Sorti sur les écrans
américains en 1989, le treizième long-métrage du réalisateur
canadien Jean-Claude Lord Mind Field n'a
malheureusement pas eu le succès escompté. Attirant péniblement
deux-mille cinq-cent spectateurs en salle, le film aborde un sujet
qui depuis quelques temps est revenu à la mode. Celui traitant de la
manipulation de la mémoire. S'il paraît être ici question de
science-fiction, le film de Jean-Claude Lord semble pourtant se
référer à d'authentiques événements s'étant déroulés dans le
courant des années cinquante et soixante au Canada. En effet,
l'institut Allan Memorial
situé à Montréal y ''accueilli'' des centaines de patients qui
subirent un lavage de cerveau pour ensuite être reprogrammés.
Hommes et femmes seront alors plongés durant des semaines dans un
profond sommeil, contraints de prendre des drogues hallucinogènes
parmi lesquelles du LSD !
Sans parler des électrochocs qu'il durent également subir. Plus
d'un demi-siècle après, ce fait-divers sordide fait encore parler
de lui puisqu'en mai 2018, les victimes de ce traitement inhumain se
sont réunies afin de témoigner de leur expérience personnelle.
Aussi terrible que soit le sujet, Mind Field
ne va jamais aussi loin dans son traitement. À vrai dire, celui-ci
ne sert en partie que de fond à une histoire mêlant les troubles de
la mémoire de son héros à l'enquête qu'il mène sur le meurtre
d'un homme apparemment anodin, tué d'une balle dans la tête lors du
braquage d'une épicerie. Le héros de cette histoire se nomme Kellen
O'Reilly. Un flic marqué par la mort de son père en service et
hanté par d'affreux cauchemars...
En
parallèle à l'histoire personnelle de Kellen O'Reilly (ses troubles
mentaux, son divorce d'avec son épouse et sa rencontre avec une
avocate acquise à la cause du syndicat de police), Mind
Field fait
également figure de thriller plus bavard que véritablement
captivant. On ne s'étonnera pas vraiment d'y retrouver l'acteur
Michael Ironside de l'excellente série télévisée de
science-fiction V
mais aussi et surtout de Scanners
réalisé huit ans auparavant par le plus célèbre des réalisateurs
canadien, David Cronenberg, et dans lequel la société ConSec
mettait tout en œuvre pour rassembler les Scanners
du titre. Des médiums capables de prendre le contrôle de la pensée.
Huit ans plus tard il est donc encore question de matière grise mais
dans un domaine relevant moins du fantastique ou de la
science-fiction que du fait-divers dramatique. Jouant sur la
popularité du long-métrage de David Cronenberg, l'affiche de Mind
Field est
d'ailleurs on ne peut plus explicite dans sa volonté de se référer
à ce que d'aucun considèrent comme l'un des grands classiques de
l'homologue canadien de Jean-Claude Lord. Mind
Field souffre
de ce qui semble être un film à petit budget. À tel point que l'on
peut s'étonner que la chose ait pu être projetée dans des salles
de cinéma quand ce long-métrage ne semble pas avoir davantage de
prétentions que celles d'un simple téléfilm. Aux côtés de
Michael Ironside, on retrouve l'actrice canadienne Lisa Langlois dans
le rôle de l'avocate Sarah Paradis et le célèbre acteur canadien
Christopher Plummer à l'impressionnante carrière comptant parmi des
centaines d’œuvres, La chute de l'Empire
Romain d'Anthony
Mann ou L'homme qui voulut être roi
de John Huston. Sans être tout à fait mauvais ni remarquablement
bien construit, Mind Field
n'atteint malheureusement pas les objectifs promis à l'origine par
son passionnant synopsis...
Aucun commentaire:
Enregistrer un commentaire