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lundi 9 septembre 2024

Lake Mungo de Joel Anderson (2008) - ★★★★★★★☆☆☆

 


 

Lake Mungo de Joel Anderson fait partie d'une catégorie de films qu'il est assez inconfortable d'évoquer sans prendre le risque de divulguer d'importantes informations concernant la forme que prennent les événements. C'est pourquoi je conseillerai à celles et ceux qui ne l'auraient pas encore découvert de cesser immédiatement la lecture de cet article... Premier long-métrage produit, écrit et réalisé par un cinéaste qui n'aura même pas eu l'excuse d'avoir travaillé dans un certain domaine de l'information pour justifier ici les qualités de son travail, Lake Mungo est l'un des rares exemples de ''Documentaires'' qui prennent pour sujet une actualité tout à fait fictive. On parle donc bien de ce phénomène qu'est le Documenteur, type de long-métrage mettant en scène de faux témoins et de fausses images reléguant un fait plus ou moins extraordinaire mais absolument imaginaire. Entre drame, manipulation et fantastique, Lake Mungo nous invite à pénétrer l'intimité d'une famille en deuil après le décès de l'un de ses membres. Russel et June Palmer ont effectivement perdu leur fille Alice, d'abord disparue avant d'avoir été retrouvée noyée dans le Lac Mungo. À travers de nombreux témoignages, d'images d'archives et de séquences de reconstitution, Joel Anderson convie autant d'interprètes à se présenter devant la caméra afin de raviver le souvenir de cette adolescente trop vite disparue mais aussi celui des événements tragiques liés à sa mort ou des étranges phénomènes qui se produisirent par la suite. Rosie Traynor et David Pledger incarnent les parents éplorés de la jeune Alice, le second remportant la médaille du vérisme. C'est bien simple : la totalité des interprètes qui incarnent soit les membres de la famille Palmer, soit les voisins, ou soit les amis de la disparue sont tous plus crédibles les uns que les autres. Joel Anderson semble avoir retenu l'essentiel des reportages criminels qui pullulent sur les chaînes d'information ou dans les magazines à sensations ainsi que les rapports d'enquête pour les digérer ici avec un sens du réalisme absolument remarquable...


Si l'on ne devine pas d'emblée que Lake Mungo repose sur des faits inventés par le réalisateur lui-même, il devient difficile de distinguer le moindre élément permettant de découvrir le subterfuge. Joel Anderson est aidé en cela par la photographie de John Brawdley ou par l'emploi de caméras et de filtres vintages qui permettent une immersion totale dans ce récit dramatique où des événements surnaturels viendront succéder à la mort d'Alice. C'est en cela que Lake Mungo s'inscrit dans des genres qui communément sont visibles à travers ces longues listes de documentaires à sensation qui font la part belle à la fantaisie. Visuellement, le spectateur se retrouve devant un documentaire, entre témoignages, images d'archives ou vidéos, tous parfaitement crédibles. Du cadavre épouvantablement dégradé d'Alice repêché plusieurs jours après sa disparition jusqu'à l'attitude des témoins, agents de police et présentateurs de journaux compris, en passant par le travail rigoureux effectué sur l'image, on tombe littéralement dans le panneau. À tel point que même en sachant que tout n'est ici que fiction, l'on finit par oublier ce détail pourtant d'une importance considérable pour s'émouvoir devant la détresse des uns et des autres. Là où par contre Joel Anderson aurait sans doute été beaucoup plus éclairé aurait été de choisir un format plus court. Stoppant ainsi l'étonnante progression de la tragédie entourant la famille Palmer aux seuls événements liés au décès de l'adolescente et à ses diverses apparitions sur des photos prises par son frère. Le concept ayant de toute manière toujours des difficultés à justifier la présence de telle ou telle entité sur des documents vidéos ou photographiques, nous n'en aurions sans doute pas voulu au cinéaste de mettre un terme au récit de façon brutale... Mais dans une volonté d'en remettre une couche, et même plusieurs, Joel Anderson part sur l'hypothèse d'une tromperie. Jusque là, ça peut encore passer. Mais lorsque nous est révélée une situation qui avait encore échappée aux différents témoins de l'affaire, on est en droit de penser que Joel Anderson est peut-être allé un peu trop loin. Une surenchère pas vraiment utile vue la puissance de la mise en scène, du montage et de l'interprétation qui jusque là avaient su nous convaincre que tout pouvait être authentique. Bref, Lake Mungo est une excellente surprise et l'un des meilleurs représentants de sa catégorie...

 

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