Trois ans après que
l'acteur Christopher Lee ait incarné le grand ordonnateur du culte
païen du chef-d’œuvre de Robin Hardy The Wicker Man,
le britannique accepta d’interpréter le rôle du Père Michael
Rayner, un suppôt de Satan qui prévoit d'offrir à son idole la
jeune Catherine, fille d'un certain Henry Beddows qui par peur
qu'elle lui soit enlevée la confie à son ami John Verney. Ostracisé
par l'église, le père Michael Rayner n'en est pas moins suivi par
de fidèles adorateurs du culte des Enfants
du Seigneur
qui pour lui vont tout entreprendre afin de mettre la main sur la
jeune fille pour laquelle ils ont un projet insensé en commun :
en faire le réceptacle du démon Astaroth, grand-duc et trésorier
de l'Enfer... Christopher Lee ayant rencontré des difficultés avec
la production à l'issue du tournage de The
Wicker Man,
on pouvait supposer que le plus célèbre des Dracula avait pris
toutes ses précautions pour celui de To the
Devil a Daughter
de Peter Sykes. Mais quelle ne fut pas la désillusion de l'acteur et
de son ami romancier Dennis Wheatley dont le roman éponyme servi de
terreau d'origine au long-métrage que de découvrir que le scénario
de Christopher Wicking allait prendre de grandes libertés avec
l'histoire originale ! Il s'agissait là encore d'une trahison
de la part de la production, la Hammer
Film (dont
il s'agirait de l'avant dernière production) faisant preuve d'une
indifférence aussi notable que la British
Lion Film Corporation
sur le tournage de The Wicker Man.
Nous retrouvons donc Christopher Lee dans un rôle sensiblement
différent puisqu'il incarne désormais un homme répudié par
l’église, adorateur du Diable soutenu par un petit ''comité'' de
fidèles adorateurs. To the Devil a Daughter
réuni
un joli casting parmi lequel nous retrouvons notamment l'acteur
américain Richard Widmark, lequel regrettera finalement d'avoir
participé au tournage. Il incarne John Verney, le protecteur de
Catherine qu'interprète quant à elle la toute jeune actrice
allemande Nastassia kinski qui n'est autre que la fille de l'acteur
fétiche du cinéaste Werner Herzog, Klaus Kinski...
Quant
au père de la jeune fille, il est incarné par l'acteur Denholm
Elliott et le personnage d'Anna Fountain par l'actrice Honor
Blackman. C'est le second rôle au cinéma de Nastassia Kinski qui
physiquement figurerait presque comme l'ancêtre de la regrettée Zoë
Lund dans le film culte L'ange de la vengeance
que réalisera Abel Ferrara cinq ans plus tard. D'un magnétisme qui
ne cessera de se confirmer durant tout le récit (et même durant la
carrière de celle qui interpréta l'envoûtante Irena Gallier dans
Cat People
de Paul Schrader en 1982), la jeune actrice n'a que quatorze ans
lorsqu'elle interprète le rôle de Catherine pour lequel elle
acceptera de se dénuder, regrettant plus tard ce choix. Un qui par
contre n'aura pas à en faire autant est Christopher Lee lors de la
séquence de sabbat puisqu'une doublure prendra sa place au moment de
se dévêtir. Il est compliqué d'aborder To the
Devil a Daughter sans
parler des problème que revêtent le scénario et la mise en scène.
Malgré le potentiel du récit, on ne retrouve notamment pas cette
angoisse permanente qui parasitait pour le grand bonheur des amateurs
de frissons, le chef-d’œuvre de Roman Polanski, Rosemary's
Baby.
En effet, le film de Peter Sykes (co-réalisé par Don Sharp), auteur
quatre ans auparavant de Demons of the Mind
dans lequel un père séquestrait ses deux enfants avec lesquels il
allait entreprendre des actes incestueux et de possession satanique,
souffre d'une trop grande légèreté. L'on a le sentiment qu'une
fois le script en main, les interprètes ont souffert d'un manque de
direction. Il ne se passe effectivement pas grand chose durant la
quasi totalité du récit. Nastassia Kinski a beau dégager un charme
fou et Christopher Lee être toujours doté d'un charisme inquiétant,
l'intrigue ne décolle jamais vraiment. C'est d'autant plus dommage
que la jeune actrice allemande y est par contre relativement
convaincante, surtout lorsqu'elle est en proie au maléfice jeté par
le personnage qu'interprète Christopher Lee. Même l'outrance de la
séquence d'orgie semble inefficace est n'être présente que pour
augmenter le potentiel d'une œuvre qui malheureusement est loin
d'atteindre ses objectifs. On appréciera cependant les
plongées/contre-plongée et les déformations de l'image dues à
l'emploi de courtes focales. Un procédé couramment utilisé à
l'époque qui malgré son archaïsme continue de faire son petit
effet...
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