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dimanche 26 juin 2022

The Last Girl – La fille qui a tous les dons de Colm McCarthy (2016) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Le phénomène des infectés semble être tombé dans une sorte de boucle scénaristique qui ne lui permet d'évoluer que très parcimonieusement. Il faut alors tout le génie d'une mise en scène pour faire oublier que le spectacle que l'on découvre à l'écran n'est qu'une éternelle resucée d'un script maintes fois réinterprété. Pourtant, il en est qui parviennent à reprendre le concept et à le remanier de telle sorte que l'espoir de voir s'y greffer de nouvelles idées persiste. C'est l'un des sentiments profonds que laisse derrière elle la projection de The Last Girl – La fille qui a tous les dons. Un long-métrage dont a priori l'originalité ne dépasse pas le cadre du titre et dont la conception va cependant s'avérer payante. Très intelligemment pensé, le scénario de l'écrivain britannique M. R. Carey repose sur son propre roman The Girl with All the Gifts paru en 2014. Son adaptation sur grand écran paraît bénéficier d'un certain engouement de la part du public avide de science-fiction post-apocalyptique couplée à cette descendance du phénomène de zombies ou de morts-vivants que l'on nomme infectés et qui fait recette depuis de nombreuses années. De l'obscure objet filmique, fauché, zédifiant, que seul le fan absolu du genre dénichera autour d'une édition au format physique, en VOD ou plus malhonnêtement en le téléchargeant, jusqu'à la grosse production gavée en billets verts (World War Z de Marc Forster en 2013) mais pas forcément mieux lotie en matière d'écriture et de mise en scène. La concurrence est pourtant parfois très rude et il faut parfois voyager très loin jusqu'en Asie pour trouver d'authentiques perles du genre (Dernier train pour Busan de Sang-ho Yeon en 2016), certain s'emparant même chez nous du phénomène pour en proposer une alternative moins sérieuse et donc moins anxiogène (Problemos d'Eric Judor en 2017). Mais de ces centaines de productions plus ou moins aisées et plus ou moins réussies, quelles sont celles dont la légende aura retenu le nom ? Peut-être The Crazies de George Romero pour sa portée historique (sorti en 1973, il est l'un des films, (peut-être involontaires), à l'origine du concept) ? 28 semaine plus tard de Juan Carlos Fresnadillo pour ses indéniables qualités esthétiques ? Oui, sans doute. Mais de manière tout à fait inattendue, l'une des plus grosses claques des dix dernières années dans ce domaine risque de demeurer The Last Girl – La fille qui a tous les dons de Colm McCarthy. Un réalisateur britannique dont avant cela nous ne savions pas grand chose. Une profusion d'épisodes de séries télévisées, un premier long-métrage d'horreur projeté sur grand écran en 2010 (Outcast), et puis retour au petit écran jusqu'à ce qu'en 2016 les amateurs d'horreur et de fantastiques et même, pourquoi pas, le reste du public, puissent bénéficier de l'adaptation du roman de M. R. Carey. Et là, franchement les amis, c'est la claque...


D'où viennent-il et où allons-nous ?


The Last Girl – La fille qui a tous les dons, c'est un peu le concept du jeu vidéo façon The Last of Us (2013) remis au goût du jour en salles obscures. Des environnements qui se diversifient, épargnant ainsi à la rétine de trop s'habituer aux mêmes décors. L'intrigue débute effectivement dans un complexe scientifico-militaire souterrain à la manière de Day of the Dead de George Romero avec lequel le long-métrage de Colm McCarthy partage un autre point commun : en 1986, George Romero tentait d'humaniser les morts-vivants à travers le personnage de Bub sur lequel pratiquait des expériences le docteur Matthew ''Frankenstein'' Logan. Dans le cas de The Last Girl – La fille qui a tous les dons, le principe est revu sur le mode de ''l'expérience en batterie'' puisque de jeunes enfants infectés de seconde génération sont regroupés et sont la cible de tests menés par le docteur Caroline Caldwell (l'excellente actrice américaine Glenn Glose). Attachés des pieds à la tête sur des chaises roulantes, dénués de tous symptômes visibles révélant la présence dans leur sang une variante du virus fongique Ophiocordyceps unilateralis, ils et elles sont drastiquement surveillés par des soldats lourdement armés. L'institutrice Helen Justineau (Gemma Arterton) leur enseigne les matières scolaires et semble très proche de la jeune Melanie (Sennia Nanua). Mais un jour, la base est envahie par une horde d'infectés contraignant l'adolescente, l'institutrice, le docteur Caldwell le Sergent Eddie Parks (Paddy Considine) et quelques-uns de ses hommes de prendre la fuite. Leur objectifs : rejoindre la ville de Londres. D'une richesse inouïe, The Last Girl – La fille qui a tous les dons accorde autant d'attention au récit qu'à ses personnages. Parfaitement campés et surtout merveilleusement bien caractérisés, même le plus ambigu des protagonistes s'avère au fond attachant. Colm McCarthy et toute son équipe nous font voir du pays. Entre la base militaire et son laboratoire de recherche, la campagne alentour et des cités que la nature s'est réappropriée, le long-métrage mélange également les genres. Horreur, science-fiction post-apocalyptique, action et combats s'entremêlent avec une étonnante cohérence. Surtout, Colm McCarthy et son scénariste évitent de traiter certains personnages avec le mépris qui leur incombe en général dans ce genre de sujet. Non, le docteur Caroline Caldwell n'est pas un monstre de froideur dénué de toute morale et ça, l'actrice Glenn Close l'a bien compris et adopte une attitude parfois déconcertante. Et non le sergent Eddie Parks et ses hommes ne sont pas qu'une somme de muscles et de testostérones sans cervelle. Possédant une identité qui lui est propre, The Last Girl – La fille qui a tous les dons a de plus la fameuse idée d'évoquer une évolution de la maladie que l'on rêve déjà de voir exploitée dans une hypothétique séquelle. Émouvant, gore, angoissant et ponctué de quelques pics d'humour, il s'agit là rien moins que de l'un des meilleurs films d'infectés ayant vu le jour depuis la naissance du genre...

 

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