Au démarrage du récit,
une voix-off théorise sur la disparition du peuple Maya. Une
hypothèse non définitive selon laquelle, après avoir notamment
vécu durant des milliers d'années sur le site de Tikal, les mayas
quittèrent leurs terres d'origine pour une raison qui demeure
inconnue... A moins que la terrible (et imaginaire) déesse Caltiki
les ai poussé a les abandonner d'eux-mêmes... ? De nos jours
(c'est à dire à la toute fin des années cinquante du siècle
dernier si l'on se réfère à l'année de production du
long-métrage), une équipe de scientifiques s'est justement
regroupée aux abord de l'un des temples de la cité, d'ailleurs
plutôt bien reconstitué à l'image. L'un des archéologues de
l'équipe revient seul d'une expédition qu'il a mené aux côtés de
l'un de ses compagnons. Délirant, Nieto (Arturo Dominici) tente
d'expliquer au reste du groupe qu'il est arrivé quelque chose de
grave à Ulmer. Le docteur John Fielding (l'acteur canadien John
Merivale), son épouse Ellen (l'italienne Didi Perego), Max Gunther
(l'allemand Gérard Herter) et sa compagne Linda (la sicilienne
Daniela Rocca) partent à leur tour là où s'étaient rendus les
deux archéologues afin de retrouver Ulmer et savoir ce qui lui est
arrivé. Sur place, il découvrent dans une vaste grotte, une
représentation de la déesse Caltiki ainsi qu'un bassin dans lequel
lui étaient offerts des hommes en sacrifice. L'un des membres de
l'équipe est chargé de plonger dans le bassin afin d'y trouver
l'hypothétique présence de leur compagnon disparu. Une fois au
fond, l'homme y découvre des restes humains ainsi que de nombreux
trésors dont il fait part de la présence à ses compagnons. Bien
décidé à y retourner une seconde fois afin de prélever l'or et
les bijoux qui reposent au fond du bassin, Bob (l'italien Daniele
Vargas) plonge à nouveau. Mais une fois qu'il remonte à la surface,
ses compagnons découvrent que son visage est entièrement défiguré
comme s'il avait fondu. Pire : à sa suite apparaît à son tour
à la surface une créature hideuse qui attrape le bras de Max
Gunther. John Fielding lui vient alors en aide et donne un coup de
hache à la créature. Emporté d'urgence à l’hôpital, la victime
porte encore sur son bras un résidu de la créature... D'un point de
vue historico-cinématographique, Caltiki, le monstre immortel
est d'une importance que l'on pourrait juger de considérable puisque
si le long-métrage est officiellement l’œuvre du célèbre
réalisateur italien Riccardo Freda, il est également celui d'un
autre illustre cinéaste transalpin qui sur ce projet, l'un de ses
premiers en tant que réalisateur pourtant non crédité, a multiplié
les casquettes. Tout d'abord embauché comme directeur de la
photographie et créateur des effets-spéciaux, Riccardo Freda a
offert à Mario Bava un véritable pont d'or en abandonnant le projet
et en lui confiant le reste de la mise en scène.
Pourtant, le générique
n'évoque que Riccardo Freda à la mise en scène à travers l'usage
de son habituel pseudonyme anglo-saxon,
Peter Hampton, Mario Bava étant relégué aux tâches pour
lesquelles il fut à l'origine employé... Reste aux historiens du
septième art de trancher sur la question mais vue l'implication de
Mario Bava en terme de plans tournés sous sa direction ainsi que son
apport essentiels dans les domaines de l'image et des
effets-spéciaux, on peut considérer que Caltiki,
le monstre immortel
lui appartient en grande partie. Un film qui, si l'on est aussi
pointilleux que bon observateur peut être il est vrai, dans
d'infimes proportions, considéré comme l'initiateur d'un genre qui
fera florès longtemps après et dont les origines officielles
remontent à 1980 avec l'effroyable Cannibal
Holocaust de
cet autre italien qu'est Ruggero Deodato. En effet, la séquence ne
dure qu'une poignée de minutes et pourtant, la découverte de la
caméra d'Ulmer et son visionnage par ses compagnons à leur retour
au camp fait furieusement penser au genre Found-Footage.
Mais peut-être me suis-je un peu trop laissé emporté à cette
idée... Se pose par contre la question des origines de la créature
dont la forme ainsi que les modes d'attaque et d'évolution font
étrangement penser à un tout petit classique de la science-fiction
américaine sorti un peu moins d'un an auparavant aux États-Unis :
Danger planétaire,
également connu sous le titre original, The
Blob.
Difficile de quantifier le degré d'inspiration que généra ce
dernier mais si l'on peut supposer que le long-métrage d'Irvin S.
Yeaworth Jr. Et de Russell S. Doughten Jr. a pu connaître la même
sortie tardive de The Blob
en Italie qu'en France, nous supposerons alors que le scénario de
Riccardo Freda et Filippo Sanjust n'est rien de plus, rien de moins
que le fruit du hasard. Un organisme ici, monocellulaire capable de
se propager par division et aux dimensions qui ne cesseront de
croître. Revenons sur le travail de Mario Bava qui à l'occasion de
ce film a créé un univers remarquablement crédible. Surtout
lorsque l'intrigue se situe sur le site de Tikal. Maquettes, matte
painting, éclairages et photographie font illusion. Caltiki,
le monstre immortel est
en outre doté de quelques plans sanguinolents qui pourraient presque
permettre à ses auteurs de revendiquer le titre de ''Pères
du Gore''
en lieu et place de celui qui est toujours considéré comme le
créateur du genre, le réalisateur américain Herschell Gordon Lewis
dont le mythique Blood Feast
ne sera pourtant réalisé que quatre ans après l’œuvre de
Riccardo Freda et Mario Bava... Notons que parmi les principaux
interprètes, l'acteur allemand Gérard Herter campe un Max Gunther
absolument détestable et dont le comportement préfigure le sort qui
lui sera accordé sur le moyen terme. Après une première partie
exotique remarquable, la suite perd un peu de son intérêt dès lors
que le récit retourne sur des terres plus... occidentales. Le
dépaysement disparaît, le charmes des décors également et
l'intrigue se veut beaucoup plus académique. Une sympathique
surprise malgré tout...
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