Ça passe ou ça casse...
Ç'aurait pu être les paroles d'une chanson mais c'est surtout ainsi
que se positionne d'emblée le scénario du premier long-métrage du
réalisateur français Didier D. Daarwin. Casse-gueule, c'est en
long, en large et en travers que le bonhomme a échoué dans tous les
objectifs qu'il visait. Avec une telle idée derrière la tête,
Mastemah
avait autant de chance de devenir l’œuvre mythique rêvée du
cinéma fantastique hexagonal que le plus ridicule des longs-métrages
horrifiques à avoir été signés sur notre territoire. Pas de
chance pour lui, le film de Didier D. Daarwin coche la seconde case
et a donc tout faux. Du moindre mot jusqu'à la plus infime
ponctuation, dialogues, mise en scène et interprétation tombent
irrémédiablement dans la gueule béante du grotesque ! Le
réalisateur et ses deux scénaristes Thierry Aflalou et Johanne
Rigoulot ont tant et si bien l'air de prendre plaisir à pratiquer
l'onanisme qu'ils semblent demeurer aveugles devant l'éclatante
indigence du synopsis. Un scénario que Didier D. Daarwin s'empresse
cependant de transposer à l'écran sans même imaginer par avance le
résultat final. Aux commandes du projet, il conduit l'actrice
Camille Razat ainsi qu'Olivier Barthélémy à bord d'une voiture
sans ceinture et fonce directement droit dans le mur. Le récit est
chaotique, un peu trop gourmand en effets et plonge le spectateur en
pleine confusion. À trop vouloir en donner à ces derniers pour leur
argent, le long-métrage fait autant d'effet sur le cerveau qu'une
overdose de foie gras ou de chocolat sur l'organisme ! La
présence à l'image de Féodor Atkine dans le rôle du père Sylvain
ne rachète malheureusement pas les défauts rédhibitoires dont est
perclus Mastemah...
Un
long-métrage sur l'hypnose, les croyances religieuses, le Mal ou la
schizophrénie. Didier D. Daarwin persiste à vouloir noircir le
tableau comme un artiste atteint de démence peignant ses toiles au
charbon noir ! Malheureusement, toute cette lourdeur appesantit
si bien le propos que l'on finit par très rapidement s'ennuyer et se
détacher des personnages. La louable intention du réalisateur à
vouloir créer un climat morbide et anxiogène permanent est louable
mais au final assez peu effective. L'ambiance transforme la curiosité
en calvaire et les quelques détails qui pouvaient encore retenir
l'attention s'évanouissent rapidement. Il manque à Mastermah
un surcroît de caractérisation quant au contraire, Didier D.
Daarwin s'empresse de présenter le personnage de Théo (Olivier
Barthélémy) comme un individu hautement inquiétant. Mais l'un des
aspects les plus détestables du long-métrage demeure sans doute
dans ces visuels saturés de couleurs primaires filmés comme de
vieux clips vidéos ringards ou comme des courts-métrages américains
underground sans le sou. L'évocation du Diable, du Malin, de Satan,
n'a jamais eu l'air aussi ridicule sur grand écran. Un objet
d'autosatisfaction rutilant de noirceur où le grotesque le dispute à
la franche et involontaire rigolade. Celle des spectateurs qui
verront en Mastemah
l'occasion de cracher une nouvelle fois sur le cinéma (fantastique)
français...
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