La 42e rue est sans doute
parmi l''une des plus célèbres artères que compte le quartier de
Midtown situé dans l'arrondissement de Manhattan à New York. Dans
les années soixante-dix, les cinémas pornographiques ont remplacé
les programmations classiques et les peep-show et autres réseaux de
prostitution y ont éclos aussi rapidement que des champignons dans
un sous-bois. Putes, camés, strip-teaseuses, clochards, criminels...
on trouve déjà de tout à l'époque parmi la masse grouillante de
noctambules qui une fois la nuit tombée zonent sur les trois-mille
deux cents mètres de longueur que compte cette rue plus ou moins
malfamée. Des ruelles qui deviennent vite des coupes-gorges. Des
hôtel aux allures de bordels qui suintent le stupre. Des néons par
milliers et des rabatteurs qui tentent chacun à sa manière
d'attirer le client libidineux qui acceptera de se délester de
quelques billets verts pour étancher sa soif de sexe. Ce court
résumé de l'un des temples de l'amour tarifé est significatif du
peu d'intérêt que l'on accordera tout de même à Stone Cold
Dead
signé de George Mendeluk en 1979. Une décennie qui s'achève alors
qu'en son cœur, un certain Albert DeSalvo fut enfin mis sous les
verrous après avoir fait parler de lui sous le nom de L'étrangleur
de Boston à plus de deux-cent miles de New York. Une décennie qui
vit éclore nombre de longs-métrages mettant en scène la 42e rue.
Et parmi eux, un certain Maniac
réalisé par William Lustig et interprété par Joe Spinell. Plus
culte, tu meurs. Plus glauque et gore, également. Beaucoup plus tard
mais sur un ton tout aussi sombre et désespéré, Abel Ferra s'en
servira notamment de décor pour son sublime Bad
Lieutenant...
Mais
d'ici à ce que le flic corrompu, joueur (perdant) invétéré,
consommateur de drogues dures (le crack) interprété par Harvey
Keitel ne foule le sol de cet axe perverti bien des années plus
tard, Stone Cold Dead s'octroya
quelques jours ou quelques semaines de tournage dans ce lieu gangrené
par la luxure, les stupéfiants et l'argent. C'est là que les
sergents Boyd (l'acteur Richard Crenna) et Tony Colabre (Chuck
Shamata) mènent l'enquête qui, espèrent-ils, leur permettra de
mettre la main sur ce dingue qui semble avoir une dent contre les
prostituées et les tue les unes après les autres d'une balle dans
la tête. Un sniper dont il ne restera plus qu'à découvrir
l'identité en même temps que nos deux policiers. Relativement
ambitieux, le scénario souffre justement de sa surabondance en terme
de sous-intrigues qui plutôt que de l'enrichir finissent par noircir
le tableau. Comme si le récit tournant autour de ce tueur en série
éliminant des prostituées et de l'enquête menée par nos deux
sergents ne se suffisait pas à lui seul, voilà que vient se greffer
un personnage aux contours assez flous et à l'attitude parfois
ambiguë vis à vis des prostituées qu'il (enfin, elle) affirme
vouloir protéger (Linda Sorensen dans le rôle de Monica Page). Et
c'est sans évoquer l'irruption de cet étrange proxénète dont la
mélancolie dégouline chaque fois qu'il apparaît à l'écran. Un
Julius Kurtz interprété par Paul Williams qui dans le chef-d’œuvre
de Brian De Palma Phantom of the Paradise
interpréta le rôle de Swan cinq ans auparavant tandis que dans le
cas présent, il incarne un maquereau étonnamment apathique !
Stone Cold Dead,
c'est un peu comme si les scénaristes de la série allemande Derrick
avaient croisé la route de l'auteur du roman écrit à l'origine par
Hugh Garner et adapté par le réalisateur du film lui-même. Le
long-métrage part dans tous les sens sans vraiment conclure chacune
des voies qu'il entreprend. Film policier et non d'horreur, c'est là
le seul justificatif qui puisse expliquer le faible bodycount.
À vrai dire, et pour être tout à fait honnête, Stone
Cold Dead
se situe entre les deux. Car malgré ses origines outre-atlantiques,
le film de George Mendeluk épouse parfois un genre typiquement
transalpin connu sous le nom de Giallo.
Ces séquences filmées dans des tons de rouges saturés. Ces voix
qui évoquent un traumatisme lointain. Et jusqu'à même cette
révélation finale qui tend véritablement à démontrer que Stone
Cold Dead
se veut un hommage au cinéma de Mario Bava ou de celui de Dario
Argento. Mais le Giallo
étant, contrairement à ce que l'on a coutume de dire, prophète en
son pays, l’œuvre de George Mendeluk est raté dans quasiment
tous ses compartiments. C'est mou, rarement captivant, l'enquête est
reléguée au minimum syndical et l'on n'a jamais vraiment le temps
de s'attacher à tel ou tel personnage et ce, malgré la durée du
film dépassant de peu les cent-cinq minutes. À noter au passage la
présence de l'actrice Belinda Montgomery dans le rôle d'une
fliquette introduite dans un réseau de prostitution et qui les deux
années précédentes tint le rôle du docteur Elizabeth Merrill dans
l'excellente série L'homme de l'Atlantide
aux côtés de l'acteur Patrick Duffy. Quant à Stone
Cold Dead,
aussi vite aura-t-il été vu, aussi vite aura-t-il été oublié...
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