La chasse à l'homme au
cinéma est un concept beaucoup plus courant qu'il n'y paraît.
Surtout si l'on regroupe la totalité des slashers et des gialli dans
lesquels celui-ci est la proie d'un tueur en série ou dans les
survivals où il est généralement traqué par un ou plusieurs
individus. La liste est donc longue, très longue, avec son lot de
meurtres plus ou moins caractéristiques. Évacuons les œuvres
faisant appel à un tueur isolé, souvent masqué ou gantés de noir
pour nous concentrer sur un groupe de spécimens malveillants issus
des campagnes françaises ou outre-atlantiques. À titre d'exemple,
l'hexagone aura produit l'un des parangons du genre avec l'excellent
La traque
de Serge Leroy dans lequel une jeune anglaise du nom de Helen Wells
(l'actrice Mimsy Farmer) fut pourchassée par une bande de chasseurs
avinés parmi lesquels, Michael Lonsdale, Michel Constantin ou encore
Philippe Léotard. L'issue était malheureusement fatale pour
l'actrice Mimsy Farmer dont le corps allait disparaître sous les
flots après avoir enduré une terrible épreuve. Aux États-Unis,
les exemples sont multiples. À commencer par Délivrance
de John Boorman, l'un des classiques du genre dans lequel quatre amis
partis faire du canoë le long d'une rivière sauvage allaient faire
une bien mauvaise rencontre. Tout comme dans Sans
retour
de Walter Hill lors duquel des soldats allaient être confrontés à
une bande de culs-terreux vivant dans le bayou de la Louisiane.
Citons également Just Before Dawn
de Jeff Lieberman et plus proche du concept total de chasse à
l'homme, Les chasses du comte Zaroff
d'Ernest B. Schoedsack et Irving Pichel et ses différentes
itérations, telle La chasse sanglante
de Peter Collinson. Parmi la flopée de longs-métrages sur le sujet,
il en est qui s'avèrent nettement moins connus sans pour autant
demeurer inintéressants. C'est le cas de Hunter's
Blood
ou Chasse sanglante
de Robert C. Hughes. Premier long-métrage du réalisateur américain
signé en 1986, le film met en scène des citadins venus chasser pour
quelques jours dans la campagne américaine. Armés jusqu'aux dents,
ce groupe de cinq personnes (dont l'acteur Clu Gulager qui un an
auparavant interpréta le rôle de Burt dans le classique du film de
zombies de Dan O'Bannon, Le retour des
morts-vivants)
fait d'abord un détour afin de s'approvisionner en bière dans un
bar tenu par une femme et fréquenté par des autochtones
ségrégationnistes et pas vraiment aimables vis à vis de nos
''touristes''...
Il
faut dire que ces derniers insistent un peu trop en relevant le fait
que le coin est peuplé de culs-terreux. Parmi les cinq hommes,
heureusement, Mason Rand (Clu Gulager) est un adepte du combat au
corps à corps, ce qui va très rapidement les sortir lui et ses amis
d'une situation périlleuse. Échappant à une poignée de rednecks
qui avaient visiblement l'intention d'en découdre avec eux, ils
rejoignent le lieu qu'Al Coleman (Ken Swofford) a choisi pour leur
campement. Trois d'entre eux font la connaissance de deux gardes
forestiers qui les préviennent de la présence de dangereux
braconniers dans la région. Un avertissement que le groupe va
évidemment prendre à la légère. Et devinez quoi : dès la
nuit venue, ils vont recevoir la visite de quatre ou cinq individus
totalement perchés dont les intentions s'avéreront fatales pour une
partie d'entre eux. Ici, le concept de chasse à l'homme vaut autant
pour nos cinq citadins que pour les habitants du coin. Hunter's
Blood
met en scène une belle brochette de tarés parmi lesquels l'on
retrouve les acteurs Billy Drago et Mickey Jones (que l'on verra
notamment dans le rôle de Chris Farber dans la série de
science-fiction culte, V).
Bien que le film n'ait pas l'aura des œuvres citées précédemment,
Hunter's Blood
n'en demeure pas moins une assez bonne surprise. Si le déroulement
du récit n'a absolument rien d'original en comparaison de Délivrance
ou de ses succédanés, la caractérisation des culs-terreux et leurs
incroyables ''gueules'' laissent présager des meurtres
particulièrement... gratinés. Quelques balles dans le buffet, mais
aussi une jolie décapitation. De leur côté, nos citadins ne seront
pas en reste puisque l'on découvrira plus tard l'un des autochtones
le visages littéralement explosé, le corps encore mu par des
réflexes nerveux. Une vision somme toute relativement graphique pour
un film qui appuie d'entrée de jeu sur le côté caricatural avec
ces ''visiteurs'' en rajoutant des tonnes (c'est à croire qu'ils
font tout pour éveiller l'hostilité des habitants du coin). Rien
que du très classique que savoureront en priorité les amateurs.
Sans doute moins ''profond'' que l’œuvre de John Boorman mais rien
que pour ses excès de violence, le film de Robert C. Hughes vaut le
détour...
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