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samedi 7 septembre 2024

The Strange Thing About the Johnsons d'Ari Aster (2011) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Parmi les cinéastes actuels qui comptent, le réalisateur américain Ari Aster n'est pas des moindre. Avec à son actif une dizaine de courts et (surtout) de longs-métrages (Hérédité, Midsommar et Beau is Afraid), le new-yorkais s'est forgé une solide réputation. Un peu à la manière de son compatriote Robert Eggers qui en seulement trois brillantes œuvres a lui aussi prouvé sa valeur (The Witch, The Lighthouse et The Northman). Contrairement à Jordan Peele dont le très prometteur Get Out fut suivi de deux déceptions : Us et Nope... En 2011, soit sept ans avant qu'il passe du court au long format, Ari Aster réalisa un second court-métrage qui pour beaucoup semble atteindre un degré d'horreur difficile à décrire. Le réalisateur et scénariste y aborde l'un des derniers tabous (avec la nécrophilie, la pédophilie ou le cannibalisme) qui, vu comme le vent tourne actuellement, risque malheureusement de n'être prochainement plus un problème. Celui de l'inceste. The Strange Thing About the Johnsons débute par l'un de ces instants de malaise que certains jeunes garçons connurent certainement durant leurs années d'adolescence. Une porte mal fermée, un père qui entre sans frapper, et voilà qu'Isaiah est surpris en train de se masturber sous sa couette. Vous me direz, y'a pire. Imaginez que ce soit la mère qui ait choisit d'entrer sans frapper dans la chambre de son fils. Ou si au contraire, ce dernier était entré dans celle de ses parents au moment même où ils étaient en train de lui faire cadeau d'un petit frère ou d'une petite sœur... Sidney (Billy Mayo) quitte précipitamment la chambre de son fils (Brandon Greenhouse) avant d'y revenir afin de lui expliquer que se masturber est naturel et qu'il n'y a donc dans cet acte, rien d'anormal. Le spectateur observera qu'Ari Aster joue avec les regards de ce père attentionné qui n'oublie malgré tout pas de jeter un œil en direction de ce que l'on supposera être l’entrejambe de son fils  avant de le laisser ! Mais peut-être ne s'agit-il que d'une simple impression.......


Attendez, ça n'est pas terminé. Une fois Sidney ayant quitté la chambre de son fils, ce dernier sort de sous les draps une photo sur laquelle est imprimé le visage... de son père !!! En un peu moins de quatre minutes, Ari Aster pose les bases de ce court projet d'une demi-heure environ. Une famille apparemment idyllique que l'on retrouve ensuite quatorze ans plus tard. L'adolescent a bien grandit et le voici marié à sa jeune épouse. Un photographe immortalise leur union, l'un et l'autre sont entourés de leurs parents respectifs et au moment d'être pris en photo, tout le monde sourit sauf Sidney... Ensuite.... Et bien, comment dire.... Ari Aster nous sert la recette qu'il emploiera plus tard notamment avec Midsommar. Cette esthétique du bonheur, colorée, fleurie, mais au sein de laquelle viennent s'inscrire des visions authentiquement traumatisantes. Les personnages interagissent à travers des éléments du quotidien. Comme le trou d'une clôture crée tel un judas à travers lequel la mère d'Isaiah (Angela Bullock dans le rôle de Joan) découvre l'horrible vérité. Ce court travelling qui expose les ouvrages écrits par le père et témoignant du lourd traumatisme, ou quelques secondes plus tard, cet écran d'ordinateur sur lequel il pose la question de sa propre responsabilité... Rien ici n'est gratuit. Sans vulgarité et débarrassé du cynisme qui fait notamment figure de marque de fabrique chez le réalisateur Todd Solondz (Bienvenue dans l'âge ingrat, Happiness, Storytelling, etc...), Ari Aster assène en permanence aux spectateurs des uppercuts qui chaque fois touchent au but ! Si l'on comprend qu'ici le monstre n'est pas celui auquel on pense dans les tous premiers instants, The Strange Thing About the Johnsons développe également l'idée sous-jacente de la ''transmission''. Ce qui une nouvelle fois n'est pas pour ménager les spectateurs... Comme il le démontrera brillamment plus tard à travers ses longs-métrages, Ari Aster est passé maître dans l'art d'inscrire ses personnages dans un quotidien apparemment quelconque mais en réalité, objectivement monstrueux, voire décadent... Dingue !

 

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