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jeudi 20 juillet 2023

La main à couper d'Étienne Périer (1974) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Disparu depuis maintenant trois ans, le réalisateur et scénariste belge Étienne Périer a laissé derrière lui quelques petites merveilles de thrillers dont La main à couper, qui à de nombreux égards s'avère tout à fait remarquable. Adaptation sur grand écran de l'ouvrage éponyme écrit par l'écrivain français spécialisé dans le roman policier, Pierre Salva, à l'origine, La main à couper fut édité sous le titre Quatre jours en enfer dans la collection Sueurs Froides en 1974. Un titre certainement plus proche de ce que va vivre l'héroïne Hélène Noblet que va incarner la même année la séduisante actrice italienne Lea Massari. Dans son pays, elle sera notamment dirigée par Michelangelo Antonioni, Sergio Leone, Carlos Saura ou encore Dino Risi. Mais ses origines transalpines ne l'empêcheront pas de faire également carrière en France. Lea Massari tournera alors avec Claude Sautet, Claude Pinoteau, Michel Deville, Jacques Rouffio ou Pierre Granier-Deferre. Elle interprétera même un tout petit rôle dans l'excellent Peur sur la ville d'Henri Verneuil l'année suivant la sortie de La main à couper. Les spectateurs la découvriront dans le rôle de Nora Elmer, première victime d'un désaxé qui se fit appeler Minos (interprété par le compatriote italien de Lea Massari, Adalberto Maria Merli) et que traqua le commissaire principal Jean Letellier incarné par Jean-Paul Belmondo. Dans le long-métrage d'Étienne Périer, l'actrice italienne adopte le comportement de la femme adultère qui après s'être rendue à un rendez-vous avec son amant et être tombée sur son cadavre va se saisir du petit carnet qu'il gardait près de lui et à l'intérieur duquel son nom est inscrit. Son époux Georges ne se doute apparemment pas de la relation que son épouse entretenait jusque là avec un amant dont l'âge dépasse à peine celui de leur fils Daniel. Georges Noblet est interprété par Michel Bouquet dont la froideur et l'apparente absence d'émotion est une fois de plus parfaitement retranscrite à l'image. Ce qui n'empêche pas l'époux de se soucier de l'attitude anormale d'Hélène qui s'effondre ''pour un rien''...


Il faut dire que comme le précisait à l'origine le titre du roman, la jeune femme va vivre des jours sombres, entourées par des êtres malveillants. Et parmi eux, un certain Edouard Henricot qu'incarne Michel Serrault. Un maître-chanteur qui connaît la relation qu'entretenait Hélène avec Philippe jusqu'à la mort de ce dernier et qui profite de son désarroi pour lui réclamer de fortes sommes d'argent contre son silence. Et dans le genre crapule, Michel Serrault semble être à son aise et interprète un ignoble individu. Débarque ensuite à l'écran, l'acteur Bernard Blier dans le rôle de l'inspecteur Moureu. Enquêtant sur le meurtre de Philippe, il sera chargé d'interroger les principaux témoins et ceux qui connurent la jeune victime... Bref, La main à couper a tout du film policier classique. Un mari, une épouse adultère, un amant retrouvé mort, un maître-chanteur et un flic qui enquête, quoi de plus banal ? Et bien, le déroulement du récit va lui, tout remettre en question. Puisque plutôt que de dérouler son intrigue sous la forme la plus commune qui soit, Étienne Périer et ses scénaristes Dominique Fabre et Charles Spaak développent une intrigue bourrée de faux-semblants. La voiture d'Hélène qui disparaît avant de subitement réapparaître. Les cinq millions de francs exigés par Henricot se transformant en coupures de journaux. Les messes-basses de Daniel et de sa sœur Nadine (Lise Danvers). L'attitude de l'époux... Un comportement et même, DES comportements qui s'expliqueront plus tard pour nous livrer une conclusion qui n'aura d'égal que la perversité de Michel Serrault dans le rôle d'Edouard Henricot. Accompagné par la superbe mais un peu trop encombrante et répétitive partition musicale du compositeur et chanteur français Paul Misraki, La main à couper est un mille-feuille qui cache entre chaque information, de nouvelles révélations qui mènent le spectateur sur une voie tout à fait inattendue. Typiquement le genre de long-métrage qu'aurait pu réaliser le français Claude Chabrol auquel le cinéma du réalisateur belge ne cesse de renvoyer. Une excellente surprise...

 

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