Deux
ans avant La main à couper,
le réalisateur belge Étienne Périer allait déjà adapter un
ouvrage issu de la collection Sueurs
froides.
Mais avec Un meurtre est un meurtre,
il ne s'agit pas de n'importe quel roman puisqu'il s'agit de celui de
l'un de ses plus fidèles collaborateurs, l'écrivain et scénariste
Dominique Fabre auquel on doit une petite quinzaine de collaborations
auprès d'Étienne Périer au cinéma et à la télévision.
Scénariste mais aussi dialoguiste, il participera en outre à
l'écriture de L'animal
de Claude Zidi en 1977. L'évidence et la simplicité qui se cachent
derrière le titre de ce long-métrage policier sont inversement
proportionnelles à la complexité du scénario. Sur une base
relativement ordinaire, la construction s'avère similaire à celle
de La main à couper.
Dans ce dernier, l'héroïne était victime d'un maître-chanteur qui
cherchait à monnayer la culpabilité supposée de l'épouse d'un
médecin dans le décès de son amant tandis que dans Un
meurtre est un meurtre,
l'époux d'une femme officiellement décédée après avoir été
renversée par sa propre voiture est traqué, harcelé, par un homme
lui réclamant une forte somme d'argent contre son silence. Mais dans
le cas présent, la machination s'avère nettement plus perverse
puisque le maître-chanteur en question, interprété par Robert
Hossein, est lui-même l'auteur du meurtre de Marie (l'actrice
Stéphane Audran), épouse de Paul Kastner. Un crime qu'il menace de
faire endosser à l'époux si ce dernier refuse de lui remettre la
somme de cinq millions de francs. Dans le rôle du commissaire
plouvier, nous retrouvons l'acteur Michel Serrault qui deux ans plus
tard allait incarner le personnage du maître-chanteur Édouard
Henricot. Quant à Jean-Claude Brialy, c'est lui qui interprète la
victime de cet ignoble chantage. Acculé malgré son innocence, Paul
Kastner a pour maîtresse Françoise, jeune vendeuse de vêtement
(dans un magasin situé avenue Joffre à Garches)...
Un meurtre est un
meurtre
a tout du cinéma chabrolien dont on retrouve l'esprit. Ça n'est
d'ailleurs sans doute pas pour rien que le réalisateur Claude
Chabrol y apparaisse brièvement dans le rôle d'un contrôleur de la
SNCF
ou que Stéphane Audran y interprète l'épouse... et la belle-sœur
de Paul Kastner. En effet, plutôt que de se contenter du trio
victime/maître-chanteur/commissaire, Étienne Périer et Dominique
Fabre ajoutent un personnage tout à fait fantaisiste en la personne
d'Anne Andrieux, la dite sœur de Marie Kastner. Un double emploi qui
permet à Stéphane Audran de ne pas simplement figurer au début du
récit mais de hanter l'intrigue de sa présence tout au long de son
déroulement. Un personnage tout aussi ambigu que puisse l'être la
majorité des protagonistes. Mimant l'attitude de sa sœur dont la
ressemblance est troublante malgré leurs deux années d'écart, Anne
Andrieux s'installe chez Paul Kastner selon les dernières volontés
de la défunte et se déplace à l'aide du fauteuil roulant qui
permettait à sa sœur Marie de se déplacer de son vivant. Jamais au
bout de ses surprises, le spectateur assiste impuissant au traquenard
dont Paul va être la victime principale. Un acharnement dont
l'absence de moralité semble être motivée à travers l'adultère.
Tourné à Garches, une commune française du département des
Hauts-de-Seine située dans la région Île-de-France constituée
d'une quinzaine de milliers d'habitants, Un
meurtre est un meurtre distille
son lot de surprises inattendues, sans cesse renouvelées même
lorsque à la mort du maître-chanteur, tout paraît être rentrer
dans l'ordre. Notons à ce sujet la présence à l'image de l'acteur
Michel Creton dans le rôle du pharmacien du village, lequel relance
l'intrigue. Si sous certains aspects l'accumulation de faits peut
paraître excessive, le film du réalisateur belge nous tient en
haleine jusqu'à la dernière minute...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire