Bienvenue sur Cinémart. Ici, vous trouverez des articles consacrés au cinéma et rien qu'au cinéma. Il y en a pour tous les goûts. N'hésitez pas à faire des remarques positives ou non car je cherche sans cesse à améliorer le blog pour votre confort visuel. A bientôt...

Labels


samedi 25 juin 2022

Alexandra's Project de Rolf de Heer (2006) - ★★★★★★★★☆☆

 


 

Dix ans après l'excellent Bad Boy Bubby, le réalisateur néerlandais Rolf de Heer revenait en 2003 avec Alexandra's Project. Entre-temps, il pris le temps de réaliser cinq longs-métrages parmi lesquels le film de science-fiction Alien Visitor. Preuve s'il en est que Rolf de Heer a choisi de ne pas se contenter d’œuvrer dans un genre unique mais d'approcher différents styles et courants dont le thriller et le suspens qui eux sont les ingrédients essentiels de son dixième long-métrage. De loin, et même de très loin, Alexandra's Project reprend le concept de ces longs-métrages horrifiques dans lesquels interviennent des tueurs sadiques dont le sport favori est de séquestrer dans des caves insalubres de pauvres jeunes femmes innocentes auxquelles ils font subir les pires outrages. Dans un autre ordre d'idée, le film évoque également ceux mettant en scène des représentantes de la gente féminine bien décidées à prendre leur destin en main en se vengeant de leur tortionnaire. Si dans le fond, on retrouve un peu de tout ce qui enrobe le concept du Rape and Revenge ou celui du Torture-Porn, le néerlandais a l'intelligence de ne pas reproduire ce dont ont abusé avant lui de nombreux réalisateurs en manque d'inspiration. Sans une seule goutte de sang, sans brutalités physiques, sans la moindre crise d'hystérie, Rolf de Heer préfère à l'hémoglobine, travailler sur l'aspect psychologique de ses personnages et développer un sadisme qui ne fait appel à aucun autre artifice que l'emploi de la parole. Tout le film tournant autour des personnages de Steve qu'interprète l'acteur Gary Sweet et de son épouse Alexandra (l'actrice Helen Buday), l'action se déroule en un espace-temps réduit à son strict minimum. Passées les quelques séquences située dans les bureaux de la société dans laquelle l'époux et père de deux enfants attentionné vient d'obtenir une promotion, le reste du film s'étale sur une partie de la soirée et dans le salon de la demeure de cette petite famille apparemment irréprochable...
 
L'une des grandes forces de Alexandra's Project et de son réalisateur est d'être parvenus à caractériser l'un et l'autre des personnages, permettant ainsi à chacun de s'identifier soit à Steve, soit à Alexandra. Le concept est simple : Alors qu'il s'attend à être accueilli par ses enfants, son épouse et leurs amis invités afin de fêter son anniversaire, Steve découvre que les serrures de leur jolie maison ont été remplacées. À l'intérieur règne un certain désordre et aucun éclairage ne fonctionne. Quant à Alexandra et leurs enfants, ils semblent avoir disparu. L'attend pourtant dans une pièce où on été disposés le téléviseur du salon et un fauteuil, un petit paquet-cadeau. À l'intérieur, une cassette-vidéo qu'il s'empresse de glisser dans le magnétoscope pour y découvrir que sa femme et leurs deux enfants se sont enregistrés afin de lui souhaiter son anniversaire. Si tout se déroule de manière relativement classique, une fois qu'Emma et son frère ont quitté la pièce, Alexandra décide de faire quelques mises au point concernant le couple qu'elle forme depuis des années avec Steve. Et c'est là que les choses se corsent. Ayant maintenu jusque là un suspens particulièrement angoissant, on pourrait craindre dès lors que Rolf de Heer ne tombe dans une certaine routine. Sauf que son scénario demeure si bien ficelé que ce qui pourrait ne ressembler qu'à un règlement de compte par cassette-vidéo interposée s'avère être d'une perversité à toutes épreuves. Assis dans son fauteuil, passant de la bière au whisky, fumant cigarette sur cigarette, Steve découvre la véritable personnalité d'Alexandra. Mais ce que laisse en supposer arrière-plan le film est cette incertitude qui fait douter le spectateur et le laisse dans l’expectative durant une grande majorité du récit...

 

Il n'est nul besoin en effet d'être misogyne ou macho pour évoquer l'éventualité selon laquelle le problème pourrait directement provenir de l'épouse et non du mari. En distillant au compte-goutte les éléments mettant Steve en porte à faux vis à vis du comportement qu'il a souvent adopté envers Alexandra, tout en caractérisant celle-ci sous la forme d'une épouse et mère de famille dépressive, la lumière mettra un certain temps avant de nous éclairer réellement sur le statut de ''despote'' de l'un ou de l'autre. Comme Steve semble incapable de mettre un terme aux images d'une Alexandra délivrée de ses pesantes entraves, le spectateur aura lui aussi bien du mal à mettre Alexandra's Project sur pause, curieux de découvrir les tenants et les aboutissants d'un film beaucoup plus pervers qu'il n'y paraît. Le genre de sujet inconfortable qui vous empêche de tenir sans bouger dans votre fauteuil. Que les paroles et les actes de l'un justifient ou non ceux de l'autre, on sort de l'expérience sans être tout à fait certain du camp que l'on aura choisi entre Steve et Alexandra. Tandis que chacun des deux principaux interprètes joue son rôle à sa manière (lui est prostré dans une attitude abasourdie, elle se met littéralement à nue devant la caméra), le film prend le spectateur en otage. On sort de la projection intellectuellement essoré et les doigts exsangues à force d'être demeurés durant tout le récit, les poing serrés...

 

Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire

Related Posts Plugin for WordPress, Blogger...