« Par les producteurs de C'est Arrivé près de
Chez Vous »
annonce fièrement l'affiche de Kill me Please
du cinéaste bruxellois Olias Barco, déjà auteur de plusieurs
courts-métrages et de Snowboarder
en 2003. Et comme si cela ne suffisait pas, le belge tourne en noir
et blanc et invite (du moins pendant les neuf premières minutes du
métrage) son compatriote Benoît Poelvoorde, histoire de démontrer
la filiation entre son film et celui que l'acteur et les cinéastes
Rémy Belvaux et André Bonzel tournèrent dix-huit ans plus tôt.
Tout comme ses homologues, Olias
Barco propose avec Kill me
Please,
une comédie. Noire, absurde, surréaliste, drôle et violente.
Le
film a été tourné au Domaine
de Ronchinne
au beau milieu duquel trône le Château de la Poste, situé entre
Liège et Mons. A l'occasion du tournage, les lieux ont été
transformés en clinique. Un institut un peu particulier puisqu'il
s'agit d'y accueillir des hommes et des femmes qui veulent en finir
avec leur existence. Dirigée par le docteur Kruger, ce dernier veut
développer l'idée du suicide médicalement assisté. Assez mal vu
des habitants des villages alentours (on en verra d'ailleurs les
conséquences durant une dernière demi-heure particulièrement folle
et meurtrière), il est assisté de plusieurs employé et accueille
au sein de l'établissement de riches patients.
Dont
une ancienne chanteuse nymphomane atteinte d'un cancer du poumon,
Madame Rachel (campée par la transsexuelle Zazie de Paris, reconnue
comme l'icône drag de la scène berlinoise), Monsieur Vidal
(l'acteur Boulil Lanners) en pervers, Virginie Effira en inspectrice
des finances enquêtant sur les agissements du docteur Kruger,
Virgile (Virgile Bramly) qui rêve de mourir une balle dans la tête
au cœur d'une action guerrière ou encore plus étonnant, le riche
américain interprété par l'acteur canadien Saul Rubinek.
Que
les amateurs de comédies noires se réjouissent, Kill
me Please est
une belle réussite. Surtout lors du long final. Avouons que la
première heure est assez longuette et que le scénario manque de
challenge. Olias Barco en l'espace d'une demi-heure sauve son film du
naufrage et offre aux amateurs de doux moments de cynisme et
d'impertinence. Dès que Virginie Effira se prend une balle dans la
tête, on peut enfin respirer. Le récit s'emballe et les meurtres
s'enchaînent. C'est l'hécatombe. Ce que laissaient redouter les
villageois arrive enfin, un peu à la manière de Calvaire de Fabrice
du Welz, toutes proportions gardées. Kill
me Please se
traîne une aura singulière du fait de l'emploi d'un très beau noir
et blanc.
Même
s'il on ne rit jamais vraiment à gorge déployée, quelques scènes
demeurent fort amusantes. Telle la diva allemande se brisant la voix
sur un air nostalgique, ou lorsqu'un homme transformé en torche
humaine tandis que le feu s'est déclaré à l'intérieur de la
clinique, l'un des patients, transit de froid rétorque : « lui
au moins il a pas froid » !!!
Totalement barré, Kill
me Please
est à prendre au dixième degré. On retiendra la composition
détonnante d'Aurélien Recoing, seul personnage à maintenir une
certaine cohérence comportementale... du moins jusqu'au final
explosif !
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