Je le reconnais, j'ai
habituellement beaucoup de mal à me faire au jeu généralement
monolithique de l'actrice Catherine Jacob. En découvrant qu'elle
faisait partie du casting du second long-métrage de Julien Maury et
Alexandre Bustillo que je ne porte déjà pas tellement dans mon
cœur, les pires craintes ont tenté de me convaincre de remettre à
plus tard la projection de Livide.
Et pourtant, les deux réalisateurs qui depuis n'ont cessé de
collaborer ensemble sans jamais avoir vraiment réussi à réitérer
une nouvelle fois l'exploit de leur premier long-métrage À
l'intérieur ont
sans doute fait là leur meilleur choix. Car c'est justement à
travers l'attitude apparemment détachée et le ton monocorde de
l'actrice qui offre au personnage qu'elle incarne son côté
psychopathique. Durant presque une demi-heure, Livide
fait penser à un téléfilm et l'envie de décrocher son téléphone
pour appeler et conseiller le duo de réalisateurs de faire carrière
à la télévision plutôt qu'au cinéma se fait irrépressible !
C'est d'ailleurs souvent l'une des caractéristiques de Julien Maury
et Alexandre Bustillo. Il n'est pas rare en effet que l'on ait
l'impression d'assister à un programme télévisé plutôt qu'une
œuvre produite et réalisée pour le grand écran. Durant une
première partie un peu trop longue qui nous présente son carré de
personnages principaux, nous faisons donc la connaissance de
Catherine Wilson (Catherine Jacob), de Lucie Clavel (Chloé
Coulloud), jeune femme désormais employée auprès de personnes
ayant besoin des services d'une assistante à domicile, ainsi que de
ses deux amis William (Félix Moati) et Ben (Jérémy Kapone). Notons
que Béatrice Dalle qui fut l'une des interprètes principales du
premier long-métrage de Julien Maury et Alexandre Bustillo y fait un
caméo à travers le personnage de la mère de Lucie, suicidée dans
sa baignoire un peu moins d'un an en arrière. Après avoir fait le
tour des patients dont elle devra s'occuper, le soir-même Lucie
retrouve William et Ben dans un restaurant où travaille ce dernier.
Après leur avoir parlé de l'une de ses futures patientes, une
vieille dame alitée du nom de Déborah Jessel qu'interprète
Marie-Claude Pietragalla et dont la fortune semble d'après les
propos tenus par Catherine, relativement importante, William a l'idée
saugrenue de cambrioler la luxueuse demeure de la vieille femme.
Après avoir essuyé un refus de la part de Lucie, William parvient
finalement à les embarquer elle et Ben.
Un
soir, les trois amis se dirigent donc vers la demeure de celle qui
fut professeur de danse. Après s'y être introduits et avoir
fouillé une partie des pièces constituant l'édifice alors que la
propriétaire dort au dernier étage, les trois jeunes gens
s'emparent d'une clé que porte autour du coup Déborah et qui semble
ouvrir une porte fermée à clé.... Entre une Catherine Jacob qui
comme à son habitude joue comme si elle se faisait royalement chier,
un Félix Moati dont le personnage le rend particulièrement
antipathique, un Jérémy Kapone au trouillomètre à zéro et une
Chloé Coulloud parfois lymphatique, il n'y a guère de quoi se
réjouir. Du moins jusqu'à ce que le bourrin de service (en
l'occurrence, William) ne commette une erreur qui sera fatale à
l'ensemble de ce petit groupe venu accomplir un acte parfaitement
immoral (voler une vieille dame alitée, quelle honte. Et quel manque
de courage!). Là, le film change radicalement d'atmosphère et l'on
se retrouve visiblement devant l'un de ces films de fantômes (même
si le sujet est ailleurs) mais dont les qualités, ici, deviennent
réelles grâce à l'emploi d''une esthétique, d'une bande musicale,
d'une photographie, d'un Sound Design et de décors très anxiogènes.
De quoi ravaler sa langue (et par la même occasion, sa salive).Cinq
ans plus tard les spectateurs retrouveront d'ailleurs certains
éléments de Livide
dans l'excellent Don't Breathe
que réalisera en 2016 le réalisateur uruguayen Fede Álvarez...
Malheureusement, Livide
tombe ensuite dans les travers de la facilité et comme à leurs
habitudes, le duo ne peut s'empêcher de transformer leur récit en
un bain de sang. Le film frise alors le ridicule et ce, même si les
épanchements d'hémoglobine sont souvent gratinés. Le saugrenu
vient surtout du personnage d'Anna, entre poupée de boite à musique
à taille humaine et vamp assoiffée de sang. Le récit dévie sans
cesse de sa trajectoire, profitant de l'occasion pour réintroduire
Catherine Jacob au bout de soixante-dix minutes et qui jusque là
avait disparu des radars. Je passe les quelques idées originales
mais au final parfaitement grotesques qui suivront... Bref, Livide
se divise en trois partie. La première, chiante. La seconde,
anxiogène. Et la troisième, totalement absurde et involontairement
drôle...
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