La Luz en el Cerro,
qui signifie littéralement La
lumière sur la colline,
est le premier long-métrage du réalisateur péruvien Ricardo
Velarde. Et pour le simple fait que le film soit d'origine
péruvienne, l'évoquer semble avoir du sens. Déjà parce que le
synopsis a de quoi intriguer. Ensuite, parce que des œuvres de ce
type provenant tout droit du Pérou, et bien, ça ne court pas les
rues ! Cette lumière visible le soir, au sommet d'une colline
mais au pied d'une montagne lorsque le soleil se couche, ça n'est
pas celle que l'on pourrait éventuellement croire être produite par
un événement surnaturel mais plutôt la conséquence d'un processus
chimique lié à un gisement d'or souterrain, lequel produirait un
gaz qui s'échapperait dans l'air et au contact duquel, aucun être
vivant ne pourrait survivre. C'est l'expérience que fera d'ailleurs
un père de famille, berger et propriétaire d'une très modeste
maison, qui en promenant ses bêtes dans de verts pâturages va
périr, empoisonné par un gaz fortement chargé en antimoine. C'est
là qu'interviennent alors deux des principaux personnages de ce
récit situant son action dans la région de Cusco, au sud-est de
Pérou et au beau milieu de la Cordillère des Andes. Des décors
intrigants pour une ambiance qui toutes proportions gardées
rappellera sans doute quelques fulgurances visuelles propres au
réalisateur allemand Werner Herzog (l'ouverture de Aguirre,
la colère de Dieu
ou les espaces embrumés de Cœur de verre).
Après, si ce ne sont les maladresses de la réalisation, la naïveté
de la partition musicale ou cette inhabituelle émulsion entre
traditions péruviennes et thème policier, La
Luz en el Cerro
a le charme de ces œuvres qui issues de régions inattendues offrent
à leur public un éclat tout particulier...
Non
pas que l'on ressorte de l'expérience tout à fait bouleversé par
le cadre et les moyens employés mais tout de même, la démonstration
vaut le détour ne serait-ce que pour cette manière typique de
mettre en scène et d'interpréter le scénario de Ricardo Velarde
sans qu'en tant qu'Occidentaux l'on ne s'étonne du ton imprimé à
l'ensemble. Ce qui de fait ressemble à un téléfilm prend peut-être
pour les péruviens les atours d'une œuvre artistiquement
exemplaire. C'est donc en ''touriste'' que l'on se jettera sur cette
histoire où le mystère s'éclaircit peu à peu, où les enjeux
s'avéreront surtout pécuniaires et surtout, où la fièvre de l'or
telle qu'on l'entend prendra une ampleur au niveau d'un village tout
entier et où tout à chacun perdra pied pour récolter ce qui semble
se cacher sous la terre de la colline en question. Avec une telle
idée en tête, le réalisateur et scénariste avait de quoi nous
offrir un spectacle captivant. Et quelque part, il arrive que La
Luz en el Cerro
tienne ses promesses. Mais d'une manière générale, si l'on élude
le fait que le film soit originaire d'un pays dont on n'attendait
certainement pas la venue d'un tel projet cinématographique, en tant
qu'occidentaux habitués à des thrillers et autres polars
d'excellente facture, il ne sera pas rare d'éprouver le sentiment
d'être face à un film policier réalisé sur le tempo d'une
Télénovela.
Ce qui n'enlève pourtant en rien au charme que dégage ce petit
village perdu dans la Cordillère des Andes, fait de bric et de broc,
et où les femmes (surtout elles) portent des tenues péruviennes
traditionnelles...
Maunel
Gold et Emilram Cossío campent les médecins légistes Jefferson et
Chino. Tómas Zúñiga interprète le rôle du sans abris Chapi qui
pour de la menue monnaie rend des services. Mario Velásquez endosse
le costume du caïd Belizario et la charmante Stephanie Orûe, celui
de sa petite amie Carmen. Tous finiront atteints par la fièvre de
l'or avec les conséquences que cela induit. Peu s'en sortiront
indemnes. Face à des femmes et des hommes prêts à tout pour
s'enrichir, seul demeurera stoïque et professionnel le capitaine
Padilla qu'interprète l'acteur Ramón García. Un sanguin honnête
et droit, parfois agressif mais au fond attachant. Au final, La
Luz en el Cerro
est une drôle de production. Aussi dépaysante que maladroite, mais
sûrement sincère. Sans être avides de découvrir ce que produira
certainement Ricardo Velarde dans les prochaines années,nul doute
que l'on ne demeurera pas sourds à l'évocation de son nom lorsqu'il
reprendra le contrôle d'un prochain film. C'est du moins ce qu'on
peut lui souhaiter de meilleur...
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