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dimanche 30 juillet 2023

Sick of Myself de Kristoffer Borgli (2023) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Bienvenue dans le merveilleux monde du paraître et de la surestimation de soi. Bienvenue également aux hypocondriaques qui s'inquiètent dès l'apparition de la moindre grosseur, de la plus petite allergie cutanée et qui à la lecture d'ouvrage consacrés à la médecine se découvrent des légions de symptômes et de maladies incurables et mortelles. Si le sujet de Sick of Myself ne tourne pas en priorité autour de ce second sujet même si l'héroïne du récit va s'affliger des souffrances terribles, il n'est pas idiot de penser que certains se trouveront mal devant certaines séquences. Présenté dans le section Un certain regard du dernier festival de Cannes, le second long-métrage du réalisateur et scénariste norvégien Kristoffer Borgli est une véritable bombe dans lequel se complairont les amateurs de comédies noires, cyniques et cruelles mais dont le message échappera sans doute à celles et ceux qui n'ont qu'une infime parcelle de temps à consacrer à autre chose qu'à leur propre personne. D'une remarquable limpidité, Sick of Myself déploie des trésors d'imagination afin de nous contraindre à réfléchir sur certaines réalités qui depuis l’avènement des réseaux sociaux et des dérives qui en découlent, ont accouché de monstres. Celui du long-métrage de Kristoffer Borgli prend les traits de l'actrice norvégienne Kristine Kujath Thorp. La jeune femme dont la carrière a débuté il y a une dizaine d'années incarne à l'image, Signe. La petite amie de Thomas (Eirik Saether), un artiste influent, dont la popularité écrasante va faire réagir sa compagne de manière tout à fait inattendue. L'on remarquera qu'à priori, Signe n'est pas de ces jeunes femmes vivant sous emprise puisqu'elle même cherche la reconnaissance par des moyens, au départ, plutôt communs. Comme l'usage du mensonge qui dans le cas de Sick of Myself évolue sous forme de mythomanie. Pour commencer, la jeune femme décide de s'inventer une allergie lors d'un repas afin d'attirer l'attention des autres convives puisque tout le monde l'ignore...


Mais la dérive devant atteindre des proportions physiquement et mentalement maladives, c'est lors de la consultation d'un article sur internet au sujet d'un médicament d'origine russe aux effets secondaires désastreux que Signe va prendre LA décision qui selon elle lui permettra enfin de s'affranchir de l'aura de Thomas et ainsi de quitter son statut de partenaire invisible. D'une certaine manière, on pourrait sensiblement rapprocher Sick of Myself de Contracted qu'Eric England réalisa il y a de cela dix ans en arrière. Dans un cas comme dans l'autre, la lente dégradation physique est réellement éprouvante. La supporter sera même un véritable acte de courage pour une partie de la population. Pourtant, Kristoffer Borgli semble hésiter entre empathie et rejet. Si l'on suit les pas de Signe et si la psychiatrisation que revêt ce besoin de reconnaissance peut se justifier à travers certaines blessures (l'absence du père en est une), la jeune femme n'en est pas moins une manipulatrice. Mais ce qui n'était encore jusque là qu'un jeu plutôt innocent va prendre des proportions telles que la comédie, aussi noire qu'elle puisse être, va se muer parfois en authentique film d'horreur. Kristoffer Borgli bat les cartes de telle manière que l'on passe au gré du récit de l'émotion (merci à Gabriel Fauré, à Franz Schubert ou à Ludwig van Beethoven) à la répulsion (quelques séquences graphiquement presque insoutenables). Surtout, le réalisateur norvégien brosse des portraits souvent peu flatteurs. Des créatures froides, exploitant leur image ou celle des autres à des fins exclusivement mercantiles. Un monde narcissique cauchemardesque où seules sont attendues et espérées les réactions des autres sur chaque action de notre propre existence. Une vie passée à vouloir briller en société. Si l'acte en lui-même semble ici excessif, les faits-divers témoignent au quotidien de l'inverse. Kristoffer Borgli rejoint donc le grand œuvre du cinéma sans filtre scandinave dont demeurent les chantres Thomas Vinterberg (Festen), Lars Von Trier (Les Idiots) ou bien Ruben Östlund (Triangle of Sadness). Bref, Sick of Myself est un film qui secoue, dérange, émeut, amuse aussi parfois, et qui d'une manière générale ne devrait pas laisser grand monde indifférent. Finalement, le réalisateur et scénariste norvégien a réussi là où la dernière saison de Black Mirror créée par le britannique Charlie Brooker a échoué : parvenir à relancer le concept de dystopie liée au monde nouveau et aux technologies...

 

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