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mardi 21 mai 2019

Gräns de Ali Abbasi (2018) - ★★★★★★★☆☆☆



Issu de la mythologie nordique, le troll est une créature légendaire dont le cinéaste iranien Ali Abbasi ne s'est pas contenté de s'inspirer afin d'en adapter la forme la plus couramment usitée en littérature ou sur grand écran mais en prélevant quelques-une de ses caractéristiques afin d'en faire le héros de son deuxième long-métrage après Shelley en 2016. Présenté à Cannes où il a reçu le prix ''Un Certain Regard'' lors du festival en 2018, Gräns est une œuvre troublante. D'origine suédoise, il s'agit de l'adaptation de la nouvelle éponyme de l'écrivain suédois John Ajvide Lindqvist dont on connaissait déjà le brillant Låt den rätte komma in adapté par deux fois au cinéma, d'abord sous le titre Morse en 2008 par le cinéaste Tomas Alfredson et Laisse-Moi Entrer deux ans plus tard par le réalisateur américain Matt Reeves. Il n'est donc pas étonnant de retrouver une thématique similaire à travers l'histoire de Tina, une douanière travaillant dans la zone de débarquement d'un aéroport, et au flair infaillible. Capable de sentir les substances illicites tout comme la peur, la jeune femme se révèle d'une efficacité redoutable. Un jour, elle croise sur son lieu de travail le voyageur Vore. Un individu aussi curieux que Tina peut l'être et qu'elle reverra très prochainement. Vivant auprès de Roland, véritable parasite, Tina propose à Vore de lui louer une cabane dans les bois. Ces deux là deviennent très rapidement proches mais Tina sent bien que Vore lui cache quelque chose. C'est à l'aide de son intuition qu'elle va tenter de découvrir quoi...

Pour son second long-métrage, le cinéaste Ali Abbasi peut se vanter d'avoir réalisé une œuvre qui ne ressemble à aucune autre si ce n'est le Morse de Tomas Alfredson dont la thématique se rapproche le plus. Entre laideur physique des personnages et beauté du cadre forestier, le cinéaste iranien signe un long-métrage âpre, fascinant, et même parfois, inconfortable. Le genre de film difficile à cataloguer et qui mérite forcément une deuxième vision avant que le spectateur ne pose un avis définitif qui pourrait s'avérer dans certains cas, rédhibitoire. Car il faut dire que Gräns sort très largement du cadre des genres qu'il exploite. Ici, le thriller le mêle au fantastique. La fantasy au drame, et l'horreur psychologique au fait divers le plus sordide.

Qui donc est le vrai monstre de cette histoire ? Celui que l'on accuse d'avoir commis des pratiques pédophiles après qu'aient été découvertes des vidéos qu'il a lui-même filmées ? Ou bien s'agit-il de cet énigmatique locataire qui non content d'arborer un visage hautement disgracieux trouve logique d'enlever des bébés humains puisque ceux de sa propre ''espèce'' furent eux-mêmes les victimes d'actes abominables perpétrés par l'homme ?
Gräns trompe la perception du spectateur, le réalisateur prenant sans cesse un malin plaisir à redistribuer les cartes. Qui est bon, et qui est mauvais ? Quelle part de vérité doit-on accorder à Vore. Où se situe la part d'humanité, et celle de la monstruosité ? D'ailleurs, de troll est-il au fond réellement question ou bien s'agit-il d'une question de génétique mal accordée ? Ali Abbasi n'est apparemment pas là pour répondre à toutes les questions que le spectateur pourrait éventuellement se poser. En attendant, Eva Melander et Eero Milonoff incarnent un duo de monstres fascinants, entre humains, trolls, loups... garous... que sais-je... une œuvre atypique en tout cas, sauvage également, qui ne laissera personne indifférent, qu'on rejette en bloc la forme ou que le fond captive son auditoire... Intriguant !

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