Il existe de nombreuses manières de perdre son temps. Faire la queue
au guichet d'un bureau de poste ou à la caisse d'un supermarché. Attendre
l'arrivée d'un train en retard. Passer des heures devant des
programmes télé débilitants. Et puis, il demeure des cas un peu
plus rares et déconcertants rencontrés et ressentis différemment
selon que l'on apprécie ou pas un certain type de cinéma.
L'Invasion des Soucoupes Volantes
(Starship Invasions) fait
incontestablement partie de la catégorie « nanars ».
Mais malheureusement, pas des plus réjouissants. Involontairement
drôle sous certains aspects, ce petit film canadien sorti la même
année que Star Wars
ou Rencontres du 3ème Type
demeure sans doute comme l'une des plus infectes productions de
science-fiction qui aient vu le jour durant les florissantes années
soixante-dix.
L'Invasion des Soucoupes Volantes
est
une minuscule production canadienne réalisée par le cinéaste
américain Ed Hunt auquel on doit notamment Les
Tueurs de L'éclipse,
une sympathique petite production horrifique sortie en 1981. L'auteur
y met en scène des extraterrestres belliqueux ayant l'intention de
conquérir notre planète en éliminant toute trace de vie humaine à
la surface de la Terre. Pour cela, ils emploient une technique assez
particulière. Un vaisseau placé en orbite autour de la planète
projette un faisceau électrique provoquant des troubles mentaux chez
les humains qui se mettent alors à se suicider. Cette idée qui sera
vaguement reprise par le cinéaste américain d'origine indienne M.
Night Shyamalan trente et un ans plus tard avec Phénomènes
aurait pu être une excellente idée si à l'écran, le résultat
n'était pas si désastreux.
On se demande alors ce que sont venus foutre dans cette galère
l'américain Robert Vaughn et le britannique Christopher Lee. Ed Hunt
y évoque à son tour une rencontre du troisième type encore plus
rapprochée que celle de Steven Spielberg puisque en parallèle à
l'invasion des extraterrestres, une autre race, beaucoup plus
pacifiste fait appel au professeur Allan Duncan et son ami
informaticien Malcom afin de les aider à contrer les projets d'un
certain Capitaine Ramses (!!!).
Tout
dans L'Invasion des
Soucoupes Volantes demeure
raté. Même l'interprétation dont on ne sait si l’effarante
médiocrité est réellement due au jeu des interprètes où à la
mise en scène de Ed Hunt qui ose tout de même fournir en cette
année 1977, parmi les pires effets-spéciaux. Du moins, indignes
d'un tel projet pour lequel deux grandes vedettes du cinéma ont été
convoquées. Il est d'autant plus dommage que le scénario faisait au
départ preuve de bonnes intentions en évoquant certains aspects
relativement convainquant : Des hommes et des femmes sont
abductés. Le suicide de centaines d'humains. L'aide inespérée
d'êtres venus d'ailleurs. Ou encore la communication par télépathie
employée par les extraterrestres.
Mais
d'entrée de jeu, quelque chose ne va pas. La première victime, un
paysan évoquant davantage l'idiot du village, manque de crédibilité.
La soucoupe volante est d'une confondante laideur et nous renvoie aux
pires productions du genre des années cinquante. La recherche de
perspective entre le gigantisme du vaisseau et les repères visuels
servant à lui offrir sa grandeur apparente est puérile. On n'y
croit pas un seul instant. La première rencontre avec les
extraterrestres est un véritable choc. Nos sentiments oscillent
entre rires contenus et désespoir. Preuve que de grands noms
n'évoquent pas systématiquement de bons films. Les E.T d'Ed Hunt
s'habillent très près du corps, dans des tenues relativement
moulantes, et les recouvrant de la tête aux pieds et expriment leurs
sentiments en fronçant les sourcils.
L'Invasion
des Soucoupes Volantes manque
totalement d'ampleur et d'enjeux. C'est mou, répétitif, et les
combats dans l'espace sont terriblement laids. Et représentés par
des lumières censées signifier la présence de vaisseaux combattant
soit pour l'appropriation de la Terre, soit pour la sauvegarde de ses
habitants. Les extraterrestres sont ridicules et sont servis par des
dialogues insipides. La seule véritable sensation d'invasion se
ressent au travers d'une musique fort envahissante et parfois hors de
propos. Si quelques airs électroniques justifient leur présence par
leur bizarrerie, d'autres demeurent par contre en total décalage
avec les images et le récit. L'ensemble est kitch et grotesque.
Impossible de faire l'impasse sur la ridicule base sous-marine en
forme de pyramide et sur l'intérieur des vaisseaux dramatiquement
minimalistes. Navrant...
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