Disparu depuis maintenant
trois ans, le réalisateur et scénariste belge Étienne
Périer a laissé derrière lui quelques petites
merveilles de thrillers dont La main à couper,
qui à de nombreux égards s'avère tout à fait remarquable.
Adaptation sur grand écran de l'ouvrage éponyme écrit par
l'écrivain français spécialisé dans le roman policier, Pierre
Salva, à l'origine, La
main à couper
fut édité sous le titre Quatre
jours en enfer
dans la collection Sueurs
Froides
en 1974. Un titre certainement plus proche de ce que va vivre
l'héroïne Hélène Noblet que va incarner la même année la
séduisante actrice italienne Lea Massari. Dans son pays, elle sera
notamment dirigée par Michelangelo Antonioni, Sergio Leone, Carlos
Saura ou encore Dino Risi. Mais ses origines transalpines ne
l'empêcheront pas de faire également carrière en France. Lea
Massari tournera alors avec Claude Sautet, Claude Pinoteau, Michel
Deville, Jacques Rouffio ou Pierre Granier-Deferre. Elle interprétera
même un tout petit rôle dans l'excellent Peur
sur la ville
d'Henri Verneuil l'année suivant la sortie de La
main à couper.
Les spectateurs la découvriront dans le rôle de Nora Elmer,
première victime d'un désaxé qui se fit appeler Minos (interprété
par le compatriote italien de Lea Massari, Adalberto Maria Merli) et
que traqua le commissaire principal Jean Letellier incarné par
Jean-Paul Belmondo. Dans le long-métrage d'Étienne Périer,
l'actrice italienne adopte le comportement de la femme adultère qui
après s'être rendue à un rendez-vous avec son amant et être
tombée sur son cadavre va se saisir du petit carnet qu'il gardait
près de lui et à l'intérieur duquel son nom est inscrit. Son époux
Georges ne se doute apparemment pas de la relation que son épouse
entretenait jusque là avec un amant dont l'âge dépasse à peine
celui de leur fils Daniel. Georges Noblet est interprété par Michel
Bouquet dont la froideur et l'apparente absence d'émotion est une
fois de plus parfaitement retranscrite à l'image. Ce qui n'empêche
pas l'époux de se soucier de l'attitude anormale d'Hélène qui
s'effondre ''pour un rien''...
Il
faut dire que comme le précisait à l'origine le titre du roman, la
jeune femme va vivre des jours sombres, entourées par des êtres
malveillants. Et parmi eux, un certain Edouard Henricot qu'incarne
Michel Serrault. Un maître-chanteur qui connaît la relation
qu'entretenait Hélène avec Philippe jusqu'à la mort de ce dernier
et qui profite de son désarroi pour lui réclamer de fortes sommes
d'argent contre son silence. Et dans le genre crapule, Michel
Serrault semble être à son aise et interprète un ignoble individu.
Débarque ensuite à l'écran, l'acteur Bernard Blier dans le rôle
de l'inspecteur Moureu. Enquêtant sur le meurtre de Philippe, il
sera chargé d'interroger les principaux témoins et ceux qui
connurent la jeune victime... Bref, La main à
couper a
tout du film policier classique. Un mari, une épouse adultère, un
amant retrouvé mort, un maître-chanteur et un flic qui enquête,
quoi de plus banal ? Et bien, le déroulement du récit va lui,
tout remettre en question. Puisque plutôt que de dérouler son
intrigue sous la forme la plus commune qui soit, Étienne Périer et
ses scénaristes Dominique Fabre et Charles Spaak développent une
intrigue bourrée de faux-semblants. La voiture d'Hélène qui
disparaît avant de subitement réapparaître. Les cinq millions de
francs exigés par Henricot se transformant en coupures de journaux.
Les messes-basses de Daniel et de sa sœur Nadine (Lise Danvers).
L'attitude de l'époux... Un comportement et même, DES comportements
qui s'expliqueront plus tard pour nous livrer une conclusion qui
n'aura d'égal que la perversité de Michel Serrault dans le rôle
d'Edouard Henricot. Accompagné par la superbe mais un peu trop
encombrante et répétitive partition musicale du compositeur et
chanteur français Paul Misraki, La main à
couper est
un mille-feuille qui cache entre chaque information, de nouvelles
révélations qui mènent le spectateur sur une voie tout à fait
inattendue. Typiquement le genre de long-métrage qu'aurait pu
réaliser le français Claude Chabrol auquel le cinéma du
réalisateur belge ne cesse de renvoyer. Une excellente surprise...
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