La réalisatrice
française Anne Fontaine et l'acteur Benoît Poelvoorde se sont
rencontrés il y a dix-huit ans sur le plateau de Entre ses
mains.
Une œuvre cultivant l’ambiguïté du personnage incarné par
l'acteur belge qui y interprétait le rôle du vétérinaire Laurent
Kessler. Une interprétation qu'il partagea avec la toujours aussi
charmante Isabelle Carré. La complicité entre la réalisatrice et
l'acteur s'est perpétuée au-delà de ce seul long-métrage puisque
Benoît Poelvoorde apparaîtra également dans Coco
avant Chanel
en 2009, dans Blanche comme neige
en 2019 et, entre les deux, dans Mon pire
cauchemar
en 2011. Pour ce dernier, l'un et l'autre quittent la noirceur de
leur toute première collaboration inspirée du roman Les
kangourous
de la romancière Dominique Barbéris pour s'offrir ensemble un
authentique moment de détente et de légèreté à travers une œuvre
reposant sur un scénario écrit par Anne Fontaine ainsi que le
scénariste et réalisateur Nicolas Mercier. Pour accompagner le
plus français des acteurs belges, Anne Fontaine offre à Benoît
Poelvoorde une partenaire de taille en la personne d'Isabelle
Huppert. Rien moins que l'une des deux ou trois meilleures actrices
de l'hexagone. Et encore, lorsque je dis ''l'une des deux ou trois
meilleures'', c'est
pour ne pas fâcher celles et ceux que je pourrais indisposer en
affirmant que cette immense artiste est LA plus grande actrice de
France. Maintenant
que ce point est précisé, parlons de Mon pire
cauchemar,
cette comédie qui, en réalité, n'est pas aussi légère qu'il y
paraît même si rien de fondamentalement grave ne s'y produira. Tout
débute lors d'une réunion entre des parents d'élèves et les
responsables d'un établissement scolaire d'excellente réputation
(l'acteur Philippe Magnan y interprète le court rôle du principal).
La directrice de galerie d'art Agathe Novic (Isabelle Huppert) y
prend la parole afin de parler d'un sujet portant sur les tests
d'orientation lorsque débarque en retard Patrick Demeuleu (Benoît
Poelvoorde). Un français moyen, coupant la parole à la mère de
famille et sautant avec ses grands sabots sur le sujet de la
''bouffe'' à la cantine. En seulement quelques phrases, le ton est
donné. L'orientation qu'à donné Anne Fontaine à ses deux
principaux personnages est clairement établi lors de cette
savoureuse séquence qui permet de les confronter pour la première
fois...
Mon pire cauchemar,
c'est deux monde qui se distinguent, se télescopent et s'affrontent.
Celui d'Agathe, femme d'affaire en tailleur, stricte, froide,
hautaine et vivant dans un quartier huppé de la capitale aux côtés
de son compagnon François Dambreville (le toujours excellent André
Dussollier) et de leur fils, le jeune Adrien (Donatien Suner dont la
carrière semble stagner depuis sa participation au court-métrage
Saint Désir
réalisé par Caroline Detournayet Paulina Pisarek en 2016). Celui
également de Patrick, ouvrier belge qui vit avec son fils Tony
(Corentin Devroey, dont ce film sera la seule apparition sur grand
écran) dans une misérable loge. D'un côté, nous avons la femme
responsable, très attentive à sa manière de se comporter en
société mais relativement rude envers ses collaborateurs. Patrick,
lui, est nature, amateur de bière et au langage parfois on ne peut
moins châtié ! Deux mondes qui a priori ont peu de chance de
se croiser. Oui mais voilà, le destin en a décidé autrement et
contre mauvaise fortune, l'un et l'autre vont apprendre à
s'apprivoiser. Et dans ce genre de circonstances, on imagine aisément
que le bout du chemin sera plus rude pour Agathe que pour Patrick.
Isabelle Huppert et Benoît Poelvoorde campent un duo attachant,
drôle et même parfois émouvant. Elle, semble avoir tout réussi et
lui, inversement paraît n'avoir pas fait grand chose de remarquable
dans sa vie... à part son fils Tony dont le quotient intellectuel
dépasse de loin celui du fils d'Agathe. Si la comédie est enlevée
et parfaitement interprétée, ça n'est certes pas seulement dû au
hasard ou à la simple performance de ses deux principaux acteurs (au
demeurant, parfaitement accompagnés par André Dussollier, les deux
adolescents ou bien même la séduisante Virginie Efira dont la
carrière ne s'était pas encore envolée puisqu'en une douzaine
d'années, on ne la vit que dans quelques séries télévisées,
téléfilms ainsi qu'une poignée de longs-métrages) mais aussi et
surtout parce que les personnages centraux renvoient directement à
l'image que l'on connaît bien de l'un et l'autre de leurs
interprètes. C'est donc du pain béni pour Anne Fontaine qui n'a
plus qu'à laisser tourner sa caméra, pour Isabelle Huppert, Benoît
Poelvoorde et André Dussollier qui n'ont qu'à laisser éclater leur
talent, et pour les spectateurs qui sont certains,avec Mon
pire cauchemar,
de passer un très agréable moment en leur compagnie...
Je ne suis pas un (grand) cinéphile et je suis très loin d'avoir vu tous ses films (celui-ci, oui) mais j'avoue ne pas avoir eu de coup de cœur particulier pour Isabelle Huppert...
RépondreSupprimerQuant à Anne Fontaine, no comment, on lui doit entre autres "La fille de Monaco" et la "piqure de rappel" (MDR) "Présidents"...