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vendredi 21 juillet 2023

Hommage à Jane Birkin : La fille prodigue de Jacques Doillon (1981) - ★★★★★★☆☆☆☆

 


 

Pour cet article consacré à Jane Birkin qui nous a quitté dimanche dernier, j'ai choisi l'un des trois longs-métrages qu'ont tourné ensemble le réalisateur français Jacques Doillon et l'ancienne compagne de l'immense Serge Gainsbourg. Chanteuse, réalisatrice mais aussi et surtout actrice avec pas moins d'une quatre-vingt-dizaine de courts, de longs, de séries et de téléfilms, l'anglaise Jane Birkin fut la conjointe du réalisateur pendant douze ans. Ensemble, ils donnèrent naissance à l'actrice Lou Doillon. Une précision qui a son importance tant Jane Birkin semble être dans le cas de La fille prodigue, le miroir ''physique'' de celle à laquelle elle allait donner naissance un an plus tard. Elle et Jacques Doillon ont donc tourné ensemble trois longs-métrages. Celui-ci fut le premier. Suivi de La pirate en 1984 et de Comédie ! trois ans plus tard. Pourquoi porter mon choix sur La fille prodigue et non pas sur l'un des deux autres ? Par goût de l'aventure, peut-être. Ou bien sans doute parce qu'il est parmi les mal aimés du cinéma de Jacques Doillon. Évoquer La fille prodigue plutôt qu'un autre, c'est comme de choisir un chat auquel il manque un œil ou un chien qui n'a que trois pattes dans un refuge pour animaux abandonnés. On peut comprendre que cette histoire réunissant l'ancienne égérie de l'un des plus grands auteurs-compositeurs-interprètes de France et Michel Piccoli puisse avoir du mal à convaincre. C'est qu'il faut tout d'abord se faire à ce rythme si particulier qui pourrait en endormir certains. Mais lorsque l'on connaît, au hasard, La belle noiseuse de Jacques Rivette (dans lequel interviennent d'ailleurs Jane Birkin et Michel Piccoli) et les quatre heures que dure la version longue, La fille prodigue paraît presque n'être qu'une balade de santé... L'actrice anglaise interprète le rôle d'Anne, jeune femme mariée qui décide de quitter son époux (l'acteur René Féret) pour se réfugier chez ses parents à la campagne. Lui est interprété par Michel Piccoli, elle par Natasha Parry. La fille prodigue incarne typiquement ce genre de films s'inscrivant dans une thématique osée tout en l'abordant de manière sobre et pudique. Le long-métrage n'a heureusement pas connu le triste sort de La petite sirène de Roger Andrieux qui, à moins que je ne me trompe, n'a jamais eu les honneurs d'une sortie DVD ou Blu-ray ! Les thématiques sont différentes, bien sûr. D'un côté, certains estiment sans doute que le public n'est toujours pas prêt à renouer avec la relation entre un garagiste quarantenaire et une adolescente de quatorze ans (à une époque assez lointaine, La petite sirène sorti en VHS et fut même diffusé à la télévision)...


De l'autre, les sentiments troubles d'Anne pour son père semblent par contre n'avoir aucun impact sur la censure. Et c'est tant mieux. Parce que derrière les critiques assez peu élogieuses qui entourent le film de Jacques Doillon se cache une œuvre qui en réalité recèle d'authentiques qualités. À commencer par la plus essentielle d'entre toutes en cette longue période de deuil dû à la disparition de Jane Birkin : son interprétation. Car bien qu'entourée d'un Michel Piccoli dont la posture ici lymphatique l'empêche de pleinement exprimer tout son talent, La fille prodigue repose avant tout sur les seules épaules de l'actrice et chanteuse britannique. Bien qu'apparaissant relativement frêle à l'image, Jane Birkin donne, elle, la pleine mesure de son talent. Murmurant presque ses lignes dialogues, la silhouette androgyne quasi adolescente, c'est déjà à travers le titre que se révèle son personnage. Cette femme-enfant qui n'a pas su grandir, dont la relation amoureuse n'est qu'une illusion et qui de retour chez ses parents alors qu'elle est dans une situation dépressive va régresser jusqu'à redevenir cette gamine qui de son propre aveu voue une véritable passion amoureuse pour son père. Maladive, la passion. Entretenue par un père au comportement apathique. Là où le bât pourra blesser, c'est dans le traitement du récit. La gêne que pourrait causer le sujet rejoint cette forme théâtrale choisie par le réalisateur et scénariste. De manière abrupte et peut-être même improvisée, La fille prodigue prend des formes onaniques qui semblent strictement s'adresser à son auteur. D'ailleurs, le scénario repose sur la dépossession affective dont fut la victime Jacques Doillon au décès de son père. C'est donc un peu de lui que l'on retrouve chez le personnage d'Anne. Sans être foncièrement sulfureux, le film s'adressera avant tout à un public averti par avance des choix de mise en scène du réalisateur. Il n'empêche que dans cette succession de séquences intimes opposant Anne à son père, il demeure quelques passages qu tiennent du miracle et donnent envie de prolonger l'expérience. La partie de tennis... Ou encore ce repas auquel est conviée la ''maîtresse'' du père. Jane Birkin s'y impose de manière brillante et ferait presque regretter que le reste du récit n'ait pas été strictement pensé en de très courtes séquences comme celles-ci plutôt que de nous infliger une suite d'affrontements débarrassés de la moindre émotion. Une curiosité...

 

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