Tout commence par une
scène que l'on considérera plus tard comme étant celle d'un crime.
Une séquence se déroulant dans la demeure qui abrite habituellement
Stéphane Bertin (Victor Lanoux), l'une des personnalités les plus
remarquables d'un petit village de la campagne française, ainsi que
son épouse avec laquelle il n'entretient plus vraiment de rapports
cordiaux. Amant de l'institutrice Muriel Olivier (Valérie Mairesse)
et propriétaire d'une tannerie dont l'importance est considérable
puisqu'elle emploie une bonne partie des hommes du village et permet
l'existence d'une école primaire, l'homme est apprécié de tous. Du
gérant de l'hôtel Fréval (Gérard Jugnot) en passant par le curé
Borie (Jean Vigny) jusqu'à la servante Élodie (Mado Maurin). Une
existence jusque là tranquille, dans un petit village paisible où
la vie s'écoule au rythme de la tannerie. Mais ce soir là, tout va
changer. Stéphane Bertin fait disparaître les affaires de son
épouse dont il a décidé de divorcer malgré le refus catégorique
de celle-ci. On ne trouve plus trace de sa femme et la belle-sœur de
Stéphane prénommée Nelly (Anne Bellec) suspecte très rapidement
la séquestration, la disparition, et peut-être même pire encore,
le meurtre de sa sœur ! Nelly alerte les autorités et bientôt
débarque alors dans ce si joli village, le juge Fernand Noblet (Jean
Carmet)... Avant dernier long-métrage du réalisateur et scénariste
belge Étienne Périer qui ne tournera plus que des téléfilms
par la suite, Un si joli village
s'inscrit dans cette vague de films situant leur action dans la
campagne française. Une critique de la société, entre petites gens
et nantis, parfaitement jouissive et qui aurait pu tout aussi bien
être mise en scène par le maître en la matière, Claude Chabrol.
Un si joli village,
sous ses allures de film policier porté par des personnages
passablement cyniques, montre combien l'importance d'une personnalité
locale faisant vivre un village tout entier peut avoir de
conséquences sur les suites d'une enquête...
Il
n'y a d'ailleurs en ce sens, rien de plus démonstratif que la
séquence lors de laquelle le personnage interprété par Victor
Lanoux annonce brutalement au délégué syndical, Maurois (Jacques
Richard), au responsable administratif, Debray (Alain Doutey) et à
quelques autres de ses collaborateurs, le suspension des activités
de la tannerie pour les jours ou les semaines à venir. Des
conséquences lourdes qui n'échapperont d'ailleurs pas au juge
d'instruction sur lequel fait visiblement volontairement peser le
poids de la responsabilité le responsable de l'usine. Un moyen de
pression, sans doute. Une technique dont va d'ailleurs user le juge
qui sous ses allures de bonhomme sympathique, passionné par les
fleurs, va tenter de conditionner le suspect lors de son audition.
Étienne Périer réunit autour de lui un parterre de premiers et
second rôles de premier plan. Adaptation du roman Le
moindre mal
de Jean Laborde par le scénariste et critique de cinéma
André-Georges Brunelin et par le réalisateur lui-même, Un
si joli village
est une œuvre remarquable. Derrière l'apparente simplicité de sa
mise en scène et de son interprétation, réalisateur et interprètes
mettent en place un stratagème consistant à faire plier tour à,tour
l'un et l'autre des deux personnages principaux. D'un côté,
l'évidente expérience d'un homme de loi dont l'apparente
nonchalance ne doit pas cacher sa maîtrise de la situation. De
l'autre, un individu qui se sait investit d'une mission (celle de
faire vivre son village et ses habitants) et sait être soutenu par
les villageois. Dans ce ''combat'' entre juge et suspect, l'un et
l'autre marquent des points même si peu à peu l'un gagne du terrain
tandis que l'autre en perd à force d'accumuler les erreurs... Même
si son âge avancé (le film date de 1978) lui donne un caractère
particulier, Un si joli village
est très représentatif de notre société actuelle dont les médias,
les réseaux sociaux, les politiques et la justice tentent avec plus
ou moins de réussite et d'objectivité de corriger les défauts. Un
constat terriblement désarmant qui pose une question simple :
qui du chat ou de la souris l'emportera... ? Notons parmi les
seconds rôle, la présence de Michel Robin, de Francis Lemaire, de
Jacques Cancelier, de Bernard-Pierre Donnadieu et d'Étienne Périer
que l'on aperçoit au début du film dans le rôle de l'époux de
Nelly...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire