Drôle de carrière que
celle du cinéaste américain Alex Cox. Alors qu'il aurait pu laisser
tomber le métier de scénariste à force de se voir rejeter
plusieurs de ses scripts, il adaptera des années plus tard le roman
de Hunter S. Thompson Las Vegas
Parano
(transposé à l'écran en 1998 par Terry Gilliam). Si l'on met de
côté le court-métrage Sleep is for Sissies
en 1980, il débutera véritablement le métier de réalisateur
quatre ans plus tard avec Repo Man.
Basé sur le scénario d'un projet intitulé The
Hot Club
qui lui-même ne sera jamais adapté sur grand écran sous sa forme
initiale, le premier long-métrage d'Alex Cox est également en
partie inspiré de son voisin de palier, spécialisé dans la
récupération de véhicules endommagés. À l'arrivée, Repo
Man
fait partie de ces O.F.N.I.s
qui parfois débarquent sans crier gare. Originale, cette comédie
fantastique évoque parfois le futur Men in black
de Barry Sonnenfeld qui verra le jour treize ans plus tard. L’œuvre
d'Alex Cox bénéficie moins d'une réputation élogieuse que d'un
casting plus ou moins prestigieux. En tête de gondole, Harry
''Alien''
Dean Stanton et Emilio ''Young Guns''
Estevez. Alors que ce dernier s'apprête à tourner l'année suivante
dans le chef-d’œuvre de John Hughes, Breakfast
Club,
le jeune acteur interprète ici le personnage de Otto, un punk qui
après s'être fait enrôler dans la rue par un inconnu pour
vingt-cinq billets verts va accepter d'intégrer une entreprise de
Repo Men.
Ce qui tombe bien puisqu'il vient de se faire renvoyer de son
précédent emploi et à trouvé sa petite amie dans les bras d'un
autre...
Ici,
on n'est pas dans le quartier chic de Beverly Hills à Los Angeles.
Mais plutôt dans l'un de ceux que l'on évite d'exhumer à l'image.
Des trottoirs défoncés, souillés d'immondices et de montagnes de
détritus et en arrière-plan, des décharges, des casses de bagnole
et des boites de nuit malfamées fréquentées par des bandes de
voyous. C'est dans ce contexte un peu délicat qu'Otto va tenter de
se fondre dans l'existence apparemment agitée des Repo
Men.
C'est du moins tout le contraire de ce que l'on ressent devant des
péripéties souvent contées sur un mode absurde, décousu, mais
aussi parfois léthargique. Le script, qui sûrement devait tenir sur
une simple feuille de papier volant, semble abandonner les
personnages le plus clair du temps. En roue libre, Harry Dean
Stanton, Emilio Estevez, mais également Tracey Walter, Sy
Richardson, Vonetta McGee ou la charmante Olivia Barash (laquelle
aura profondément marqué les esprits des amoureux de la série La
petite maison dans la prairie
dans le tragique double épisode intitulé Sylvia)
nous emmènent dans leur délire et celui du réalisateur/scénariste,
entre réalisme et fantastique. Car si l'existence de ces Repo
Men
paraît entrer dans un cadre relativement crédible, il en va en
revanche de façon contraire avec le personnage du scientifique J.
Frank Parnell qu'interprète l'acteur Fox Harris. À bord de son
véhicule, l'homme semble traverser le pays en laiss derrière lui
des cadavres littéralement atomisés. En effet, son coffre arrière
renferme un secret qui dès qu'il est mis à jour provoque la mort
instantanée de quiconque a eu la curiosité de l'ouvrir. La police
enquête...
Fox
Harris incarne une sorte de Henry Chinaski (alter ego de l'écrivain
américain Charles Bukowsky) fascinant. Un individu de l'acabit d'un
certain Columbo sans sa plaque d'officier de police mais à l'allure
parfois aussi dégingandée. L'un des aspects les plus rigoureusement
inattendu demeure le montage de Dennis Dolan. Surtout lorsque notre
ancien punk se forme au métier de repo
man
au contact de ses nouveaux collègues, changeant subitement et donc
sans prévenir de voiture et d'interlocuteur. Leila travaille quant à
elle pour l'agence United Fruitcake Outlet et affirme qu'elle et
d'autres agents sont parvenus à extraire d'une base militaire
secrète une créature d'origine extraterrestre (l'on suppose qu'il
s'agit de cette qui fut découverte lors d'un crash situé à Roswell
en 1947 puisque est évoqué la présence non loin du lieu de
l'action de cette ville située au sud-est de l'État du
Nouveau-Mexique. On notera d'ailleurs une certaine invraisemblance
scénaristique vue la distance qui sépare Los Angeles de
Roswell). Néanmoins très en dessous mais toutefois comparable au
génialissime Miracle Mile
de Steve De Jarnatt pour leur originalité respective, Repo
Man
semble sans cesse chercher sa voie sans jamais vraiment la trouver.
Sauvé de justesse pas sa galerie de personnages et son mélange des
genres moins indigeste qu'il n'y paraît, le film d'Alex Cox risque
cependant de décevoir ceux qui rêvaient d'y découvrir une invasion
de petits hommes verts...
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