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samedi 4 mai 2024

Vermines de Sébastien Vanicek (2023) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Après des années d'humiliation subies par des cinéaste considérant avec insuffisamment de respect ces créatures velues, voici qu'en France le cinéaste Sébastien Vanicek a choisi de se les approprier pour son tout premier long-métrage et d'en faire les vedettes d'un film d'horreur plutôt sympathique. Après un court-métrage mettant en scène un boxeur et un autre consacré à une chienne condamnée à se battre dans des arènes, Vermines parvient à faire de ses petites bêtes plutôt agressives, les antagonistes d'un récit situant son action dans une cité de la banlieue parisienne. L’œuvre s'ouvre tout d'abord sur une séquence située dans un désert de l'Afrique du Nord où des chasseurs d'araignées vont prélever dans son milieu naturel une espèce particulièrement menaçante et venimeuse afin de la vendre à l'exportation. Retour dans l'hexagone où l'on fait ensuite la connaissance de Kaleb (Théo Christine), jeune maghrébin passionné de créatures exotiques qu'il collectionne dans sa chambre. Dans un drugstore tenu par un ami à lui, il découvre dans l'arrière-boutique des animaux d'importation vendus illégalement par le propriétaire des lieux. Notamment intéressé par une araignée, le jeune homme emporte avec lui la créature pour l'ajouter à sa collection... Voici donc comment en quelques instants un insecte particulièrement dangereux va passer de son continent d'origine jusque dans une cité française de la Seine-Saint-Denis du nom d'Arènes de Picasso, à Noisy-le-Grand. Le grand frisson promis par le sujet aura-t-il lieu ? La réponse est... oui. Car que l'on soit ami des arachnides dans leur globalité ou que l'on soit arachnophobes, l'un des principaux soucis de Sébastien Vanicek semble d'avoir cherché à être le plus concis possible au moment de mettre ses ''horribles'' créatures en scène. Ici, le contexte n'est pas propice à la gaudriole comme le sont un certain nombre de longs-métrages mettant en scène des araignées surdimensionnées (Arack Attack) ou cracheuses de lave (Lavantula).


Vermines victimise ses ''proies'', les cloîtrant dans un immeuble tandis que la police les empêche d'en sortir...


Préoccupé d'une part par la vie quotidienne des habitants de cette cité-dortoir où les jeunes imposent leur mode de vie (trafics en tous genres, consommation d'herbe, jeux vidéos, alcool, etc...) et sont en perpétuel affrontement, les ''Wesh'' et ''Frérot'' sont des modes de communication qui pourraient très vite agacer celles et ceux qui ne vivent pas dans le même univers. Pourtant, le virilisme qui caractérise ces jeunes de banlieue en opposition permanente avec l'autorité va être contrecarré par la présence infiniment plus menaçante de dizaines, voire de centaines d'araignées. Si l'on peut au départ adouber avec difficulté ce contexte qui voudrait considérer ces lieux de perdition comme des hectares de terre française abandonnée à la racaille, les flics et les pompiers y sont fort heureusement accueillis non plus avec des jets de pierre mais comme un soutient plus ou moins fragile aux exactions de ces sales bestioles qui décidément s'infiltrent partout et se reproduisent à vitesse grand V ! L'un des points forts et essentiels de Vermines est l'extrême précision avec laquelle le réalisateur et scénariste filme ses créatures. Impossible de demeurer neutre devant les assauts de ces araignées comme en témoigne par exemple la séquence se déroulant dans la salle de bain de Kaleb. Cachées dans l'obscurité, se calfeutrant dans des lieux inaccessibles, se reproduisant en toute impunité pour au final sauter au visage de celles et ceux qui s'approcheraient un peu trop d'elles, il n'est pas rare que l'on sursaute. Et même si de ce point de vue là certains spectateurs demeureront peut-être inertes, il sera sans doute plus difficile encore de ne pas avoir la chair de poule et de ressentir quelques frissons nous parcourir l'échine lors de séquences parfaitement filmées (les bêtes apparaissant alors derrière un rideau de douche, une grille d'aération, dans une boite à chaussure ou sur un mur). Vermines se dresse alors comme le pertinent glossaire d'une peur ancestrale pour laquelle on cherche encore à connaître les origines. Si tant et si bien que l'on en oublierait presque le contexte social dans lequel baigne le long-métrage. Bref, la France se dote ici d'un vrai bon film d'horreur et d'un metteur en scène et scénariste carrément prometteur...


Bon... Y'a quand même moyen d'ajouter un petit billet supplémentaire car le film n'est malheureusement pas exempt de défauts. Si l'on a droit d'intégrer le fait qu'une invasion d'arachnides est possible, il faudrait en revanche nous expliquer pour quelles raisons les dimensions des araignées changent en fonction du territoire qu'elles empiètent. Car si dans leur pays d'origine elles demeurent de dimensions tout à fait réalistes, elles finissent parfois par atteindre une taille invraisemblable chez nous. Par quels moyens ? Nous ne le saurons jamais. Sans doute à cause de la malbouffe qu'ingurgitent leurs victimes ou en raison des drogues qu'ils consomment, qui sait... Ensuite, on pourra reprocher la vision démagogue de Sébastien Vanicek faisant à tour le portrait peu flatteur d'une police violente, allant jusqu'à étrangler l'un des jeunes protagonistes comme lors d'un célèbre fait-divers ayant réellement eu lieu il y a quelques années. L'occasion n'était sans doute pas assez bonne pour que le réalisateur et son scénariste profitent du sujet pour réconcilier les jeunes des cités avec les autorités. Vermines manque en outre de finesse, surtout durant la seconde moitié du récit, bourrin au possible, l'angoisse disparaissant alors progressivement. Quant à l'issue du long-métrage, celle-ci se termine en eau de boudin sans qu'aucune explication ne nous soit apportée quant aux conditions qui ont mené l'Homme à vaincre de la Bête.

 

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