Red Riding : In the
Year of Our Lord 1974 est
le premier volet d'une trilogie de téléfilms d'origine britannique
dont on ne rencontre en général le ton que sur grand écran. Un
thriller poisseux et désespéré qui navigue très loin des séries
à succès du type Inspector Morse
ou Midsomer Murders.
À vrai dire, plus proche d'un récit à la Broadchurch
mais en beaucoup plus sombre et direct. Ici, le script se résume à
peu de chose si on le compare à l'excellente série de Chris
Chibnall qui, elle, aura pris le temps en trois saisons de développer
un univers fait de personnages et d'intrigues passionnants. Bien que
se résumant à une enquête réduite à sa plus simple expression et
préférant surtout confronter son personnage principal à une
autorité véreuse et à des rapports parfois fugaces, le réalisateur
anglais Julian Jarrold nous assène un uppercut en plein visage. Une
ambiance, un climat inattendu pour ce qui semble être à l'origine
une affaire sordide comme malheureusement les médias en charrient
trop souvent. Des disparitions multiples de jeunes filles qu'un tout
jeune et ambitieux journaliste va joindre entre elles contre l'avis
des autorités elles-mêmes et de sa hiérarchie. Cet enfer que va
vivre Eddie Dunfor, déjà affligé par le décès récent de son
père, c'est l'acteur britanico-américain Andrew Garfield qui
l'incarnera. Un journaliste loin de se douter dans quel merdier il va
s'enfoncer. Une sympathique descente aux enfers inspirée de
l'ouvrage de l'écrivain anglais David Peace et dont le final sera
presque digne de celui d'un certain... Taxi
Driver
signé en 1976 par le réalisateur américain Martin Scorsese. Mais
si chez ce dernier l'espoir renaissait à travers le personnage de
Travis Bickle qu'incarnait le formidable Robert De Niro, sauvant la
jeune prostituée Iris (Jodie Foster) de son proxénète (Harvey
Keitel), dans Red Riding: In the Year of Our Lord
1974,
Eddie Dunford arrive après la bataille. Un champ de ruines situé
dans une Angleterre à l'époque où la Dame
de Fer
Margaret Tatcher quitte son emploi de secrétaire d'État à
l'Éducation et aux Sciences pour rejoindre bientôt le Parti
Conservateur dès 1975...
La
future Première Ministre du Royaume-Uni débarque dans un pays en
situation d'instabilité qui se caractérise dans le premier volet de
la trilogie par un contexte social moribond. Le directeur de la
photographie Rob Hardy imprime à l'image une colorimétrie atténuée
par la sensation qu'un orage prochain risque de s'aventurer sur les
territoires de cette tragédie qui n'épargnera personne. Andrew
Garfield incarne un jeune journaliste se décomposant physiquement et
intellectuellement au fil de l'aventure. Rencontrant des parents de
victimes parmi lesquels, une certaine Paula Garland, mère d'une
gamine qui n'a jamais été retrouvée, interprétée par la superbe
Rebecca Hall, Eddie et la jeune femme vont finir par s'attacher l'un
à l'autre. Si les flics sont bien plus flippants et corrompus que
purent l'être les anciens ''Drougs''
du Alex d'Orange Mécanique
de Stanley Kubrick un fois convertis à sa sortie du traitement
Ludovico,
on ne s'étonnera pas outre mesure d'y retrouver l'acteur Warren
Clarke qui en 1971 incarnait le personnage de Dim. Jusqu’au-boutiste
dans sa cruelle conclusion, le scénario du britannique Tony Grisoni
n'épargne donc personne et favorise même un temps, la corruption
entre policiers et riche homme d'affaire (Sean Bean dans le rôle de
John Dawson). Et surtout pas le spectateur lambda qui pensait
sûrement lors de sa première diffusion en 2009 sur Channel
4,
passer une soirée tranquille, confortablement installé dans son
fauteuil. La même année seront réalisés et diffusés les seconds
et troisième volets de la trilogie sous les titres de Red
Riding: In the Year of Our Lord 1980 et
Red Riding: In the Year of Our Lord 1983.
Le second sera réalisé par James Marsh et le troisième par Anand
Tucker...
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