À six mois près,
c'était il y a quasiment trente ans. Trois décennies qu'a débarqué
dans les salles de cinéma le premier volet d'une franchise initiée
par Steven Spielberg en 1993. Jurassic Park
et ses dinosaures, le riche PDG de l'entreprise InGen John Hammond,
le paléontologue Alan Grant, sa compagne et paléobotaniste Ellie
Sattler ainsi que le mathématicien Ian Malcolm. Un projet qui pour
l'époque pouvait sembler pharaonique d'un point de vue technologique
puisque l'on y découvrait une nouvelle étape dans l'évolution des
effets-spéciaux numériques. Comme quelques années en arrière avec
Abyss
de James Cameron ou beaucoup plus tard, en 2009 avec Avatar
lui même réalisé par ce dernier. Si aujourd'hui redécouvrir le
premier volet de cette franchise désormais constituée de six
longs-métrages semble beaucoup moins stupéfiant visuellement c'est
parce que le public a depuis été habitué à tant d'améliorations
en terme d'effets-spéciaux qu'il demeure pratiquement insensible
face aux challenges désormais relevés par les spécialistes en la
matière. Notamment confiés aux célèbres Phil Tippett et Stan
Winston, ces derniers ont remporté plusieurs récompenses dont les
prix des meilleurs effets visuels au British Academy Film Awards et
aux Oscars de l'année 1994. Le film révolutionne en effet la
technique des effets-spéciaux numériques en proposant des créatures
préhistoriques incroyablement réalistes. C'est simple : à
l'époque, le film de Steven Spielberg met tout le monde d'accord en
écrasant toute concurrence dans le domaine des effets-spéciaux en
image de synthèse. Mais Jurassic Park
ne traite pas ses dinosaures qu'à travers les ordinateurs puisque le
film les envisage également en ''dur'' à travers des séquences
lors desquelles sont employés des animatroniques. Le passage de
l'une à l'autre des techniques se fondant à la perfection, on ne
sait parfois s'il s'agit de ''marionnettes'' où de créatures en
images de synthèse. Techniquement irréprochable, le long-métrage
de Steven Spielberg n'en est pas moins doté de certaines faiblesses
qui se verront surtout lors d'une seconde projection, une fois
qu'auront été ''digérés'' les formidables effets-spéciaux...
Basé
sur l'ouvrage éponyme de l'écrivain américain de science-fiction
Michael Crichton (The
Andromeda Strain,
Sphere,
Timeline,
etc...), le film de Steven Spielberg donnera lieu quelques années
plus tard au parc d'attraction Jurassic
Park: The Ride.
C'est d'ailleurs à peu de chose près à quoi ressemble le
long-métrage qui dans une proportion importante ressemble à une
promenade au cœur d'un complexe où vivent en liberté des créatures
préhistoriques ramenées à la vie par l'équipe de généticiens
travaillant aux côtés du milliardaire John Hammond (l'acteur
Richard Attenborough). C'est donc au cœur du Jurassic
Park
que vont se dérouler les aventures de notre paléontologue Alan
Grant et de ses compagnons d'infortune. Car si dans un premier temps
le tout ressemble à une promenade de santé dans des contrées
verdoyantes foulées par des dinosaures tantôt gigantesques mais
inoffensifs, tantôt par de plus petites créatures particulièrement
agressives, en dehors de ses remarquables effets-spéciaux, Jurassic
Park
vaut surtout pour son très long climax débutant lorsque l'un des
employés de InGen (l'acteur Wayne Knight dans le rôle de Denis
Nedry) tente de voler des embryons de dinosaures pour le compte de la
société rivale Biosyn
en coupant le système de sécurité du parc. Mettant ainsi les
petits-enfants et les invités de John Hammond en danger face aux
dangereuses créatures qui désormais vont pouvoir se déplacer hors
de leur zone de restriction. Et parmi ces dernières, la plus
redoutée de toute : le fameux T.rex !
Alors
que Jurassic Park
débutait sous les oripeaux du film de science-fiction familial
ouvert à tous publics, le film de Steven Spielberg rappelle ses
spectateurs au bon souvenir d'un certain Les
dents de la mer,
transposant le thème du chasseur et de sa proie hors de l'eau. Le
film se mue ainsi en une œuvre horrifique particulièrement
efficace, prolongeant l'expérience jusque dans ses derniers
retranchements, entre le parcours qu'a prévu d'offrir aux futurs
clients du parc son créateur et le complexe réservé aux employés.
Le film met en lumière en une seule phrase l'avenir de ses héros,
logiquement contraints de pointer au chômage dès lors que seront
mis à disposition des futurs visiteurs non plus des squelettes
reconstitués de créatures préhistoriques mais des animaux d'un
autre temps faits de chair et d'os ! L'on retrouve dans le
principaux rôles les acteurs Sam Neill, Laura Dern qui à eux deux
campent les rôles des professeurs Alan Grant et Ellie Sattier. À
leurs côtés, Jeff Goldblum semble avoir déjà beaucoup plus de mal
à s'imposer dans celui du professeur Ian Malcolm. Un rôle presque
secondaire pour un temps de présence à l'image et de parole
moindre. Décevant... Si en terme de technologie les années
quatre-vingt dix ont souvent pâtit d'effets visuels qui de nous
jours paraissent terriblement datés, on constate encore aujourd'hui
son avancée technologie puisque même si depuis de nets progrès ont
été effectués en matière d'effets-spéciaux numériques, Jurassic
Park continue
de faire son petit effet. Cependant, le film paraît n'être parfois
qu'une vitrine technologique d'où l'on ne retiendra en outre que le
ressort dramatique central tandis que le reste sent tout de même le
réchauffé. Rien d'original donc dans cette traque entre le chasseur
et sa proie où les valeurs sont malgré tout inversées puisqu'ici,
l'homme devient en théorie le ''butin'' de créatures
''monstrueuses'' avides de chair fraîche. Tout comme les
Frankenstein et
autres œuvres au sein desquelles l'homme se prend pour Dieu,
Jurassic Park le
met face à certaines contradictions puisque la vie est ici synonyme
de mort. Derrière l'enchantement, l'angoisse (T.rex et tempête font
ici bon ménage lorsqu'il s'agit de créer un authentique climat de
terreur) et cet attrait foncièrement bon pour ses créatures et ses
personnages, Steven Spielberg signait une œuvre qui avec le temps et
en dehors de ses prouesses technologiques, prenait paradoxalement le
risque de perdre de son intérêt : une caractérisation revue à
la baisse et un scénario se déchargeant presque uniquement sur les
effets-spéciaux et sur quelques moments d'anthologie...
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