Après des années
d'humiliation subies par des cinéaste considérant avec
insuffisamment de respect ces créatures velues, voici qu'en France
le cinéaste Sébastien Vanicek a choisi de se les approprier pour
son tout premier long-métrage et d'en faire les vedettes d'un film
d'horreur plutôt sympathique. Après un court-métrage mettant en
scène un boxeur et un autre consacré à une chienne condamnée à
se battre dans des arènes, Vermines
parvient à faire de ses petites bêtes plutôt agressives, les
antagonistes d'un récit situant son action dans une cité de la
banlieue parisienne. L’œuvre s'ouvre tout d'abord sur une séquence
située dans un désert de l'Afrique du Nord où des chasseurs
d'araignées vont prélever dans son milieu naturel une espèce
particulièrement menaçante et venimeuse afin de la vendre à
l'exportation. Retour dans l'hexagone où l'on fait ensuite la
connaissance de Kaleb (Théo Christine), jeune maghrébin passionné
de créatures exotiques qu'il collectionne dans sa chambre. Dans un
drugstore tenu par un ami à lui, il découvre dans
l'arrière-boutique des animaux d'importation vendus illégalement
par le propriétaire des lieux. Notamment intéressé par une
araignée, le jeune homme emporte avec lui la créature pour
l'ajouter à sa collection... Voici donc comment en quelques instants
un insecte particulièrement dangereux va passer de son continent
d'origine jusque dans une cité française de la Seine-Saint-Denis du
nom d'Arènes de Picasso, à Noisy-le-Grand. Le grand frisson promis
par le sujet aura-t-il lieu ? La réponse est... oui. Car que
l'on soit ami des arachnides dans leur globalité ou que l'on soit
arachnophobes, l'un des principaux soucis de Sébastien Vanicek
semble d'avoir cherché à être le plus concis possible au moment de
mettre ses ''horribles'' créatures en scène. Ici, le contexte n'est
pas propice à la gaudriole comme le sont un certain nombre de
longs-métrages mettant en scène des araignées surdimensionnées
(Arack Attack)
ou cracheuses de lave (Lavantula).
Vermines victimise ses ''proies'', les cloîtrant dans un immeuble tandis que la police les empêche d'en sortir...
Préoccupé
d'une part par la vie quotidienne des habitants de cette cité-dortoir
où les jeunes imposent leur mode de vie (trafics en tous genres,
consommation d'herbe, jeux vidéos, alcool, etc...) et sont en
perpétuel affrontement, les ''Wesh'' et ''Frérot''
sont des modes de communication qui pourraient très vite agacer
celles et ceux qui ne vivent pas dans le même univers. Pourtant, le
virilisme qui caractérise ces jeunes de banlieue en opposition
permanente avec l'autorité va être contrecarré par la présence
infiniment plus menaçante de dizaines, voire de centaines
d'araignées. Si l'on peut au départ adouber avec difficulté ce
contexte qui voudrait considérer ces lieux de perdition comme des
hectares de terre française abandonnée à la racaille, les flics et
les pompiers y sont fort heureusement accueillis non plus avec des
jets de pierre mais comme un soutient plus ou moins fragile aux
exactions de ces sales bestioles qui décidément s'infiltrent
partout et se reproduisent à vitesse grand V ! L'un des points
forts et essentiels de Vermines
est l'extrême précision avec laquelle le réalisateur et scénariste
filme ses créatures. Impossible de demeurer neutre devant les
assauts de ces araignées comme en témoigne par exemple la séquence
se déroulant dans la salle de bain de Kaleb. Cachées dans
l'obscurité, se calfeutrant dans des lieux inaccessibles, se
reproduisant en toute impunité pour au final sauter au visage de
celles et ceux qui s'approcheraient un peu trop d'elles, il n'est pas
rare que l'on sursaute. Et même si de ce point de vue là certains
spectateurs demeureront peut-être inertes, il sera sans doute plus
difficile encore de ne pas avoir la chair de poule et de ressentir
quelques frissons nous parcourir l'échine lors de séquences
parfaitement filmées (les bêtes apparaissant alors derrière un
rideau de douche, une grille d'aération, dans une boite à chaussure
ou sur un mur). Vermines
se dresse alors comme le pertinent glossaire d'une peur ancestrale
pour laquelle on cherche encore à connaître les origines. Si tant
et si bien que l'on en oublierait presque le contexte social dans
lequel baigne le long-métrage. Bref, la France se dote ici d'un vrai
bon film d'horreur et d'un metteur en scène et scénariste carrément
prometteur...
Bon...
Y'a quand même moyen d'ajouter un petit billet supplémentaire car
le film n'est malheureusement pas exempt de défauts. Si l'on a droit
d'intégrer le fait qu'une invasion d'arachnides est possible, il
faudrait en revanche nous expliquer pour quelles raisons les
dimensions des araignées changent en fonction du territoire qu'elles
empiètent. Car si dans leur pays d'origine elles demeurent de
dimensions tout à fait réalistes, elles finissent parfois par
atteindre une taille invraisemblable chez nous. Par quels moyens ?
Nous ne le saurons jamais. Sans doute à cause de la malbouffe
qu'ingurgitent leurs victimes ou en raison des drogues qu'ils
consomment, qui sait... Ensuite, on pourra reprocher la vision
démagogue de Sébastien Vanicek faisant à tour le portrait peu
flatteur d'une police violente, allant jusqu'à étrangler l'un des
jeunes protagonistes comme lors d'un célèbre fait-divers ayant
réellement eu lieu il y a quelques années. L'occasion n'était sans
doute pas assez bonne pour que le réalisateur et son scénariste
profitent du sujet pour réconcilier les jeunes des cités avec les
autorités. Vermines
manque en outre de finesse, surtout durant la seconde moitié du
récit, bourrin au possible, l'angoisse disparaissant alors
progressivement. Quant à l'issue du long-métrage, celle-ci se
termine en eau de boudin sans qu'aucune explication ne nous soit
apportée quant aux conditions qui ont mené l'Homme à vaincre de la
Bête.
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