débute
Spring, le nouveau film du duo Justin Benson et Aaron Moorhead. Après
une très alléchante bande-annonce qui laisse augurer d'une œuvre
particulièrement intrigante, il est temps de se ruer sur l'objet et
de voir si les cent neuf minutes qu'il dure valent autant que les
quelques centaines de secondes qui nous ont été offerte en
préambule. Des détails troublants de la bande-annonce (la mère
atteinte d'un cancer et ces quelques plans d'Italie parcourus de
détails sordides s'apparentant à de monstrueuses modifications
corporelles), il en demeure encore tout le choc qu'a pu provoquer
cette dernière.
Si Spring a reçu
quelques prix des plus intéressants dont l'Œil d'Or du meilleur
film au PIFF, l’œuvre de Justin Benson et Aaron Moorhead, comme
n'importe quelle autre, a divisé le public. C'est vrai que le film a
la bonne idée d'aller là où on ne l'attend pas forcément. Il ne
s'agit plus ici que de montrer la seule monstruosité de l'un de ses
protagonistes mais plutôt d'y consacrer l'amour d'un homme et d'une
femme quoiqu'il puisse leur arriver. C'est peut-être aussi pour
cette raison que le film n'atteint pas le degré d'intensité que la
bande-annonce laissait présager. Car oui, Spring est trop
long. Une heure trente aurait largement suffit à nous conter cette
terrible romance parasitée par un mal étrange touchant l'un des
deux protagonistes. Ces vingt minutes de trop noient l’œuvre et
font passer certains passages du film pour une bluette adolescente
plutôt ennuyeuse.
Si dans le fond, Spring
n'est pas un véritablement un pur film d'horreur, il possède en
malgré tout les apparences. Et ce ne sont pas les extraordinaires
décors de Bari, en Italie, qui nous feront oublier de sitôt les
impressionnants effets-spéciaux qui donnent au film une dimension
tout particulière. On n'est pas dans le gore ici. Tout est presque
histoire de suggestion. Peu de plans larges, plutôt des plans
serrés, choisissant ainsi de nous révéler par petites touches la
vérité sur ce que veut taire la jolie Louise. Traité à la manière
d'une maladie (chose devenue presque courante au cinéma, voir
Contracted) le « sortilège » dont est victime la
jeune italienne est l'occasion de pénétrer un univers parfois
morbide. Les cinéastes ont la bonne idée de ne pas user des
artifices actuellement à la mode pour insuffler à leur film une
aura de terreur. L'horreur provient surtout du mélange entre la
romance d'Evan (Lou Taylor Pucci) et Louise (Nadia Hiker), et
l'abomination qui se cache en celle-ci. Le contraste est presque
saisissant.
Justin Benson et Aaron
Moorhead semblent prendre le parti de nous conter avant tout
l'histoire d'amour plus que l'aspect fantastique. Et même si ce
dernier est relativement bien représenté, certains détails
sordides (la scène de douche) auraient pu donner à leur œuvre un
coté « cradingue » bienvenu. On pense parfois au
terrifiant Possession d'Andrzej Zulawski, mais au risque de me
faire des ennemis, j'oserai affirmer que Spring a encore bien
du mal à pouvoir y être comparé. Tout est juste histoire de
goût...
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