Alors que les projets
cinématographiques s'enchaînent depuis des années dans la carrière
de l'acteur Nicolas Cage, en 2018, outre la voix de personnages dans
deux films d'animation, on le vit notamment dans quatre
longs-métrages de fiction dont The Watcher
de Tim Hunter dans lequel il tient le rôle de Ray,
un électricien marié à Maggie (l'actrice Robin Tunney), les deux
parents d'une petite fille tragiquement disparue lors d'un incendie
dont le couple se rejette mutuellement la faute. Comme cela est
généralement le cas au cinéma, l'un et l'autre tentent de se
reconstruire et ici, ils décident de tout quitter pour gérer un
motel qu'ils viennent tout juste d'acquérir dans le désert
californien. Dans ce qui s'apparente au départ comme un drame, le
long-métrage du réalisateur et scénariste américain Tim Hunter
(qui a confié l'écriture du script à Jerry Rapp) est en fait plus
proche du thriller. Un film au déroulement assez particulier et aux
personnages troubles, voire ambigus. En effet parsemé d'individus au
comportement inquiétant, The Watcher
dissémine ça et là des éléments qui se veulent anxiogènes et
participent de l'étrangeté du climat qu'instaure très rapidement
Tim Hunter. Du client habituel qui a pour habitude de toujours
réserver la même chambre (Ernie Livery dans le rôle du chauffeur
pois-lourd Tommy), au shérif particulièrement collant (Marc Blucas
dans celui de Howard), en passant par la sexy Jacque Gray qui incarne
quant à elle la logeuse sado-maso-fétichiste de la chambre numéro
6, Jessica ! Sans oublier le propriétaire de la station-service
ou même ses étranges ''employés''. Tous ou presque semblent liés
à un même fait-divers sordide : la mort d'une jeune femme, il
y a un certain temps. Pour ne pas déroger à la règle qui semble
conduire la thématique du long-métrage, Nicolas Cage interprète
lui-même un individu assez distant du caractère sympathique que
l'on est majoritairement en droit d'attendre du protagoniste
principal. En effet, Ray découvre lors de la visite des fondations
du motel, un trou dans le mur donnant accès à un tunnel menant
directement jusqu'à une glace sans teint donnant sur la chambre
numéro dix ; Celle-là même que loue avec insistance Tommy, le
conducteur du semi-remorque. Lequel a pour habitude d'y attirer des
femmes avec lesquelles il fait l'amour. Ray s'y rendra régulièrement,
afin de regarder lui-même ses clients s'y ébattre dans la chaleur
de la nuit. À l'origine, The Watcher
était intitulé Looking Glass
mais fut retitré pour le marché vidéo français. Quant à Tim
Hunter, il a jusqu'à ce jour principalement consacré sa carrière à
la réalisation d'épisodes de séries télévisées et de téléfilms
sur le territoire américain. Leur empreinte y est d'ailleurs
visuellement très prégnante puisque le film arbore des atours
esthétiques de DTV
relativement typiques, appuyés par une partition musicale signée de
Mark Adler, Kristin Gundred et Andrew Benjamin Miller qui va dans ce
sens et s'avère donc accessoire...
Avec
sa majorité de personnages douteux, son récit obscure qui fait de
chacun l'auteur supposé du drame dont fut la victime une certaine
Crissy retrouvée apparemment suicidée dans la piscine du motel,
mais aussi et surtout à défaut d'emporter tous les suffrages en
matière de suspens, The Watcher
s'inscrit dans une continuité largement appauvrie du cinéma propre
à Brian De Palma. Voire même de David Lynch, croisant ainsi le fer
entre personnages aux comportements discordants et voyeurisme.
Certains observateurs et notamment le journaliste Craig Lindsey du
Los Angeles Time
prétendirent
que le script du film entretiendrait de lointains rapports avec un
fait-divers authentique tournant autour de Gerald Foos, l'ancien
propriétaire du Manor
House Motel
situé à Aurora, dans le Colorado. L'homme aurait en effet installé
des grilles au plafond des chambres de son motel afin de pouvoir
assister aux ébats sexuels de ses clients, et cela, bien évidemment,
sans leur consentement ! Plus amusant, on peu noter que Tim Hunter
fut l'auteur en 1990 et 1991 de trois épisodes de l'excellente série
Mystères à Twin Peaks
créée par... David Lynch. Le doute n'est donc plus permis et il
devient donc fort logique de penser que quelques souvenirs de
l'étrange univers fondé plus de trente ans en arrière par l'un des
plus grands cinéastes américains soit demeuré intact dans l'esprit
de Tim Hunter qui, pour le coup, semble avoir voulu retranscrire à
travers The Watcher,
ce même type d'ambiance et de personnages troubles. Mais la
comparaison s'arrête malheureusement là. Tout comme l'on n'ira pas
jusqu'à oser comparer ce dernier à l'immense Body
Double
de Brian De Palma et son héros improvisé voyeur, lequel assistait
en son temps au meurtre d'une superbe poupée (Deborah Shelton dans
le rôle de Gloria Revelle). Appuyant très fort sur l’ambiguïté
de ses personnages et surtout sur le comportement parfois exagéré
du Shérif, le spectateur ne s'étonnera pas de la conclusion qui
viendra mettre un terme à cette histoire de meurtre jusque là
irrésolu. Sans être une abomination, The
Watcher
demeure tout de même assez faible malgré sont intriguant sujet. Un
DTV
de plus, mais pas non plus des plus mauvais...
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